Recordman du nombre de points marqués avec l’Argentine, l’ouvreur Nicolas Sanchez, désormais remplaçant de luxe, a fait parler ses vieilles jambes de 34 ans pour envoyer définitivement les Pumas en demi-finale du Mondial avec une interception pleine de roublardise.
A la 80e minute, les Pumas sont en tête avec deux longueurs d’avance sur les Gallois. Et le jeune ouvreur des « Dragons rouges », Sam Costelow, tente de lancer une dernière offensive près de ses 22 mètres. Mais l’ouvreur du CA Brive est là pour récupérer cette offrande inespérée et filer aplatir entre les poteaux.
« C’était un peu de l’intuition sur mon interception. J’ai pris le ballon et j’ai essayé de courir vite, même si c’était pas assez », souriait-il après la rencontre dans les entrailles du Vélodrome de Marseille.
Sur le coup d’envoi des Gallois, l’ouvreur argentin va même se voir offrir une dernière occasion de marquer, avec une ultime pénalité concédée par le XV du Poireau. L’ailier Emiliano Boffelli, buteur impeccable jusque-là (16 pts), lui laisse la main: 3 points de plus, 8 au total, pour 11 minutes passées sur le terrain. Belle efficacité.
Avec 894 points à son compteur, pour sa 101e sélection sous le maillot des Pumas, Sanchez a encore un peu plus distancé Felipe Contepomi et la légende Hugo Porta.
Désormais dans l’ombre de Santiago Carreras, l’ouvreur du club anglais de Gloucester, de 10 ans son benjamin, Nicolas Sanchez est désormais confiné au rôle de remplaçant. Comme depuis le début de ce Mondial, ce n’est plus lui le chef d’orchestre des Ciel et Blanc.
Seulement titulaire contre de faibles Chiliens, il avait déjà marqué un essai. Et il a donc récidivé samedi, pour définitivement enterrer les espoirs gallois. De quoi faire changer d’avis Michael Cheika, le sélectionneur australien des Pumas?
Lors de la conférence de presse d’après-match, celui-ci a habilement botté en touche, dans un mélange d’anglais et d’espagnol peu propice aux longues analyses: « Santi et Nico sont deux joueurs différents mais complémentaires. Mais sur la feuille de match, ce sont 23 joueurs, pas seulement 15, et nous avons deux ouvreurs. Et tout dépend aussi de l’équipe que nous avons en face ».
– « Amener les Pumas en finale » –
Vendredi, le défi sera en tous cas énorme face aux Irlandais ou aux Néo-Zélandais.
Mais Nicolas Sanchez lui a déjà l’expérience d’une demi-finale d’un Mondial, en 2015. C’est lui qui avait marqué tous les points de son équipe lors de la défaite 29-15 face à l’Australie en passant cinq pénalités sur cinq tentatives (100%).
Avec un total de 97 points en six rencontres (un essai, 13 transformations, 20 pénalités et deux drops), il avait fini meilleur réalisateur de cette Coupe du monde.
A la barre du navire argentin, Sanchez a toujours fait parler son jeu au pied d’une précision diabolique. Cinq ans plus tard, le 14 novembre 2020, c’est lui également qui avait offert aux Pumas la première victoire de leur histoire face aux All Blacks néo-zélandais (25-15) lors du tournoi des Tri Nations. Avec un essai, une transformation et six pénalités, il avait marqué la totalité des points de son équipe.
Puma depuis 2010, Sanchez a surtout fait admirer sa science du jeu au pied en France. Trois ans à Bordeaux-Bègles, un an sous le maillot du RC Toulon, comme joker médical de Frédéric Michalak, quatre sous le maillot du Stade Français, jusqu’en 2022: l’Argentin de San Miguel de Tucuman n’aura fait que deux saisons en Argentine, avec la franchise des Jaguares (2016-2018), avant de revenir jouer dans le Top 14.
Arrivé au CA Brive en pleine saison 2022-2023, il n’avait pas réussi à empêcher la descente du club corrézien en Pro D2. Et si aucun club de l’élite n’a fait appel à ses services pour cette saison de Mondial, Michael Cheika, le sélectionneur australien des Pumas, savait lui qu’il pouvait compter sur son expérience, avec quatre Coupes du monde à son compteur
Et les Gallois en ont fait les frais.
« On va jouer la demi-finale de la Coupe du monde, mais on n’a toujours pas atteint notre objectif, amener pour la première fois les Pumas en finale », affichait le héros du jour après la rencontre.
« Toute ma famille est là, dans un pays où j’ai vécu longtemps. C’est un tournoi particulier pour moi. On a la chance de monter à Paris, il faut profiter. Mais on sait très bien que l’adversaire ne sera pas facile… ».
© 2023 AFP
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