Une mêlée et une défense de fer mais du gaspillage dans les rucks, des trois-quarts tranchants mais une faillite au pied qui pourrait être réglée par le retour de Pollard: analyse des Sud-Africains, adversaires de la France, dimanche, en quart de finale du Mondial-2023.

La conquête au rendez-vous

Les champions du monde en titre, qui ont bâti leurs succès passés, celui de 2019 notamment, sur la puissance et la brutalité de leurs avants, sont également réputés pour la force de leur conquête: une tendance confirmée lors des matches de groupe du Mondial, celui face à l’Irlande en particulier, qui fait référence, malgré la défaite (13-8).

Dans ce qui constitue jusqu’à présent, le plus beau match de la compétition, en termes d’intensité surtout, la mêlée sud-africaine a pris le pas à quatre reprises sur son homologue irlandaise, deux fois dans le premier quart d’heure pour éloigner le danger adverse, deux fois à l’heure de jeu, lui permettant de remettre temporairement la main sur le match.

La solidité du pack est renforcée durant ce Mondial, par les innovations tactiques du duo à sa tête, Jacques Nienaber, le sélectionneur, et Rassie Erasmus, le directeur du rugby, n’hésitant pas à placer 7 avants sur le banc des remplaçants, ce qui permet à l’équipe de ne jamais baisser en intensité tout au long de la partie.

Un bémol toutefois, à Saint-Denis, face au XV du Trèfle, le pack d’airain sud-africain avait perdu la bataille si précieuse des « rucks », le timing irlandais se jouant de la puissance springbok. Ce qui pourrait inspirer les Français, particulièrement efficaces dans le secteur.

Une défense solide

Outre la rudesse de leurs avants qui déteint jusque dans leurs lignes arrières, les Sud-Africains s’appuient également sur une défense très solide.

Face à l’Irlande, ils ont pratiqué une défense « rush » dont le principe est de monter le plus vite possible sur son adversaire pour l’empêcher d’aller jouer sur les extérieurs.

Avec un certain succès, puisqu’ils ont réussi 30 plaquages offensifs durant la partie et que le score n’a jamais gonflé. Non sans risque en revanche, puisque Johnny Sexton au sommet de son art a par deux fois déjoué le stratagème, en trouvant un coéquipier derrière les défenseurs les plus prompts.

Faillite au pied

C’est le point noir du début de tournoi des champions du monde, privés de Handré Pollard, lors des trois premiers matches de groupe.

Au Japon en 2019, le demi d’ouverture, meilleur réalisateur de l’épreuve, se chargeait de sanctionner, grâce à sa précision dans les tirs au but, la domination de ses avants. En France, sans son buteur attitré, l’Afrique du Sud n’y est pas arrivée. Au total, depuis le début de la compétition, Faf De Klerk, Damian Willemse et Manie Libbok n’ont réussi que la moitié à peine de leurs tentatives face aux perches (11 sur 23).

Mais Pollard est de retour, après avoir profité de la blessure du talonneur Malcolm Marx, et sa précision également. Face aux Tonga, pendant 50 minutes, l’ancien N.10 de Montpellier a converti les 4 tirs au buts qu’il a tentés. Et inspiré son remplaçant, Libbok réussissant 3 tirs sur 3 tentatives.

Du jeu malgré tout

Tout le monde l’a constaté. Depuis le début du Mondial, l’Afrique du Sud avec Manie Libbok à la baguette a montré une volonté de jouer et de ne pas se contenter de compter sur la rugosité de son pack.

Avec les véloces Kurt-Lee Arendse et Cheslin Kolbe aux ailes, l’élégant Damian Willemse à l’arrière, les Sud-Africains disposent d’atouts de classe mondiale. Contre l’Irlande et ses arrières aux placements impeccables, ces « Boks » ont très peu joué au pied, préférant enflammer la rencontre.

Qu’en sera-t-il avec Pollard titulaire et le début des matches à élimination directe, où la prise de risque est souvent réduite à portion congrue?

« Nous avons clairement plusieurs options, a convenu le demi de mêlée Faf de Klerk lundi. Tout est planifié, mais notre jeu est plus varié qu’auparavant. Il faut juste l’adapter à la situation qui nous est proposée. »

Avec Pollard, l’Afrique du Sud devrait montrer un tout autre visage. L’ouvreur n’a jamais caché son appétence pour l’occupation du terrain et le « jeu ennuyeux ». Nul doute que son pied devrait orienter les quarts de finale. Et ce, même si les ailiers bleus sont très bien placés.

© 2023 AFP

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