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Bayonne–Toulouse : l’Aviron fait plier le champion au bout d’un finish incandescent

Un choc ouvert et rythmé, basculé dans les dix dernières minutes

Jean-Dauger a vibré. Bayonne a dominé Toulouse (40-26) au terme d’un match longtemps indécis, conclu par deux fulgurances basques signées Cheikh Tiberghien puis Tom Spring. Tout s’est joué dans le money-time. À 26-26, Esteban Capilla a d’abord remis l’Aviron dans le sens de la marche au terme d’une action au cordeau sur le bord de touche. Ensuite, Tiberghien a brisé la ligne en puissance pour créer un premier écart, avant que Spring ne plie l’affaire à la toute dernière action en filant dans l’intervalle. La transformation de Joris Segonds a fui le cadre sur la sirène, mais l’essentiel était acquis : Bayonne a su tenir le bras de fer, puis accélérer quand Toulouse espérait encore le bonus.

Bayonne frappe d’entrée, Toulouse répond par séquences

La rencontre avait pourtant démarré au métronome de Segonds, auteur des premiers points au pied (3-0, 10’). Toulouse a aussitôt répliqué. Sur une inspiration de Romain Ntamack au pied, Matthis Lebel a aplati en funambule (12’, 3-5). L’Aviron a gardé le cap grâce au leadership d’Arthur Iturria, buteur en capitaine au ras après une charge tranchante de Manu Tuilagi (14’, 10-5, transformation Segonds 14’). Les Stadistes ont ensuite insisté devant. Leur maul a avancé et Benjamin Bertrand a été récompensé (24’). Plus tard, Théo Ntamack a fait très mal plein champ, entre raffut et accélération, pour relancer les siens (28’, 13-10). Enfin, l’indiscipline bayonnaise a coûté cher avec le jaune adressé à Tuilagi pour un plaquage trop agressif (34’). Romain Ntamack a puni au pied pour ramener les deux équipes à égalité à la pause (40’, 16-16).

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Un mano a mano tendu jusqu’à l’entrée du money-time

Au retour des vestiaires, Toulouse a repris brièvement l’avantage au pied (44’, 16-19). Toutefois, Bayonne n’a pas rompu. Sous l’impulsion d’Esteban Capilla le long de la ligne de touche, Baptiste Germain a conclu une séquence d’obstination dans l’en-but (52’, 21-19). Le changement décisif est alors venu côté toulousain : Thomas Ramos a pris le relais de Romain Ntamack à l’ouverture et a répondu immédiatement au pied (61’, 21-26). Les Basques n’ont pas paniqué pour autant. Ils ont rehaussé l’intensité dans les duels, bien aidés par la touche qui a retrouvé sa précision et par une défense agressive, capable d’arracher des en-avants au moment clé.

Segonds stratégique, Tiberghien et Spring décisifs

Dans ce contexte, Joris Segonds a parfaitement géré le terrain. Sa chandelle piégeuse à deux minutes de la fin a enfermé Kinghorn le long de la touche, forçant le Stade à repartir de très loin. Entre-temps, Bayonne avait converti deux séquences majeures. D’abord, l’enchaînement Erbinartegaray–Capilla a fait mouche : débordement impeccable de l’ailier, transmission sur un pas, puis course tranchante du deuxième ligne jusqu’à l’en-but (70’, 26-26 puis 28-26). Ensuite, Cheikh Tiberghien, replacé à l’arrière, a transpercé le rideau et, sans être tenu au sol, a aplati en deux temps (74’, 33-26 avec la transformation de Segonds). Sur la dernière offensive, Tom Spring a conclu la soirée bayonnaise par une accélération lumineuse au large (80’, 40-26). Les Toulousains avaient jusque-là tenté de préserver l’espoir d’un bonus défensif, mais la bascule physique et la lucidité basque au pied les ont finalement privés d’un point comptable.

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Toulouse valeureux mais trop friable dans les moments clés

Le Stade a alterné bonnes séquences et imprécisions. On retiendra la vista de Romain Ntamack avant sa sortie, l’adresse de Thomas Ramos, la mobilité de Théo Ntamack balle en main, et l’activité de Roumat au cœur du terrain. Néanmoins, quelques ballons perdus en touche, un coup-franc concédé à l’introduction, et des erreurs de jeu au pied ont offert des munitions à l’Aviron. Surtout, le finish bayonnais a été mieux maîtrisé. Graou a tenté d’accélérer le tempo, Kinghorn a cherché de la profondeur, mais l’efficacité dans la zone de marque est restée basque en fin de partie.

La leçon : tenir, encaisser, puis frapper

Cette victoire s’explique par trois clés. D’abord, la discipline retrouvée au fil du match après une période compliquée avant la pause. Ensuite, la qualité du jeu au pied de pression, qui a constamment repoussé Toulouse vers ses 30 mètres. Enfin, la précision dans la dernière passe lors des deux essais du money-time. À ce niveau, la différence se fait souvent là : le réalisme. Bayonne a su prouver qu’il possédait désormais, en plus de l’enthousiasme, le sang-froid pour finir les histoires. Toulouse, lui, repart avec des séquences positives et des regrets, notamment sur deux ou trois ballons de sortie de camp qui auraient pu changer le cadre du final.

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