Un troisième ligne aile promu capitaine à seulement 23 ans pour ses débuts en Coupe du monde: Jac Morgan rappelle inévitablement Sam Warburton, qui décrit lui-même son successeur, attendu par toute une nation avant le quart contre l’Argentine samedi, comme le « Dupont du pays de Galles ».
Malgré la retraite internationale du recordman mondial de sélections Alun Wyn Jones, le sélectionneur du XV du Poireau Warren Gatland ne manquait pas d’expérience au sein de son groupe entre Dan Biggar, George North, Taulupe Faletau ou Liam Williams.
Le Néo-Zélandais, rappelé à la rescousse il y a quelques mois après le limogeage de Wayne Pivac, a pourtant choisi de confier le capitanat à Morgan, un joueur sans expérience du très haut niveau, comme il l’avait déjà fait en 2011 avec Warburton.
Ce dernier n’avait pas encore 23 ans lorsqu’a débuté le Mondial en Nouvelle-Zélande, qui a tristement pris fin pour lui sur un carton rouge en demi-finale pour un plaquage cathédrale sur l’ailier français Vincent Clerc.
Morgan et Warburton n’ont pas leur poste et leur précocité pour seuls points communs. L’ancien troisième ligne international Jonathan Thomas, désormais adjoint de Gatland, en voit d’autres: « L’éthique de travail, l’impact physique et la volonté d’être le meilleur ».
Pour Andy Howell, journaliste rugby historique du quotidien gallois Western Mail, Morgan est « un joueur naturellement plus doué » que son illustre prédécesseur. « Il est au-dessus techniquement, il a une meilleure lecture du jeu. Il peut tout faire, même jouer au pied! »
Auteur ce soir-là d’une prestation de haut vol – dont un 50:22, coup de pied donné depuis sa moitié de terrain finissant en touche après rebond dans les 22 mètres adversaires et permettant de récupérer le lancer -, le jeune capitaine gallois s’est révélé pour de bon au monde du rugby, le visage ensanglanté, à l’occasion de la belle victoire de son équipe contre l’Australie (40-6).
– Apprenti ingénieur –
« Aucun troisième ligne aile au monde ne joue mieux que Jac Morgan à l’heure actuelle », a écrit Warburton dans une récente chronique pour le quotidien britannique The Times. « Il a été sensationnel jusqu’ici dans le tournoi, aussi bien en tant que joueur que capitaine ».
« Il a des qualités techniques que je n’ai jamais eues », a ajouté l’ancien joueur, devenu consultant télé. « Il s’affirme un peu comme le Antoine Dupont du pays de Galles dans l’importance qu’il a pour son équipe ».
C’était loin d’être gagné, il y a un an seulement, lorsque Pivac n’a pas retenu Morgan pour une tournée en Afrique du Sud après lui avoir pourtant offert ses premières sélections quelques mois plus tôt dans le Tournoi des six nations.
Le joueur des Ospreys, qui n’a définitivement opté pour le rugby qu’en 2019 après avoir été apprenti ingénieur, est aujourd’hui le symbole du renouveau d’un pays de Galles que personne n’attendait à pareille fête dans le tournoi.
« C’est un phénomène », complimente l’entraîneur des avants gallois Jonathan Humphreys. « C’est un de ces garçons imperméables à la pression. Il est le même tout au long de la semaine ou deux minutes avant un match. Le capitanat ne l’a pas changé d’un iota ».
« Il est encore jeune et va évidemment continuer à apprendre et à grandir », ajoute son collègue Jonathan Thomas. « C’est un gamin très humble. Il sait qu’il a encore une marge de progression même si son jeu est déjà très complet ».
Même s’il n’avait que 11 ans en 2011 et que Vincent Clerc n’est plus dans les parages, le « nouveau Warburton » devrait faire attention à ses plaquages si jamais les Gallois devaient à nouveau atteindre les demi-finales d’une Coupe du monde.
© 2023 AFP
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