Toulouse, 23 nov 2022 (AFP) – Le Portugal, dernier pays qualifié pour la Coupe du monde de rugby 2023, ne s’y rendra pas en « victime expiatoire », assure à l’AFP son sélectionneur français Patrice Lagisquet, heureux d’être allé « au bout de ce rêve qui est devenu réalité ».
QUESTION: Avec quelques jours de recul, quel sentiment domine après la qualification du Portugal pour son deuxième Mondial seulement après celui de 2007?
REPONSE: « La satisfaction d’avoir fait progresser cette équipe, d’avoir vécu une belle aventure, d’avoir construit quelque chose. On partait quand même de loin il y a trois ans (à son arrivée, ndlr), avec un paquet de gamins qui avaient entre 18 et 20 ans et quelques joueurs qui étaient loin d’avoir le niveau qu’on affiche aujourd’hui. Ca n’a pas été simple tous les jours, il y a quand même eu quelques déconvenues. Il a fallu intéresser les joueurs pros qui évoluaient en France, permettre à des joueurs amateurs du Portugal de devenir pros… Il a fallu conjuguer plein de paramètres pour arriver à ce résultat ».
Q: Comment avez-vous justement réussi à faire cohabiter joueurs professionnels et amateurs?
R: « La mayonnaise n’avait pas toujours pris par le passé. Parce qu’il y avait les contraintes des amateurs, qui ne pouvaient s’entraîner que le soir, les pros qui attendaient… J’ai voulu montrer que mon exigence était la même pour tous. Les pros n’arrivaient pas en terrain conquis et les amateurs n’avaient pas obligatoirement plus d’excuses. On a eu la chance de battre rapidement la Roumanie dans le Tournoi des six nations B, en 2020. Cela a été un acte fondateur. Les joueurs ont commencé à faire la fête ensemble et on connaît tous la richesse de nos troisièmes mi-temps. Cela a permis de bâtir un groupe avec une vie commune, des expériences communes. Il y a surtout eu une énorme envie de la plupart de ces joueurs. C’est ce qui a été assez génial à vivre, tout ce qu’ils ont donné pour aller au bout de ce rêve qui est devenu une réalité ».
Q: Quel sera votre objectif au Mondial?
R: « On a déjà réussi à +challenger+ le Japon, l’Italie, la Géorgie, mais on va avoir un cap à franchir. Le pays de Galles et l’Australie (futurs adversaires dans la poule C), c’est encore une dimension supérieure. Il faudra voir comment on arrive à se préparer, de combien de semaines on disposera, quels matches de préparation on pourra mettre en place… L’idée, ce sera d’être compétiteur. De ne surtout pas être une victime expiatoire comme c’était arrivé un peu en 2007 sur certains matches ».
Q: La victoire de la Géorgie au pays de Galles (13-12) ce week-end vous a-t-elle donné des idées?
R: « Je dis depuis le début que le modèle, c’est la Géorgie. C’est une nation qui a fait un gros travail sur la formation, le développement, et elle montre de gros progrès. Le Portugal s’est quelque part lancé dans la même démarche et il faut que ça s’accentue. Il faudrait que World Rugby réussisse à donner des moyens supplémentaires afin que nous ayons vraiment cette démarche de formation pour étoffer le panel de joueurs pros. Au Portugal, on n’a pas d’étrangers. On évolue avec un groupe de joueurs soit portugais, soit dont les parents ou les grands-parents sont portugais. Il y a donc un lien très fort avec le pays ».
Q: Pourriez-vous faire appel à des joueurs d’origine portugaise comme le pilier du Racing 92 Cedate Gomes Sa ou le demi de mêlée Morgan Parra?
R: « On a contacté Gomes Sa et il nous a signifié son refus. Je ne me vois maintenant pas du tout avoir des joueurs qui n’ont pas voulu nous rejoindre plus tôt dans l’aventure. Vis-à-vis du groupe de joueurs qui est allé chercher cette qualification, ce serait totalement irrespectueux, et du niveau qu’ils ont montré et des efforts qu’ils ont accompli. Ce serait un très mauvais signal ».
Propos recueillis par Sébastien DUVAL
© 2022 AFP
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