L’Australie, géant du rugby mondial, dont l’élimination dès la phase de groupe du Mondial-2023 ne tient qu’à un fil, affronte de surprenants Portugais dimanche (17h45) à Saint-Étienne, avec le seul objectif de redorer son blason, avant une profonde introspection sur son avenir.
La rencontre face aux Lobos (les Loups) pourrait même n’avoir aucun enjeu, si samedi les Fidji battent la Géorgie avec le point de bonus offensif. Les Wallabies seraient alors éliminés sans jouer, avançant de quelques jours un scenario qui paraît de toute façon inéluctable.
Mathématiquement, il reste une infime chance aux Wallabies, doubles champions du monde en 1991 et en 1999, d’accéder aux quarts de finale: il faudrait pour cela qu’ils obtiennent une victoire bonifiée face au Portugal et que dans le même temps, les Fidji prennent moins de cinq points lors des deux rencontres qu’il leur reste à jouer face à la Géorgie et au Portugal.
Mais au vu des prestations livrées par les jeunes wallabies face aux Fidji (première défaite depuis 69 ans, 22-15) et au pays de Galles (défaite historique 40-6), on en vient même à se demander si les Portugais n’auraient pas un coup à jouer face à la terne Australie, eux qui ont fait douter des Gallois, remaniés certes, pendant une mi-temps (28-8) et fait match nul avec la Géorgie (18-18).
« C’est incroyable d’entendre chacun nous demander si on peut gagner, s’est étonné Patrice Lagisquet, le sélectionneur français du Portugal. Mais n’oubliez pas que nous sommes la 16e nation mondiale et que l’on va affronter une équipe habituée au haut niveau, avec de très bons joueurs et un très bon coach ».
Le « coach », Eddie Jones, est au centre de toutes les attentions depuis le début du Mondial pour son choix assumé de n’avoir amené en France que des jeunes joueurs peu aguerris au plus haut niveau et laissé au pays les Wallabies les plus expérimentés, son capitaine Michael Hooper en tête.
Il est au coeur d’une polémique grandissante depuis que la presse australienne l’envoie entraîner le Japon après la Coupe du monde, s’asseyant ainsi sur son contrat avec la Fédération australienne qui court jusqu’en 2027.
– « Quand ton enfant a 3 ans, tu le protèges » –
Inlassablement, imperturbablement, Jones le tempétueux a refusé de répondre à ces « rumeurs », se contentant d’un lapidaire « seul le match contre le Portugal m’importe pour le moment ».
A son crédit, Jones aura également traversé le Mondial en endossant sur ses seules épaules toutes les critiques adressées à son équipe, protégeant systématiquement en public le groupe qu’il a choisi.
« Mais c’est la meilleure équipe d’Australie, s’est-il justifié. On n’a pas de bons résultats, je le sais. Mais ce sont de bons joueurs et j’ai pris les meilleurs à chaque poste. Pour moi, c’est l’occasion idéale pour apprendre (…) Et il est normal de les protéger. Ils sont jeunes. Quand ton enfant a trois ou quatre ans, tu le protèges quoi qu’il arrive. Quand il arrive à huit, neuf, dix ou onze ans, tu le guides différemment ».
Ses jeunes se sont promis un sursaut d’orgueil dimanche. « On pense surtout aux familles, aux supporters qui nous suivent ici, aux gens qui sont proches du groupe et aux autres. Oui, on doit gagner avec la manière pour donner aux gens qui nous aiment un motif de fierté », affirme le troisième ligne Josh Kemeny.
Il sera alors temps pour les jeunes Australiens de procéder à une profonde introspection, avec ou sans Jones. Il y a urgence. La prochaine Coupe du monde a lieu dans quatre ans… en Australie.
© 2023 AFP
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