Après les premières minutes de jeu, il a bien fallu se rendre à l’évidence que nous allions assister à une partie de rugby un peu « Rock and roll » voire à un vrai jeu de massacre comme on en voit encore aujourd’hui, de temps en temps en fédérale ou à une autre époque. Rien à voir avec un rugby comme on le pratique chaque week-end sur les terrains de Top 14.
Dans ces conditions de jeu non praticables, Grenoble n’a passu dompter les éléments contrairement aux Biarrots, plus habitués à jouer surun tel terrain que les Grenoblois qui ne jouent ou qui ne s’entrainement quesur des terrains dignes de jouer au rugby fait de passes et de vitesse. Durantla première mi-temps face au vent violent les Biarrots n’arrivaient pas à sedégager par leur jeu au pied. Grenoble monopolisait le ballon mais n’arrivait pasnon plus à progresser avec un ballon intenable, une vraie savonnette. Aprèsdeux ou trois passes, on avait droit à un en-avant, quasiment de chaque côté.Grenoble occupe au pied, essaye de jouer simple mais bute sur une défensehyper-agressive. Par chance, sur une touche mal négociée par les Rouges,Setephano récupère le ballon et marque un essai pour les Grenoblois après lepremier quart d’heure. Je me suis dit alors que tout se jouerait sur des coupsde poker ou des coups du sort. Ainsi sur un coup de pied de l’arrière biarrot àla demi-heure de jeu, alors que les Basques viennent pour la troisième foisdans le camp isérois, Ange Capuozzo commet un en-avant. Rien de plus normaldans des conditions pareilles, mais cette petite erreur sera lourde deconséquence. S’ensuit une bonne séquence des Basques derrière leur mêlée quipoussent les Dauphinois à la faute. Pénaltouche et essai derrière avec unetransformation réussie alors qu’elle est tapée depuis le bord de touche. Deuxoccasions, dix points marqués contre le cours du jeu. Plus réaliste que cela,difficile de trouver mieux. Puis pour enfoncer le clou, juste avant le retouraux vestiaires, Davit Kubriashvili se prend un jaune après avoir mis une mainsur le visage d’un biarrot au cours d’une chamaillerie. Conséquence, lesIsérois joueront les dix premières minutes en infériorité numérique et contrele vent. Pas simple de créer l’exploit. Pire, ils encaissent un essai à la 45ièmeminute. Soit le coup fatal.
Durant la deuxième mi-temps, Grenoble essayera par tous les moyens de se sortir de son camp, mais rien ne fonctionnera. Pour le jeu au pied, un vrai calvaire, tous les ballons dégagés ne dépassaient pas les 2 à 3 m voire ils revenaient derrière le buteur. Les quelques ballons renvoyés dans le camp des Biarrots étaient immédiatement réexpédiés dans les 22 par un Pierre Bernard en état de grâce. Pour les tentatives de jeu sur les extérieurs, histoire de prendre de vitesse la défense biarrote, c’était peine perdue. Impossible de mettre de la vitesse avec des appuis qui se dérobaient sur un sol boueux et détrempé. En tout et pour tout, Grenoble viendra trois fois dans le camp des Basques mais sans la moindre réussite, chaque action se terminera par un en-avant. Les Grenoblois n’ont pas su s’adapter aux conditions dantesques contrairement aux Basques sans doute plus habitués à jouer sur une telle pelouse où il est impossible de jouer normalement au rugby. Ce type de terrain m’a fait penser à la pelouse de Charles Mathon, qui en hiver ressemblait un champ de patates, et où il était impossible pour les adversaires de venir s’imposer. Maintenant, dire que les Biarrots profitent d’une pelouse pourrie pour battre leur adversaire, il ne faut pas exagérer non plus, mais cela pourrait expliquer leurs mauvais résultats loin de leur base sur des pelouses où l’on peut mettre du rythme.
Protin Frédéric