Dany Priso, le guerrier bienveillant de Toulon

Il lui a fallu moins de deux saisons pour atteindre la barre symbolique des 50 matches sous le maillot de Toulon: Dany Priso, arrivé sur la Rade à l’été 2022 en provenance de La Rochelle, a rapidement été adopté par le peuple varois.

Si les différentes blessures de l’enfant du club Jean-Baptiste Gros ont favorisé cette adaptation rapide, le pilier gauche la doit surtout à son travail et son âme de guerrier, véritable source d’engouement pour le public du stade Mayol.

« Ici, les avants ont une très grosse responsabilité sur le jeu, le public attend ça. Quand on est en mêlée, il faut avancer et on sait qu’on a du monde derrière nous pour pousser à chaque fois », confie à l’AFP le trentenaire qui se reconnaît dans cette identité.

Le natif du Cameroun est venu à Toulon avec l’envie de se « mettre en difficulté » mais pas dans l’anonymat. Le gaucher a ramené avec lui un titre de champion d’Europe, tout juste acquis avec les Maritimes, et une image d’homme intimidant, aussi bien sur le terrain qu’en dehors.

« J’ai souvent eu ce retour: si on ne me connaît pas, on n’a pas trop envie de venir me parler, avoue Priso. Mais je suis très ouvert, je parle avec tout le monde. J’ai cette image de quelqu’un de plutôt fermé mais je ne le cherche pas, c’est ma personnalité qui fait ça ».

– Né et grandi dans le foot –

L’ancien Rochelais n’est ainsi pas le même lors de son arrivée au Stade Mayol avant les rencontres puis au moment de son départ après les matches.

« Je sais que certains trouvent ça irrespectueux de fendre la foule devant le stade en gardant le casque sur les oreilles mais c’est un protocole d’avant-match. C’est de la concentration et le moindre truc peut nous faire sortir de cette bulle et avoir une incidence sur le match, explique-t-il. Moi, j’ai besoin d’avoir ma musique détendue, d’appeler ma fille et de parler un peu avec elle puis ensuite de faire mon échauffement ».

S’il a découvert le rugby assez tard, à 17 ans, l’international français (19 sél.) a gravi les échelons très rapidement: « je suis né et j’ai grandi dans le football. J’ai essayé le rugby comme ça, puis c’est devenu une deuxième famille. Ça m’a beaucoup appris, m’a fait grandir mais j’ai dû travailler car, à 17 ans, je ne connaissais pas les règles et ne savais pas faire une passe ni une mêlée ».

« Dany est très intelligent, il sait écouter et s’auto-évaluer. Il se met au service du collectif », affirme son entraîneur, Pierre Mignoni, qui met également en avant le côté familial trouvé par son joueur dans le rugby. « Il est super dans un groupe, il s’adapte très bien à ses coéquipiers et il a aussi besoin des autres, de se sentir bien ».

– Mentor –

L’ancien joueur du Stade Français n’hésite pas à soutenir et accompagner ses coéquipiers, comme récemment avec Louis Penverne, son cadet de neuf ans.

« Pour mon premier jour à La Rochelle, je suis tombé sur lui alors qu’on était un peu perdu devant le club avec ma mère, raconte le jeune pilier à l’AFP. Il a tout de suite pris le rôle du grand frère qui donne énormément de conseils, qui est à l’écoute, qui prend toujours de mes nouvelles… C’est quelqu’un de super cool avec beaucoup d’humour. C’était déjà une de mes idoles avant que j’arrive et c’est devenu un peu comme mon mentor ».

Apprécié pour ses qualités sportives autant qu’humaines, Dany Priso n’oublie pas pour autant d’où il vient.

La Rochelle est « un club qui me tiendra toujours à coeur, j’ai beaucoup de respect pour lui et pour les joueurs. C’est toujours un bonheur de pouvoir les affronter », avoue Priso, qui pourrait bien retrouver ses anciens coéquipiers en phase finale du Top 14 avec l’ambition d’aller chercher un premier bouclier de Brennus.

© 2024 AFP

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