Incontestablement entre vendredi dernier et ce match àCarcassonne, il s’est passé pas mal de choses dans les têtes des joueurs. Direqu’ils n’étaient pas bien préparés contre les Columérins, cela ferait injure àla qualité du travail des préparateurs physiques et à leur investissement. Enrevanche, si dans les jambes et les muscles, tout allait bien, c’était dans latête qu’il manquait clairement la bonne préparation. Face à ce manqued’agressivité et d’engagement collectif dans le combat lors de la secondemi-temps contre Colomiers, les joueurs ont compris, qu’après le débriefing,qu’ils avaient oublié certaines valeurs du rugby que l’on retrouve clairementen Pro D2. Finalement cette piqure de rappel inoculée durant la courte semaine depréparation d’avant match aura montré qu’il faut toujours être à jour dans sesvaccinations ! Même avant le coup d’envoi, Lilian Saseras en remettait unecouche à bon escient en utilisant les mots justes : « L’important,cela va être de les agresser dès le coup d’envoi. On va chez eux, on les metsous pression. La première défense conditionne le match ! ». Toute lastratégie du match a été rappelée simplement en deux phrases. Les joueurs ontappliqué à la lettre et ils ont gagné. Mais, surtout, ils ont su utiliser unearme absolue dans le rugby moderne : c’est le jeu au pied. Jeu au pied depression, jeu au pied de dégagement etb d’occupation. Lilian et Enzo ont rempliparfaitement ce rôle et même, Déon Fourie s’y est mis ! Résultat de cetrès bon jeu au pied deux essais et finalement, une grande partie de lavictoire.
Sur le premier essai, Lilian Saseras dégage le ballon enexpédiant une magnifique chandelle et met sous pression l’arrière deCarcassonne qui commet un en-avant. Le ballon est vite récupéré par lesGrenoblois. Déon Fourie a l’intelligence de prolonger au pied pour sondemi-de-mêlée qui déboule dans le dos de la défense, la déborde sur l’aileet termine dans l’en-but ! Voilà, deux coups de pied intelligents avec àla clé un essai au bout.
Sur le deuxième essai, après un super contest de DéonFourie, le ballon ressort rapidement. Lilian, là- encore, choisit un coup depied à suivre qu’il réussit parfaitement. Pablo Uberti prend de vitesse lesdeux derniers défenseurs, leur grille la politesse en prenant l’intervalle,puis leur chipe le ballon pour venir le déposer derrière la ligne !Magnifique. Voilà les Isérois ont su mettre la pression sur la défense et enont récolté justement les fruits.
Autre jeu précieux au pied, c’est sur les tentatives depénalité. Après une première mi-temps où Enzo Selponi fait un 2/5, sa réussiteen deuxième mi-temps pèsera lourd dans la balance. À la 54 e minute dejeu, Grenoble vient de se sortir de dix minutes de domination sans partage desAudois, puisqu’ils ont réussi à se sortir de 5 portés qui étaient tout prochede conclure. Un Audois, sans doute agacé par l’impuissance de son équipe, s’enremet à la bonne vieille méthode d’un plaquage dangereux sur Lilian dans le dosde l’arbitre principal mais de celui de touche ! Pénalité et carton jaune. Enzotransforme parfaitement, ce qui monte l’avance à onze points.
Rebelote à la 64 e minute, Enzo réussit lapénalité obtenue sur mêlée ! 12 à 23, ce qui maintient l’écart à onzepoints, soit quasiment l’équivalent de deux essais. Puis à deux minutes duterme sur un excellent contest de Lilian, Enzo réussit une nouvelle fois satentative de pénalité et signe un 3 sur 3 en deuxième mi-temps ! ce quipermet de maintenir l’écart de plus de 7 points et donc de préserver lavictoire. C’est le pied !
Pour ce qui est de l’agressivité, on a été servi tout aulong du match et pas seulement une mi-temps. Tous les joueurs s’y sont collés àcette tâche ingrate, mais ô combien importante dans ce rugby de Pro D2. Endeuxième mi-temps, la défense a été énorme. Les joueurs ont été solidaires, sesont battus comme des morts de faim pour préserver leur ligne. Pendant les dixminutes de domination après cette série de pénaltouches à 10 m de la ligne, lesGrenoblois ont mis les bons ingrédients pour éviter l’essai. En remportant cebras de fer au courage et en y mettant la bonne agressivité, ils ont usé lesCarcassonnais physiquement et moralement les stoppant tout net dans leur élan.
On attendait une réaction des Grenoblois après ce non matchcontre Colomiers qui avait mis tout le monde en colère du côté de la capitale desAlpes. Alors que les pronostics donnaient Carcassonne vainqueur, les Rouge etbleu ont su les déjouer et ont su se racheter du week-end dernier en gagnant cettefois avec leurs tripes. Les hommes de Christian Labit, n’arrivant pas àdéborder la défense grenobloise, sont rentrés dans un jeu de provocation d’unautre âge : cela commence par des tapes sur la tête de Davit kubriashvilialors qu’il se relevait, puis Romain Manchia, provoque Lilian, ce qui déclenchela générale, ce qui fit perdre les nerfs à Pablo Uberti qui asséna un beaumarron au numéro 9. Bilan : un jaune pour Carcassonne et un rouge pourGrenoble. En venant à la rescousse de Lilian, les joueurs ont fait preuve d’unebelle solidarité au sein de l’équipe.
Sur le plan rugby, le match n’a pas atteint les sommets.Beaucoup d’en-avant des deux côtés, peu de rythme dans ce match, peu de tempsde jeu après chaque possession mais le ballon circulait mieux chez lesGrenoblois avec de bons enchainements par moment, de bonnes combinaisons avecremise intérieure sur Taufa qui a failli aller au bout. Trop de pénalités (18)pour Grenoble pour espérer autre chose que les quatre points et trop de déchets(8 en-avant). Cependant, cela suffit à faire oublier en partie la déconvenue dela semaine dernière. Il reste encore bien du travail.
Au classement, Grenoble remonte un petit peu. Devant,Oyonnax fait un début de championnat canon passant plus de cinquante points auxdeux adversaires rencontrés dont Nevers, un des favoris du top 6.
La semaine prochaine chez les Provençaux, il faudra remettre le couvert de l’agressivité, du bon jeu au pied en commettant beaucoup moins de fautes, sinon, les Aixois vont se faire un malin plaisir de croquer tout cru les Grenoblois comme les Catalans.
Protin Frédéric
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