Twickenham (Royaume-Uni), 30 avr 2023 (AFP) – Le Tournoi des six nations féminin, remporté samedi par l’Angleterre devant la France, a confirmé le gouffre existant entre les sélections: pour le réduire, les instances veulent accélérer la pratique du ballon ovale chez les jeunes femmes, via de nouvelles compétitions et la conquête de publics neufs.
Samedi à Londres, devant 58.498 spectateurs – nouveau record d’affluence pour un match de rugby féminin – les « Red Roses », vice-championnes du monde, et les Bleues, médaillées de bronze lors du dernier Mondial et menées 33-0 à la mi-temps, ont livré un match à rebondissements (score final: 38-33).
« J’ai attaqué ma carrière devant 200 personnes, je la finis devant plus de 58.000 à Twickenham, résume la néo-retraitée Jessy Trémoulière (30 ans et 78 sél. depuis 2011). On mesure l’ampleur pris par le rugby féminin. Il y a eu du beau jeu, du spectacle et tout le monde s’est régalé ».
Mais ça, c’est le côté pile du rugby féminin, où la concurrence au sommet se résume à quatre équipes: la Nouvelle-Zélande, sacrée championne du monde en novembre pour la sixième fois (en neuf éditions), le Canada et donc l’Angleterre ainsi que la France.
Côté face: les autres sélections, dites « mineures » peinent à exister, essuyant des défaites humiliantes, comme cela a été une nouvelle fois le cas lors de cette édition 2023 du Tournoi, avec par exemple la correction subie par l’Italie devant l’Angleterre (68-5).
– « Accélérer » –
Lors du dernier Mondial, en Nouvelle-Zélande, l’écart de niveau s’était (déjà) confirmé par des scores fleuves, notamment des succès des Bleues face aux Fidji (44-0) et contre les Sud-Africaines (40-5). Le fossé perdure entre les résultats des « Springbok Women » et ceux de leurs homologues masculins, sacrés champions du monde pour la troisième fois en 2019.
Même les Canadiennes, pourtant quatrièmes au classement mondiale, avaient subi lors de la « petite » finale les foudres françaises (36-0).
Cet écart s’explique en grande partie par des différences entre le niveau de professionnalisation des joueuses, entre celles qui bénéficient de contrats fédéraux et celles évoluant en amateur.
Pour faire donc que le rugby féminin progresse de manière uniforme et globale, World Rugby a lancé dans la semaine un nouveau programme, baptisé « Accelerate » (« accélérer »), en s’attaquant à la base.
« Les femmes et les jeunes filles étant au coeur de (notre) plan pour développer le jeu dans son ensemble », explique l’instance dirigeante du rugby mondial, ce programme « formera des partenariats sur mesure avec les fédérations nationales, les gouvernements et des marques (…) afin de relever les niveaux sur le terrain et en dehors, en vue d’une Coupe du monde de rugby historique en 2033 aux États-Unis ».
– L’exemple anglais –
L’objectif est de « créer un rugby féminin plus fort, plus compétitif et en croissance durable (…) dans le monde entier », tout en portant « une attention spécifique aux questions de santé et de bien-être », notamment en termes de parentalité et de grossesse, comme l’ont fait récemment les Anglaises, pionnières en la matière.
Pour la centre des Bleues Gabrielle Vernier, il est clair que leurs adversaires « ont montré la voie pour le rugby », en mettant notamment en place un championnat pro ou semi-pro, qui attire les meilleures joueuses mondiales.
Afin d’élever le niveau, une nouvelle compétition, réunissant 18 sélections partagées en trois groupes de niveau, doit voir le jour cet automne, a encore annoncé World Rugby.
Car les progrès passeront par la programmation de davantage de matches, ce dont les joueuses ont conscience.
« Si on compare les derniers matches joués contre les Anglaises, on était vaillantes et courageuses mais parfois notre rugby était un peu fébrile, explique la troisième ligne des Bleues Gaëlle Hermet. Aujourd’hui, on a tout dans nos bagages pour les mettre en difficultés ».
© 2022 AFP
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