Après Cheslin Kolbe, Melvyn Jaminet: Toulouse et Toulon ont trouvé ces dernières saisons, par pragmatisme, un terrain d’entente sur le marché des transferts, mais leur rivalité sportive reste forte avant leur choc de la 10e journée de Top 14 samedi.
Jaminet ne jouera pas ce match de gala dans un Stadium à guichets fermés. Après avoir démarré la saison chez les Rouge et Noir toulousains, l’arrière international a rejoint il y a quelques semaines les Rouge et Noir toulonnais et les deux parties se sont implicitement entendues pour ne pas l’exposer.
Kolbe, ailier star des Springboks, avait lui aussi rejoint Toulon, à l’été 2021, alors qu’il était encore engagé pour deux ans sur les bords de la Garonne, en échange d’une indemnité de transfert conséquente.
La pratique étant assez rare dans le milieu du rugby, où les joueurs partent généralement libres au terme de leur contrat, ces deux mouvements d’envergure laissent deviner un canal privilégié entre les états-majors des deux clubs.
« Même si elles sont faites avec le même club, ce sont deux histoires qui sont complètement indépendantes », affirme à l’AFP le président toulousain Didier Lacroix. « C’est plus une question d’opportunités qu’autre chose ».
« Le point commun, c’est le mode de discussion », développe-t-il. « On a une franchise qui fait que les choses sont carrées, propres. Il y a des intentions déclarées, des moments pour le faire… »
– « Un ADN fort, mais différent » –
La fluidité des échanges entre Lacroix et son homologue varois Bernard Lemaître cache une rivalité prononcée entre les places fortes du Sud-Ouest et du Sud-Est depuis la finale du championnat de France 1985 remportée après prolongation par Toulouse (36-22).
Les années 2000-2010, marquées par de fréquentes délocalisations de l’affiche au Stade Vélodrome de Marseille, l’ont également alimentée, sur fond d’approches différentes entre la formation toulousaine et l’empilement de stars étrangères au RCT de Mourad Boudjellal.
« Ce sont deux villes pour qui le rugby est une religion, avec une histoire forte dans ce sport », dit à l’AFP le natif de Toulon Yann Delaigue, sacré champion de France avec les deux clubs.
« Chacun a un ADN très fort, mais différent », explique-t-il. « Ils ont une façon d’appréhender le rugby qui est propre à eux. Les Toulousains sur le jeu en mouvement, les Toulonnais plus dans le combat ».
L’ancien demi d’ouverture voit tout de même « beaucoup de respect » mutuel et « pas mal de passerelles » et de « liens humains » entre les vitrines sportives de la Ville rose et de la cité portuaire méditerranéenne.
Comme lui, Christophe Deylaud, Christian Califano, Patrice Collazo, Frédéric Michalak, Vincent Clerc, Yoann Maestri, Alexis Palisson ou Maxime Mermoz ont porté les deux maillots au cours de leur carrière.
Les transferts de Kolbe et Jaminet, comme les départs dans le Var l’été dernier, à la fin de leur contrat à Toulouse, de Selevasio Tolofua et Yannick Youyoutte, n’ont fait que perpétuer une relation historique.
Le RC Toulon a adopté ses couleurs rouges et noires à sa création, en 1908, pour coller à celles de son club parrain, plus ancien: un certain Stade toulousain.
© 2023 AFP
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