Rugby/Mondial-2023: Pour le sélectionneur du Chili, « personne ne croyait cela possible, sauf nous »

Bordeaux, 22 juil 2022 (AFP) – « On avait très peu de chances de se qualifier, personne ne croyait cela possible, sauf nous », explique dans un entretien à l’AFP Pablo Lemoine, le sélectionneur du Chili, qualifié pour sa première Coupe du monde de rugby après avoir pris le meilleur sur les Etats-Unis en barrages.
QUESTION: Que vous inspire cette qualification historique du Chili ?
REPONSE: « C’est énorme, car on avait très peu de chances de se qualifier, personne ne croyait cela possible, sauf nous. Il y a trois ans, il n’y avait rien dans le rugby chilien, on n’avait pas d’équipe nationale ».

Q: Vous perdez d’un point le barrage aller à domicile (21-22) avant de vous imposer de deux points au retour aux Etats-Unis (31-29): cette qualification, c’est un peu celle de David contre Goliath ?
R: « Complètement, d’autant plus après avoir appris durant les éliminatoires que les États-Unis allaient organiser le Mondial-2031. Lors de notre match là-bas, les chefs de World Rugby étaient présents, les autorités, du beau monde pour assister à leur qualification et mettre en place le plan sur huit ans pour préparer leur Coupe du monde. C’est comme cela que je l’ai ressenti ».
Q: Quelles sont les principales caractéristiques de vos joueurs ?
R: « On a des trois quarts qui viennent du rugby à VII, ainsi que deux troisièmes lignes. Avant 2018, le VII était le seul programme qui marchait au Chili. Tous les bons joueurs en faisaient, c’était la seule manière de jouer au niveau international. Le Chilien aime attaquer, beaucoup attaquer, il aime avoir la balle en main, jouer des +un contre un+. Beaucoup sortent des écoles anglaises où il y a beaucoup de jeu, de duels, ils sont bons à ça. Ils s’entrainent six mois par an avec leur franchise (Selknam, ndlr), ça nous aide beaucoup. Ils ont le niveau Pro D2, mais il y a des mecs, comme (l’ouvreur) Rodrigo Fernandez, qui pourraient jouer en Top 14 ».
Q: Contrairement à votre pays, l’Uruguay, que vous aviez qualifié en 2015, le Chili a un vrai projet de développement du rugby…
R: « Grâce à l’économie surtout. Le marché uruguayen est petit, sans soutien de l’État, sans politique sportive. Au Chili, il y a beaucoup de +boîtes+ internationales, des mines d’or, plein de richesses autour de rugby, mais il n’y avait jamais eu de projet sérieux avec la fédération chilienne. Là, on a reçu des aides du ministère des Sports, du Comité olympique et je suis sûr que le rugby va très vite devenir le deuxième sport pratiqué derrière le football, avec une Fédération qui se bouge, un projet sur le long terme (…) On a bossé, ça a changé à une vitesse énorme. On est invité à différents endroits, on a des fenêtres internationales, on a de l’argent pour se préparer, plein de choses qui arrivent d’un coup. La qualification est la partie visible mais aussi la plus facile ».
Q: Lors de ce Mondial en France, vous allez retrouver votre voisin argentin…
R: « Ça va être la première fois que deux équipes sud-américaines s’affrontent en Coupe du monde, c’est fantastique. L’Argentine, c’était le moteur du rugby sud-américain. Cela fait une douzaine d’années que les Pumas ne jouent plus contre nous. Habituellement, on affronte leur équipe B. En France, ce sera notre dernier match (en poules, ndlr), la fin de notre belle histoire lors de cette compétition. J’espère qu’on aura une équipe compétitive, je ne pourrais pas admettre que mon équipe ne soit pas performante même si je sais très bien que ça va être difficile, que les matches seront très difficiles. Pour le Chili, ça va être une vitrine extraordinaire, à nous de donner une image positive de son rugby ».
Propos recueillis par Raphaël PERRY
© 2022 AFP
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