Paris, 8 sept 2023 (AFP) – La France a lancé vendredi sa Coupe du monde avec le coup d’envoi d’un match d’ouverture, immense, face à la Nouvelle-Zélande, nation reine du rugby, une compétition de près de deux mois, organisée à un moins d’un an des JO-2024 à Paris.
Après une cérémonie d’ouverture au son des flonflons, Emmanuel Macron, le président français, a été copieusement sifflé par les quelque 80000 spectateurs du Stade de France, ainsi que sur différents écrans géants, comme à Marseille ou sur la place de la Concorde, à Paris, avant d’entamer son discours et de déclarer « ouverte, la 10e édition de la Coupe du monde de rugby ».
Comme de coutume, le haka néo-zélandais, mené par le Maori Aaron Smith armé d’une pagaie cérémonielle, a précédé le coup d’envoi, donné par l’arrière néo-zélandais Beauden Barrett à 21h15, d’un combat des chefs entre les Bleus, en quête de leur premier sacre mondial, et les All Blacks, privés à la dernière minute de leur capitaine, Sam Cane.
Les triples champion du monde (1987, 2011, 2015) ont démarré sur les chapeaux de roues en inscrivant un premier essai dès la 2e minute par leur ailier Mark Telea.
Le tournoi durera huit semaines, dans neuf villes, et décidera au terme de la finale du 28 octobre du successeur de l’Afrique du Sud.
Preuve que ce match inaugural lance une véritable fête du rugby, il y avait plus que des maillots bleus ou noirs aux alentours du Stade de France.
Ici des tricots des Springboks sud-africains, là ceux des Pumas argentins. Tout un camaïeu s’alimentant auprès d’hommes équipés de sac à dos distributeur de bière, façon Ghostbuster, sur le parvis de l’enceinte dyonisienne au milieu de nombreux gendarmes mobiles.
Au pied de la basilique de Saint-Denis, à quelques encablures du stade, où le village rugby a été installé et où sera retransmis le match sur écran géant, les supporters ont commencé à se réunir en fin d’après-midi, sous une chaleur écrasante.
– Les stars sont là –
Bérets sur la tête, Tanguy et Tom Carrascosa, deux frères au drapeau français peint sur chaque joue, ont profité de l’ambiance montante: France-Nouvelle Zélande, « y a pas mieux » pour lancer le Mondial et « la cerise sur le gâteau serait de faire très mal aux Néo-zélandais et de faire peur aux Irlandais et Sud-Africains », les autres favoris de la compétition qui s’achèvera le 28 octobre dans le même stade.
Des gendarmes mobiles ont également escorté le car du XV de France de son camp de base de Reuil-Malmaison, fendant les encombrements, jusqu’au Stade de France.
Sur les 20 équipes réparties en quatre groupes, une poignée est en mesure de prétendre à la coupe Webb Ellis amenée par le Sud-Africain Bryan Habana, champion du monde en 2008 et finalement dévoilée quelques minutes avant le début de la rencontre, par la légende du jeu, le Néo-Zélandais, Dan Carter.
Outre les deux protagonistes du match d’ouverture, les N.1 mondiaux irlandais et les tenants du titre sud-africains émargent en favoris. Avec comme outsiders possibles les Argentins, qui disposent d’un tableau très ouvert, ou les Écossais.
D’autres nations historiques, l’Angleterre, le pays de Galles ou encore l’Australie, semblent cette fois un voire plusieurs crans en dessous.
Avant les discours d’Emmanuel Macron et du président de World rugby Sir Bill Beaumont, la cérémonie entend, selon les organisateurs, célébrer « l’art de vivre à la Française », à travers le voyage du personnage interprété par l’acteur Jean Dujardin entouré d’invités du monde du cinéma, de la musique ou encore de la gastronomie.
L’autre casting de ce Mondial, celui des joueurs, le plus important, est sublime: Antoine Dupont, Beauden Barrett, Jonathan Sexton, Finn Russell, Cheslin Kolbe, Maro Itoje, Semi Radradra… les meilleurs rugbymen de la planète sont quasiment tous là.
La compétition, que quatre nations seulement (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Angleterre) ont remportée depuis sa création en 1987, démarre en trombe avec ce duel au parfum de finale.
D’un côté, les Bleus, sur une bonne dynamique, portés par une génération dorée avec le capitaine Antoine Dupont dans le rôle du porte-drapeau, accompagné par un staff pléthorique et attentif au moindre détail; de l’autre, les All Blacks, leur haka et leurs trois couronnes mondiales, en perte de vitesse et qui restent sur un revers historique devant l’Afrique du Sud (35-7) en préparation.
« Je suis sûr qu’ils peuvent rebondir et aller jusqu’au bout mais cela va être la Coupe la plus serrée de tous les temps », a estimé le double champion du monde néo-zélandais Dan Carter (41 ans), retraité depuis 2020, dans un entretien à l’AFP.
Ses compatriotes All Blacks débarquent le couteau entre les dents mais en manque de confiance: moins souverains et en manque de leaders capables d’assumer les commandes.
– Canicule et pauses fraîcheur –
La rencontre s’annonce donc brûlante. A tous les sens du terme puisqu’une partie de la France -dont Paris- subit une canicule historique: il fait plus de 30 degrés à une heure du coup d’envoi.
Ce sera encore pire durant les matches diurnes du week-end, à Bordeaux, Marseille, Saint-Etienne et Toulouse avec notamment Angleterre-Argentine et Irlande-Roumanie samedi et Afrique du Sud-Écosse dimanche.
Ainsi, des « pauses fraîcheur » durant chacune des deux mi-temps ont été décrétées pendant ces rencontres par World Rugby, comme en 2019 lors du précédent Mondial au Japon.
« J’ai habité quelques années (en France), et je ne me souviens pas d’une telle chaleur en septembre, même plus au Sud. C’est étrange » mais « nous nous y sommes préparés », a affirmé l’Irlandais Sexton, ex joueur du Racing 92.
Pour le reste, « c’est la Coupe du monde la plus ouverte de l’histoire », a commenté le troisième ligne sud-africain Duane Vermeulen, champion du monde en titre.
© 2023 AFP
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