Bernard Laporte accepte de « se mettre en retrait » de la FFR

Bernard LAPORTE

Paris, 19 déc 2022 (AFP) – Le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte, condamné mardi dernier à deux ans de prison avec sursis pour corruption et de plus en plus isolé, a accepté lundi soir de se mettre « en retrait » de ses fonctions en attendant son procès en appel, mais pas de démissionner.

Retournement de situation: dans un entretien au Journal du Dimanche, l’ancien sélectionneur du XV de France, 58 ans, avait pourtant affirmé qu’il ne « (voyait) pas pourquoi (il) devrait » quitter son poste, compte tenu qu’il a fait appel de sa condamnation, ce qui suspend la peine.

Devant la pression de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, qui avait estimé dès le jugement rendu public le 13 décembre que cette condamnation faisait « obstacle » à la mission de Bernard Laporte à la tête de la FFR, mais également de la Ligue nationale de rugby (LNR), ainsi que du comité d’éthique de la FFR, l’homme fort de l’Ovalie française a donc cédé – un peu – de terrain.

Dans son communiqué lundi soir, la FFR explique ainsi que Bernard Laporte proposera jeudi, lors de son entretien avec la ministre, de confirmer les décisions prises en Bureau fédéral le matin: la désignation « d’un président-délégué qui interviendra alors en lieu et place du président jusqu’à décision pénale définitive », ainsi que la « mise en retrait » dudit président.

Sachant que « Bernard Laporte demeure président » de la FFR, à neuf mois du Mondial de rugby en France (8 septembre – 28 octobre 2023), insiste le communiqué.

– « A la lettre » –

En poste depuis fin 2016, M. Laporte, réélu en 2020 pour un mandat de quatre ans, a été reconnu coupable le 13 décembre de cinq des six infractions pour lesquelles il était poursuivi, dont celles de corruption passive et de trafic d’influence.

Ayant fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris, sa peine de prison avec sursis, ainsi que l’interdiction d’exercer l’activité de président de la FFR pour une durée de deux ans, ne sont pas immédiatement exécutoires.

Selon la Fédération, M. Laporte « a fait part au Bureau fédéral de sa volonté de suivre +à la lettre+ l’injonction du Comité d’éthique de la FFR », qui lui avait demandé vendredi dans un courrier de trois pages que l’AFP a pu consulter, de « se mettre en retrait provisoirement, à titre conservatoire, jusqu’à décision pénale définitive ».

Par conséquent, ajoute le communiqué lundi soir, « le Bureau fédéral a décidé à l’unanimité de ses membres (…) de suivre et d’appliquer à la lettre l’injonction du Comité d’éthique », qui n’avait pas appelé à de nouvelles élections mais à la désignation d’un « président-délégué », Bernard Laporte restant élu fédéral.

– « Empêché » –

Selon l’article 13 des statuts de la FFR, dont l’AFP a pris connaissance, « le président peut confier à certains membres du bureau fédéral les fonctions de vice-président chargé d’un ou plusieurs domaines d’intervention ou de responsabilité, dont il fixe précisément le périmètre ».

Par ailleurs, « un seul des vice-présidents (…) peut également se voir confier par le président le titre de président-délégué. En sus de ses domaines d’intervention ou de responsabilité, il intervient alors en lieu et place du président chaque fois que celui-ci est empêché ou l’y autorise », ajoute l’article.

Réagissant à l’entretien de Bernard Laporte dans le JDD, Mme Oudéa-Castéra a souligné dans L’Equipe son identité de vue avec le comité d’éthique, qui « diagnostique et qualifie parfaitement la situation ».

« Il rappelle que l’intérêt supérieur du rugby doit primer sur les intérêts particuliers, que les valeurs du rugby, l’éthique et la déontologie doivent être protégées. Il démontre que Bernard Laporte n’est plus, en l’état, en mesure de justifier du crédit, de l’autorité ni de la confiance qu’impose la fonction de président. C’est totalement aligné avec mon communiqué », a-t-elle déclaré.

© 2022 AFP

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