Angoulême, 9 sept 2023 (AFP) – Le rugby dans les gènes, la révolution Pablo Lemoine, une qualification historique… Iñaki Ayarza, centre ou ailier chilien d’Angoulême, passé par Bayonne, retrace pour l’AFP son parcours jusqu’au Mondial-2023.
. Le jour où il a découvert le rugby
« Quand on est Chilien, le rugby n’est pas le sport auquel on pense en premier. J’étais dans une école anglaise, très +Harry Potter+, le rugby était le sport principal de mon école. Mon père jouait au rugby aussi donc, à quatre ans, je me suis inscrit dans son club où j’ai joué toute ma vie. J’ai suivi mes frères Ramon et Vicente qui sont plus âgés que moi et qui étaient hyper forts au rugby. »
. Le jour où il a décidé de venir jouer en France
« Il y avait déjà mon frère Ramon en France, à Bayonne, c’était un avantage. Au départ, je voulais faire des études d’architecture mais mon frère m’a dit +si tu as vraiment envie de jouer au rugby professionnel, être Jiff (joueur issu des filières de formation, NDLR) sera très important dans ta vie donc c’est maintenant ou jamais+. Cela a été un peu dur la première année, je me suis adapté en apprenant le français au centre de formation, où j’ai débuté des études de marketing avec l’objectif de devenir rugbyman professionnel, de faire la carrière la plus longue possible ici en France, d’arriver en Top 14. »
. Le jour où Pablo Lemoine a pris la tête de la sélection
« Pablo a fait une belle carrière de rugby ici en France et en Angleterre. Il a ramené une mentalité, une vision très professionnelle. Plutôt qu’un Anglo-Saxon ne parlant pas Espagnol, on avait besoin de Pablo pour arriver au niveau auquel on est. Dans sa valise, il y avait le projet de création de la Superliga Americana et le feu vert donné à une franchise professionnelle chilienne, Selknam, où jouent la plupart des joueurs, qui sont étudiants, ingénieurs… Physiquement, on était à la bourre mais les morphologies des gars ont changé. Pablo m’a appelé en 2019 en me disant de m’entraîner, de faire de la +muscu+, c’est très important pour jouer en équipe A. »
. Le jour où il s’est retrouvé en sélection avec ses deux frères
« Comme les Barrett (rires). C’était face à l’Espagne en 2019. Ramon joue en première ligne et Vicente a commencé troisième ligne avant une grave blessure au cou. Il est revenu un an après en s’entraînant comme un fou au poste de centre. Contre l’Espagne, Vicente était remplaçant et il entre à ma place. Il y a une photo où Vicente rentre, je lui fais un câlin en sortant et Ramon est juste derrière. On n’a donc pas vraiment joué les trois en même temps, c’est dommage, ils auraient pu changer l’autre ailier pour qu’on soit tous les trois ensemble! »
. Le jour où le Chili s’est qualifié pour son premier Mondial
« Quand je suis arrivé en France en 2018, jamais je n’aurais pensé cela possible, même pas dans mes rêves. Avant le match aller de la qualification contre les États-Unis, je me blesse au biceps. J’assiste en tribune au premier match (défaite 22-21, NDLR) et la semaine suivante, impossible de tirer mon bras. Pas de voyage aux États-Unis! Je rentre en France et, ce second match, on l’a vu à Bayonne avec Ramon dans un restaurant chilien. C’était extraordinaire (victoire 31-29), les gens ici n’y croyaient pas, ils se demandaient si c’était vrai. Les Américains étaient confiants après le premier match gagné d’un point chez nous dans des conditions météo terribles avec la pluie. Mais on avait la mentalité, on en voulait plus qu’eux! »
. Le jour où il va croiser l’Argentine au Mondial
« J’attends aussi les matches face aux Samoa et au Japon mais ceux face à l’Argentine, c’est comme au foot, il y a une rivalité dans tous les sports. J’ai de très bons copains argentins, ils sont forts. C’est un modèle, on a vu ce qu’ils ont fait avec les Jaguares. Ils ont ramené dans une même équipe tous les joueurs pour qu’ils jouent toute l’année ensemble. C’est la base du succès. »
Propos recueillis par Raphaël PERRY
© 2023 AFP
Sexy Rugby : Boutique Rugby