Affaire Auradou-Jegou : l’heure de l’examen du non-lieu

Affaire Auradou-Jegou
Affaire Auradou-Jegou

La justice argentine examine vendredi la demande de non-lieu, c’est à dire d’abandon de l’action judiciaire, contre Hugo Auradou et Oscar Jegou, deux rugbymen français inculpés d’un viol qu’ils nient, trois mois après l’affaire qui a secoué le rugby français, et agite encore la justice locale.

Au pôle judiciaire de Mendoza (ouest), les avocats de la plaignante, une Argentine de 39 ans, et ceux des joueurs, débattront à huis clos du non-lieu, demandé il y a un mois et demi par la défense des rugbymen, en présence du parquet qui requerra aussi l’abandon des poursuites comme il l’a annoncé au terme de l’instruction.

Une décision devra encore attendre. Deux audiences sont programmées, vendredi et le 25 octobre. A l’issue de la seconde, la juge présidant les débats pourrait rendre une décision dans la foulée, ou la mettre en délibéré à quelques jours, selon des sources judiciaires à Mendoza.

« Triste » affaire, « film d’horreur », selon les mots convergents des avocats, qui pourtant ont défendu des versions des faits radicalement opposées : la saga judiciaire enclenchée dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza, ville où le XV de France avait joué un match contre l’Argentine, a multiplié rebondissements, dérives, emballements.

Description de violences « terribles », « atroces » sur la plaignante, -démenties par les joueurs-, fuites dans la presse de vidéos de l’hôtel, de messages audios, tentative de suicide de la plaignante, accusations de justice achetée ou aux ordres -l’avocat des joueurs est frère du ministre de la Justice-, menaces de poursuites à venir de médias, d’avocats, contre-menaces de poursuites en diffamation…

– Pessimisme côté plaignante –

Une certitude : il y a bien eu actes sexuels dans la chambre d’hôtel entre les joueurs et la plaignante, qu’ils avaient rencontrée en discothèque, en cette nuit de juillet et dans un contexte alcoolisé. Actes non consentis et avec violences selon la plaignante, consentis et sans violence selon les joueurs.

Pour un viol aggravé car commis en réunion, les deux joueurs de 21 ans encourent entre huit et 20 ans de prison.

Au fil de l’enquête, des auditions, expertises médicales, contre-expertises, analyses d’images, la procédure a paru basculer peu à peu, amenant le parquet de Mendoza, qui avait placé les joueurs en détention provisoire début juillet, à assouplir leur régime : assignés à résidence mi-juillet, puis remis en liberté mi-août, puis autorisés à rentrer en France début septembre. Hugo Auradou a depuis repris la compétition avec Pau.

Dans son argumentaire autorisant le départ des joueurs, le parquet avait conclu des éléments à sa disposition que « l’accusation initiale a perdu de sa force ».

Du côté des joueurs, les avocats affichaient ces derniers jours leur « optimisme ». « On connait parfaitement le dossier, chaque élément, chaque détail, tout ce qui a été déclaré, et tout mène à une seule direction : le non-lieu », a déclaré à l’AFP German Hnatow, l’un des avocats argentins.

La confiance semblait par contre déserter les défenseurs de la plaignante. « Les dés sont jetés (…) Je pense que cela va être un non-lieu, ce n’est qu’une question de temps », a confié à l’AFP Mauricio Cardello, l’un de ses avocats.

– D’autres poursuites à venir dans l’affaire Auradou-Jegou ? –

Il s’est dit en colère et « triste » du traitement de l’affaire par la justice locale, « comment ils ont traité la victime, comment ils ont géré médiatiquement, ont fuité des informations ». Et au final, une plaignante fort exposée médiatiquement, y compris en interviews.

Son avocate principale, Me Natacha Romano, n’a pas répondu aux sollicitations récentes de médias.

Au bout de la procédure judiciaire, et quelle qu’en soit l’issue, il y aura des répercussions.

Côté français, les instances du rugby ont promis un « avant » et un « après » Mendoza sur le déroulement des tournées, et des troisièmes mi-temps. Et les avocats des joueurs ont dit qu’ils « analyseront avec les familles », en cas de non-lieu, d’éventuelles poursuites pour dénonciation calomnieuse.

dans cette affaire Auradou-Jegou, la plaignante, « Maria », disait dans une interview à l’AFP le mois dernier se sentir « abandonnée » par la justice locale, mais espérer que « la justice sociale condamnera » les joueurs, comme la justice divine : « le Tout-Puissant va les juger, le Tout-Puissant sait les actes qu’ils ont commis ». Elle disait aussi son intention de porter plainte contre un avocat des joueurs pour « toutes ses erreurs professionnelles ».

© Agence France-Presse

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