Pourtant réduite à 14 dès le début du match, l’Angleterre, grâce notamment à trois drops de son ouvreur George Ford, a remporté dimanche à Marseille le choc du groupe D de la Coupe du monde face à une Argentine peu inspirée (27-10).
Jonny Wilkinson, qui avait élevé le drop-goal au rang d’art pour conduire le XV de la Rose vers le titre mondial en 2003, a dû apprécier.
Son compatriote Ford, aligné à l’ouverture en l’absence d’Owen Farrell, suspendu pour les deux premières rencontres du tournoi, a remis au goût du jour ce geste presque tombé en désuétude dans le rugby moderne.
« Les drops sont toujours programmés, c’est une grande arme pour nous, surtout quand le ballon est aussi glissant qu’aujourd’hui », a commenté l’homme du match, auteur au pied des 27 points de son équipe. « On s’est rapidement retrouvé en infériorité et il fallait prendre des points à chaque fois qu’on était en position de le faire ».
Le numéro 10 anglais a enchaîné en l’espace de dix minutes trois coups de pied parfaitement équilibrés, dont deux de plus de 40 mètres, qui ont mis un coup au moral des Argentins et renversé la tendance d’une rencontre mal embarquée.
« L’Angleterre a très bien contrôlé la partie. Le rythme a été haché, exactement comme elle le souhaitait. Et (George) Ford a parfaitement joué sa partition dans ce scénario », a salué, beau joueur, le sélectionneur australien de l’Argentine Michael Cheika.
Les finalistes du Mondial-2019, en plein doute après une préparation laborieuse, ont écopé dès la 3e minute de leur troisième carton rouge de l’été. Le premier de leur histoire en Coupe du monde.
Le troisième ligne Tom Curry, pour un choc tête contre tête avec Juan Cruz Mallia à la retombée d’un ballon haut, a quitté d’entrée ses coéquipiers, via le « bunker », alors qu’il n’avait plus joué depuis le mois de mai.
– L’Argentine impuissante –
Mais comme lors de sa victoire à l’arraché contre le pays de Galles (19-17) le mois dernier, l’Angleterre, sous les yeux de la princesse Kate, a trouvé dans ce coup du sort un supplément d’âme.
Poussée par ses supporters, dont plusieurs centaines ont manqué le coup d’envoi en raison de bouchons aux portes d’entrée, elle a serré les rangs en défense à défaut de mettre en oeuvre de grands mouvements offensifs.
Le pied de Ford, impeccable face aux perches (six sur six de réussite) en plus de ses drops assassins, a fait le reste face à des Pumas qui ont bien aidé leur adversaire.
Maladroits, en panne d’idées, indisciplinés, ils n’ont pas su tirer profit de leur supériorité numérique et devront encore attendre pour battre enfin les Anglais en Coupe du monde après déjà trois défaites en 1995, 2011 et 2019.
Ils auront le temps d’analyser les raisons de cette contre-performance, et de la ruminer, puisqu’ils ne rejoueront pas avant presque deux semaines, le 22 septembre à Saint-Etienne face aux Samoa.
Les Sud-Américains n’auront alors déjà plus le droit à l’erreur pour s’extraire d’un groupe qui compte également le Chili et le Japon, futur adversaire de l’Angleterre la semaine prochaine à Nice.
Les Anglais essaieront cette fois de rester à 15 tout le match pour offrir davantage offensivement. Le puissant troisième ligne centre Billy Vunipola aura alors purgé sa suspension. Pas Farrell, mais les supporters anglais ne devraient pas trop s’en inquiéter.
Ils tiennent avec Ford une doublure de choix. Même s’il n’égalera sans doute jamais les 14 drops inscrits en Coupe du monde par Wilkinson, le trentenaire pourrait être tenté d’aller chercher un autre record: les cinq passés dans le même match par le Sud-Africain Jannie de Beer en 1999. Contre l’Angleterre.
© 2023 AFP
Sexy Rugby : Boutique Rugby