Afrique du Sud-Nouvelle-Zélande, apothéose de la Coupe du monde de rugby

La dixième Coupe du monde de rugby se referme en apothéose samedi (21h00) au Stade de France, avec une finale entre les deux plus beaux palmarès de la discipline, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud, en quête d’une quatrième couronne historique.

Nouvelle-Zélande-Afrique du Sud est un peu l’équivalent rugbystique d’un Brésil-Allemagne en football. Une opposition de styles entre une équipe à l’aura mythique et au jeu chatoyant, et un monstre d’efficacité davantage tourné vers le combat.

Portée à l’écran par Clint Eastwood dans son film « Invictus », leur première finale, en 1995, remportée par les Sud-Africains, a largement nourri leur rivalité dans un contexte très politique à l’époque, le nouveau président Nelson Mandela ayant vu dans le rugby un moyen d’unifier la nation arc-en-ciel au lendemain de l’apartheid.

« Ce match a ouvert beaucoup de portes, pour moi et pour beaucoup d’autres », a témoigné le troisième ligne Siya Kolisi, premier capitaine noir de l’histoire des Springboks.

Seule équipe jusqu’ici à avoir conservé son titre (2011 et 2015), la Nouvelle-Zélande a traversé l’an dernier des turbulences inhabituelles qui ont failli coûter sa place à son sélectionneur Ian Foster.

Tombés d’entrée face aux Bleus (27-13) en match d’ouverture, le 8 septembre dernier, les All Blacks sont montés en puissance au fil du tournoi dans le sillage de leur troisième ligne omnipotent Ardie Savea ou des trois frères Scott, Jordie et Beauden Barrett.

– Puissance ou dynamisme –

Les champions sortants sud-africains ont eux aussi perdu un match, contre les favoris irlandais (13-8) lors de la phase de groupes, mais ils semblent insubmersibles depuis, avec une foi inébranlable dans le duo de stratèges que forment Jacques Nienaber, sélectionneur, et Rassie Erasmus, directeur du rugby.

Comme face à l’Irlande, ces derniers ont choisi de placer sept avants et un seul arrière (le polyvalent Willie Le Roux) sur le banc des remplaçants, avec la ferme intention d’imposer leur puissance dévastatrice devant pendant 80 minutes.

Le gourmand pilier gauche Ox Nche, le robuste deuxième ligne RG Snyman, les troisièmes lignes polyvalents Deon Fourie et Kwagga Smith, déterminants face à la France (29-28) en quart de finale puis face à l’Angleterre (16-15) en demie, devraient encore jouer un rôle essentiel dans la dernière demi-heure.

Pas de quoi intimider Ian Foster. Les Boks « ont leur façon de jouer et nous avons la nôtre. Cela ne change rien à notre façon de nous préparer. Leur stratégie leur convient, la nôtre nous convient et cela rendra le match intéressant samedi soir », a-t-il évacué.

Les Néo-Zélandais espèrent que le temps annoncé à la pluie samedi soir ne les empêchera pas de développer leur jeu de mouvement. Ils ont déjà inscrit 48 essais en six matches et disposent d’une arme fatale avec leur ailier Will Jordan, qui a déjà aplati à huit reprises, un record sur une même édition codétenu avec les All Blacks Jonah Lomu (1999) et Julian Savea (2015) et le Springbok Bryan Habana (2007).

Dynamisme All Black ou frontalité sud-africaine? Les titans de l’hémisphère Sud se disputeront la suprématie du rugby mondial avec un quatrième sacre record pour l’un ou l’autre. En dix éditions.

– Et maintenant, les JO –

Avant ce bouquet final explosif, on pourra se retourner avec nostalgie sur les premières semaines de ce Mondial-2023, marquées par le fossé toujours aussi large entre petites et grandes nations malgré l’enthousiasme portugais ou le beau parcours fidjien.

On n’oubliera pas non plus que le tirage au sort, réalisé beaucoup trop tôt, a fait se croiser dès les quarts de finale les quatre meilleures équipes du moment et condamné précocement d’eux d’entre elles (Irlande et France).

Un impair que l’instance dirigeante du rugby mondial World Rugby a promis de corriger avant la prochaine édition, en Australie en 2027, à laquelle 24 nations participeront, contre 20 jusqu’à présent. 

Cela permettra paradoxalement de réduire d’une semaine la durée de la compétition, organisée sans couac majeur depuis le 8 septembre dernier, malgré un contexte sécuritaire rendu de plus en plus tendu par l’actualité.

Forte de ce galop d’essai rassurant après le fiasco de la finale de la Ligue des champions de football en mai 2022 entre Liverpool et le Real Madrid à Saint-Denis, la France accueillera dans moins d’un an un autre événement sportif international d’une dimension encore supérieure: les Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet-11 août).

© 2023 AFP

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