Il a fait terriblement mal aux Bleus. Le colossal deuxième ligne des Springboks Eben Etzebeth, passé par Toulon, s’apprête à faire peur aux Anglais en demi-finale de Coupe du monde, samedi, après avoir martyrisé les Français.

Référence du poste, Fabien Pelous est impressionné par le géant sud-africain (2,04 m pour 119 kgs) depuis le début du Mondial-2023. « C’est LE joueur de la Coupe du monde. Contre l’Irlande, il a été monstrueux. Contre les Bleus, il est partout sur le terrain », vante l’ancien capitaine des Bleus dans un entretien à l’AFP.

« Il est très dur à l’impact, il récupère des ballons, il est très bon sur les phases de conquête, il monte sous les chandelles… Il a un rayon d’action impressionnant. Avoir une telle activité, pour un seconde ligne de cette taille, c’est assez monstrueux », détaille encore le recordman de capes en équipe de France (118 sélections entre 1998 et 2007).

A 31 ans, Etzebeth semble au sommet de son art. Et peu importe qu’il soit devenu le grand méchant aux yeux du grand public français pour son « interception en-avant », décisive lors de l’élimination des Bleus (29-28).

Au-delà de cette « main de Dieu » sauce sud-africaine, Etzebeth se traîne une réputation de super-vilain depuis 2019, quand, avec son cousin, il a été accusé d’agression et insultes racistes quelques mois avant le Mondial japonais.

– Super-vilain –

L’agression d’une personne sans domicile fixe de 42 ans, sur qui il aurait pointé une arme à feu, lui a également été imputée. Etzebeth n’a jamais été inculpé et l’affaire n’a jamais été portée devant les tribunaux mais son image publique en a indéniablement souffert.

Aujourd’hui, l’emblématique Victor Matfield (127 sélections entre 2001 et 2015) estime que l’ancien joueur de Toulon est le « meilleur joueur du monde ». Même son de cloche pour le champion du monde 2019 Francois Louw, pour qui Etzebeth est « un pilier » des Springboks.

« Toutes les équipes ont besoin d’un homme de main, un exécuteur de basses oeuvres. Quelqu’un qui apporte une dimension physique. C’est un rôle qui a évolué au fil des ans: ce sont des joueurs qui sont devenus de plus en plus dynamiques. Ce ne sont plus seulement des gros bras mais de très bons joueurs de rugby », a estimé Louw.

« Son jeu s’est développé au fil du temps. Eben, c’est un dur à cuire qui a mené la charge dès qu’il a débarqué sur la scène internationale. Il a appris à contenir cette agression pour devenir plus efficace pour l’équipe. Il a fait un travail extraordinaire », a poursuivi l’ancien troisième ligne des Boks. « Et son influence dans la victoire contre la France est immense. »

Car Etzebeth est sans aucun doute le meilleur deuxième ligne du monde à l’heure actuelle. Il figure même parmi les favoris pour succéder à son compatriote, le troisième ligne Pieter Steph du Toit, champion du monde au Japon et désigné meilleur joueur du monde en 2019.

– « La loco des Boks » –

Son carton jaune (40e), pour un contact à la tête avec le pilier des Bleus Uini Atonio, ne change rien: Etzebeth a été géant devant la France, par son activité et son rayonnement autant que par son essai (67e), qui a envoyé ses coéquipiers vers leur sixième demi-finale de Coupe du monde.

« Eben est le coeur du pack. Quand on pense à la +physicalité+ qu’il apporte, au coeur des mauls… C’est la locomotive des Springboks. Il a aussi un sacré moteur qui ne s’arrête jamais », a encore assuré Matfield.

Depuis sa première sélection, en 2012 contre l’Angleterre, Etzebeth est devenu indispensable aux Springboks au terme d’un chemin remarquable d’endurance et de régularité.

« On a eu des deuxièmes lignes incroyables par le passé. J’ai eu le privilège d’évoluer avec Bakkies (Botha) et Victor (Matfield) mais Eben est spécial. Il fait partie intégrante de notre équipe: il est énorme pour nous en tant que joueur, évidemment, mais aussi pour tout ce qu’il fait en dehors. Je ne pense pas que les gens se rendent toujours compte de son importance », a raconté l’ouvreur Handré Pollard.

« Son leadership, son calme… C’est quelqu’un de très détendu, même si ça ne se voit pas, ajoute le botteur. Il est très calme et cela déteint sur nous, notamment les plus jeunes. Son expérience est inestimable et c’est quelque chose dont nous devons nous inspirer. » Les Anglais sont prévenus.

© 2023 AFP

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