Top 14: du Racing 92 à Pau, Jordan Joseph « conscient d’avoir loupé des trains »

Jordan Joseph
Jordan Joseph

Pau, 15 sept 2022 (AFP) – Sa relation quasi filiale avec son manager, son évolution, les Bleus… Le double champion du monde U20 Jordan Joseph, N.8 prêté par le Racing 92 à Pau depuis octobre 2021, se livre dans un entretien à l’AFP, où il explique être « conscient d’avoir loupé des trains. »

QUESTION: Depuis votre arrivée à Pau, avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?

RÉPONSE: « Oui. J’ai gagné du temps de jeu. Mais le total de mes minutes de jeu, je le relativise aussi parce que j’ai manqué des rendez-vous la saison dernière: ces deux matches contre le Racing (en raison d’une clause entre les deux clubs, NDLR), ces petits pépins qui m’ont arrêté contre Brive ou La Rochelle… Je suis content d’avoir enchaîné les matches mais j’espère faire encore plus cette année. »

Q: Vous avez inscrit huit essais en dix-sept titularisations, c’est digne d’un ailier…

R: « Marquer, c’est quelque chose que j’apprécie même si ce n’est pas forcément mon rôle. Quand je suis proche des lignes, j’essaie de me rendre disponible, de tout faire pour marquer ou faire marquer. Quand je jouais au football, j’aimais bien être attaquant, marquer des buts. J’ai envie d’être décisif. »

Q: Comment avez-vous reçu vos convocations en Bleu, même si vous n’avez pas joué ?

R: « J’étais surpris d’être appelé en février même si on sortait d’un gros match contre Toulouse, une victoire à treize contre quinze, un de plus beaux matches que j’ai pu vivre en matière d’émotions, avec les finales des Coupes du monde U20. Ce soir-là, Sébastien Piqueronies m’a prévenu prévient que Fabien Galthié avait cherché à me joindre. J’espère continuer à être performant cette année. Il y a le Mondial dans un an et je suis conscient que j’ai loupé des trains, que je n’ai pas de sélection. Mais je vais travailler en club et si ça doit venir, ça viendra. Sinon, je travaillerai encore pour les prochaines étapes. »

Q: Votre manager est très exigeant avec vous…

R: « Cette exigence, j’en ai besoin. Un exemple: l’an dernier contre Perpignan, je marque un triplé, ce qui n’arrive pas tous les jours, mais il est venu me voir pour me dire que j’avais fait un mauvais match. Au fond de moi, je le savais. On se connaît depuis longtemps et on a noué une certaine confiance. Il m’incite à dire ce que je pense, sans filtre, comme lui est avec moi. Il est capable de me féliciter comme de me critiquer. Mais s’il me dit que j’ai été catastrophique, il va me montrer pourquoi et me faire travailler pour que ça ne se reproduise pas. Il va chercher à m’emmener plus loin. »

Q: En quoi avez-vous changé depuis vos débuts ?

R: « J’ai évolué. J’ai un peu d’expérience même si j’ai seulement 22 ans. Et puis, même si ce n’était pas totalement par choix, j’ai évolué dans deux clubs. Je garde de très bons souvenirs de mes trois années au Racing avec les matches de Coupe d’Europe, l’ambiance… Mais j’ai aussi en mémoire ces moments de moins bien, ces périodes lors desquelles je ne jouais pas. J’aurais encore des moments +de bas+, c’est le lot d’une carrière avec des blessures, des périodes sans jouer qui sont les plus difficiles à traverser. Dans ces moments-là, tu es souvent seul, dans ta bulle, à tourner en rond, à te poser des questions. Ces trois années que j’ai vécues au Racing m’ont rendu plus mature pour y faire face. »

Q: Vous êtes-vous endurci ?

R: « Je sais que rien n’est facile, que rien n’est jamais acquis, qu’il faut être assidu, travailler plus que les autres. Que chaque week-end est synonyme de remise en question. Il faut constamment s’y soumettre. Avant, je ne me posais pas de question, je faisais seulement les mêmes rituels, l’échauffement, la musique… J’ai compris que ça devait aller bien au-delà. En 2018, je ne me prenais pas du tout la tête, je ne pensais pas à l’aspect professionnel, juste au plaisir, aux copains. Mais je crois qu’il ne faut pas non plus oublier ça quand on est professionnel. Se souvenir pourquoi on a commencé le rugby. Avec les enjeux, on l’oublie mais ça ne doit jamais disparaître. »

Propos recueillis par Grégory LETORT

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