Cinquième du Top 14, Toulon est en bonne position pour atteindre la phase finale, une première depuis la saison 2017-2018. Mais le manager du RCT Pierre Mignoni en veut plus: « des joueurs ne sont pas à leur niveau », comme il l’explique dans un entretien accordé à l’AFP.
Q: Comment analysez-vous la première partie de saison du RCT ?
R: « Il y a eu des bons moments… Et des moins bons. Je pense qu’on peut être plus réguliers, c’est d’ailleurs ce que l’on recherche. Pour l’instant, on ne l’est pas mais on n’est pas loin. »
Q: Pensez-vous que les premiers matches de Champions Cup ont plombé votre équipe ?
R: « Ça nous a fait mal parce qu’on perd deux matches de peu à la fin. A la sortie, c’est une compétition ratée et ça a été dur pour l’équipe. On a ensuite enchaîné des défaites. Peut-être que si on avait gagné ces deux premiers matches, ça aurait pu être différent dans la tête des joueurs et dans notre parcours dans cette compétition. Mais il faut toujours trouver du positif, on ne va jouer qu’une compétition et ça va nous permettre de nous préparer au mieux pour la fin de saison. »
Q: Votre groupe est-il en manque de confiance ?
R: « Les victoires amènent beaucoup plus de confiance mais il faut apprendre de ces défaites et rester solidaire. Il faut aussi se critiquer, savoir quand on est à son niveau, quand on ne l’est pas, l’accepter et avancer. Des joueurs ne sont pas à leur niveau, c’est une vérité. Il ne faut pas se cacher derrière des excuses, il faut se regarder soi-même et les joueurs sont conscients de ça. On en a parlé franchement: le but n’est pas de les enfoncer mais de les aider à augmenter leur niveau de jeu. Maintenant il faut des actes pour suivre les mots, c’est ce que j’attends de tout le monde mais je sais qu’ils vont réagir. »
Q: Une réaction nécessaire pour continuer de viser la phase finale ?
R: « Ça fait cinq ans que Toulon ne se qualifie pas donc on a l’impression que c’est l’année ou jamais sinon tout s’effondre… Les choses se construisent, je vois des axes de progrès. Bien sûr que le résultat est de se qualifier mais, avant ça, il y a une mentalité à changer, des habitudes aussi. Ca ne se fait pas du jour au lendemain. Tant que je serai là, les choses vont changer. Le coach peut dire qu’il vise le top six ou qu’il veut être champion, c’est toujours facile de parler. J’ai l’impression qu’on se met plus la pression qu’autre chose… Moi, j’en ai rien à foutre! Par contre, il y a des joueurs que ça peut plomber. »
Q: Votre vision va donc au-delà de la saison actuelle…
R: « Il y a des choses que cette équipe fait aujourd’hui qu’elle ne faisait pas avant et je suis sûr que, sur le moyen terme, elle fera de plus belles choses encore. On a un plan sur trois ans, on sait où on va mais je ne suis pas un magicien. On prend des risques en bougeant les lignes mais c’est nécessaire pour l’avenir de ce club. Si ça ne plaît pas, c’est pareil. J’ai toujours fonctionné avec une certaine rigueur. Moi aussi, j’aimerais qu’on soit premiers. Si on avait gagné contre Bordeaux-Bègles, on le serait peut-être. Là, j’ai l’impression qu’on est derniers… A force de mettre la pression sur cette équipe, de la pourrir, ce n’est pas positif. Que les gens continuent, que certains se régalent, qu’ils profitent et, nous, on va se taire et travailler. On fera les comptes à la fin. Même si certains ne le comprennent pas, je sais où on va et les gens avec qui on veut le faire. »
Q: Avec qui voulez-vous le faire ?
R: « On ne veut pas se tromper sur l’état d’esprit des joueurs, sur leur attitude. Je ne veux pas des anges, simplement des mecs qui sont là pour les bonnes raisons, pour jouer à Toulon. Des mecs qui comprennent dans quel club ils jouent et pourquoi ils jouent pour ce club. Des guerriers, des grands messieurs, qui sont capables d’emmener les autres avec eux. Le rugby est une passion avant tout et je veux voir des gens qui vivent de leur passion, pas qui vivent de leur métier. »
Propos recueillis par Lucas BERTOLOTTO
© 2024 AFP
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