« Goodbye Legend »: Johnny Sexton a tiré sa révérence sans briller samedi soir au Stade de France, après la défaite de l’Irlande contre la Nouvelle-Zélande (28-24) en quart de finale du Mondial-2023.

Il est resté de longues secondes les mains sur les hanches au coup de sifflet final. Sans bouger, jusqu’à ce que les premiers All Blacks viennent le saluer, Aaron Smith osant à peine le déranger.

Puis il a laissé un peu s’échapper sa colère, contre le centre néo-zélandais Rieko Ioane, échangeant quelques mots qu’on imagine pas très agréables.

Le Dublinois est ensuite allé s’isoler sur la ligne de touche, avant d’aller chercher son fils en tribune. Ainsi s’en est allé la légende irlandaise, le meilleur ouvreur du XV du Trèfle de tout les temps.

A 38 ans, c’était sa quatrième et dernière Coupe du monde. L’Irlande attendait de son mythe vivant qu’il lui permette d’atteindre enfin le dernier carré, il n’en a rien été.

Le compteur du joueur aux cheveux grisonnants s’arrête à 118 sélections, quatre coupes d’Europe glanées avec le Leinster, quatre Tournois des six nations avec l’Irlande, dont deux Grands Chelems, et un trophée de meilleur joueur du monde en 2018.

L’ouvreur vedette a tout gagné ou presque, mais reste muet en Coupe du monde, à l’image de son match assez terne samedi quand son équipe avait le plus besoin de lui.

– Poids des années –

Le poids des années a semblé peser contre les All Blacks. Touché aux adducteurs en mars lors du Tournoi, puis suspendu cet été pour son comportement lors de la finale de la Coupe d’Europe, le N.10 avait tranquillement fait son retour contre la Roumanie (82-8) et les Tonga (59-16).

Mais les minutes de jeu accumulées ensuite contre l’Afrique du Sud (13-8) puis l’Ecosse (36-14) ont peut-être fini par le rendre moins tranchant.

Au Stade de France, si les premiers efforts de l’expérimenté N.10 n’ont pas immédiatement porté leurs fruits, il a posé son empreinte sur le match d’une autre façon.

Au pied d’abord, pour remettre les siens dans le sens de la marche sur deux pénalités et en déplaçant le jeu dans le camp néo-Zélandais. Car les Irlandais ont d’abord subi dans ce match.

Le demi du Leinster a ensuite réussi une belle ouverture pour une percée de Mack Hansen, puis un retour intérieur pour Jamison Gibson-Park, de quoi enfin mettre un peu la main sur le match.

Enfin, il a fait parler son expérience en pointant auprès de Wayne Barnes toutes les fautes, selon lui, non sifflées par le corps arbitral.

– Sans inspiration –

Puis à mesure que le match progressait, en jouant juste, sans fioriture, il a fait remonter les siens à hauteur des All Blacks, en s’appuyant sur son pack Et le XV du Trèfle, à force de jeu, de parvenir à inscrire deux essais, par Bundee Aki (27) et Jamison Gibson-Park (39).

Evidemment, Johnny Sexton, le meilleur marqueur de l’histoire de l’équipe d’Irlande, les a transformés pour ramener les siens à un point des All Blacks (18-17), au terme d’un premier acte dantesque qui a ressemblé à du coup pour coup.

Sauf que son jeu simple, voire parfois sans inspiration, a manqué de vitesse, loin des standards observés sous l’ère du sélectionneur Andy Farrell.

Sa botte aussi a commencé à faillir, comme sur cette pénalité, pourtant largement dans ses cordes peu avant l’heure de jeu. L’Irlande, menée de huit points à ce moment de la rencontre, aurait bien eu besoin de son héros de toujours pour recoller au score.

Et enfin, quand l’Irlande s’est lancé dans les derniers assauts pour renverser les All Blacks, il n’a pas su trouver la faille, comme vidé de son génie. Une fin discrète pour une légende, qui aura d’abord eu une pensée pour les siens, au micro de Sky Sports.

« Ces six dernières semaines ont été comme dans un rêve avec ce groupe, ces fans. Je suis juste déçu que nous n’ayons pas pu aller au bout pour eux. Il faut travailler dur pour faire en sorte que les rêves se réalisent ».

© 2023 AFP

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