Paris, 11 juin 2023 (AFP) – A moins de trois mois du Mondial-2023 en France, la Fédération de rugby a trois jours pour décider qui, de Patrick Buisson, responsable du rugby amateur à la FFR, ou de Florian Grill, le leader de l’opposition, sera son nouveau président pour remplacer Bernard Laporte.
Le vote électronique, qui débute lundi matin, sera clos mercredi midi et les résultats annoncés dans la foulée. Le président élu sera alors en poste jusqu’à l’automne 2024.
Le siège est en effet vacant depuis le départ le 27 janvier, en cours de second mandat, de l’ex-homme fort de la FFR, Bernard Laporte, après sa condamnation à deux ans de prison avec sursis. Il avait été jugé coupable d’avoir noué un « pacte de corruption » avec l’homme d’affaires et président du club de Montpellier Mohed Altrad, décision qu’il a contestée en faisant appel.
L’opposition à Laporte au sein du comité directeur de la Fédération, incarnée par le président de la Ligue d’Ile-de-France Florian Grill, avait alors démissionné en bloc. Un président par intérim, le trésorier de la FFR Alexandre Martinez, avait ensuite été nommé pour gérer les affaires courantes.
Fin mai, onze des douze sièges vacants (sur 40 au total) au comité directeur ont été remportés par la liste d’opposition, qui y reste néanmoins toujours minoritaire.
Lundi, c’est donc un « second tour » qui attend les deux camps, à l’approche du match d’ouverture de la Coupe du monde (8 septembre – 28 octobre) entre le XV de France, vitrine de la FFR, et les All Blacks.
Pour Patrick Buisson, candidat de la majorité, la « victoire » du camp Grill au comité directeur ne ressemble en rien à un « camouflet » mais plutôt à la « première mi-temps » d’un match.
– Aides financières et « maillage » –
« Certes, on ne va pas faire semblant, on est mené à la marque. Maintenant, il faut effectivement inverser ce résultat et faire tout ce qu’il faut pour que les clubs nous fassent confiance », a-t-il affirmé dans un entretien à l’AFP, expliquant qu’il ne « regrettait » pas de ne pas avoir fait campagne.
Préférant mettre en avant sa « très, très grosse expérience de dirigeant » qui « maîtrise parfaitement l’appareil fédéral », l’ancien demi de mêlée formé à Vienne (Isère) a rappelé qu’il était à l’origine de la « digitalisation » et de « la simplification » des processus à la FFR.
Ce qu’il souhaite désormais, c’est « retravailler sur la pyramide des compétitions de jeunes », « revaloriser » les aides financières en direction des clubs formateurs et « fidéliser » bénévoles et nouveaux licenciés qui devraient affluer après le Mondial.
Face à lui, Florian Grill, qui a proposé une « main tendue » à son adversaire en cas de victoire pour qu’il s’occupe du Mondial jusqu’à son terme, a affirmé à l’AFP qu’il entendait « reconstruire le rugby par la base ».
« Les Antoine Dupont, les Greg Alldritt… Ils viennent tous de petits clubs. C’est très important d’avoir ce maillage », a-t-il souligné, évoquant les enjeux « sportif », « éducatif » et « citoyen » du rugby, tout en mettant en avant son expérience de « chef d’entreprise rationnel et raisonnable ».
S’il est élu, l’ancien deuxième ligne du PUC compte « travailler avec les ligues sur un redécoupage » territorial, se pencher sérieusement sur les enjeux touchant l’environnement et la santé dans le rugby et enfin « retrouver de la crédibilité à l’international », après les « affaires » ayant touché Bernard Laporte et Claude Atcher, l’ancien patron du comité d’organisation du Mondial-2023 visé par une enquête pour harcèlement moral.