Lettre à Monsieur Yogane CORREA.

Cher monsieur je voulais vous écrire cette lettre au soir de votre carrière rugbystique pour vous évoquer tous les souvenirs que j’avais de vous.

Je me souviens de votre regard quand vous êtes sorti du vestiaire albigeois avant la demi-finale d’accession contre La Rochelle et que vous avez fendu la foule scandant des « Albi ! Albi ! ». Je me suis dit que ce soir là votre club ne pouvait pas perdre.

Je me souviens de cette après-midi de 2008 sur le terrain de Puygouzon où vous repreniez avec les espoirs, toujours contre La Rochelle. J’avais emmené mon fils se promener et nous vous avions vu secouer vos partenaires d’un « Oh les gars, vous allez accepter de vous faire marcher dessus longtemps ? Ici on est à Albi, alors on va y aller ! ». Et ils vous avaient tous suivis.

Je me souviens de vos regards vers votre manager ces dernières saisons depuis la zone d’en-but où vous vous échauffiez, regard qui disait » Henri, fais moi entrer, les jeunes ont besoin de moi ».

Je me souviens de ce pauvre troisième ligne de Colomiers, cette année, qui n’a pas compris qu’il fallait impérativement que le club remporte son premier match après quatre défaites consécutives et que c’est pour ça que vous étiez titulaire. Ce n’est que quand son soigneur n’a plus su dans quel sens lui remettre le nez qu’il a compris…

Je me souviens enfin de vos larmes que vous n’avez pu retenir ce samedi quand vous êtes sorti sous l’ovation de votre public. Vous avez pu en retenir quelques unes puis cela a été trop dur et vous vous êtes engouffré sous le banc des remplaçants par pudeur.

Maintenant vous allez vous tourner vers une autre vie et je suis sur qu’elle sera aussi belle que la précédente. Moi je vous verrais bien transmettre, notamment chez les jeunes des écoles de rugby qui n’attendent que ça (Si vous pouviez vous occuper des benjamins deuxième année l’an prochain ça m’arrangerait !).

J’aurais pu aussi écrire cette lettre à Yohan Misse ou Nicolas Frize, mais je vous ai choisi car vous êtes comme votre club. Comme lui vous avez touché le firmament du rugby et comme lui vous avez été projeté au plus profond. Mais, comme lui, vous êtes revenus à force de travail, d’humilité, de combat.

Un jour un patron de presse toulousain a dit lors de la remise d’un oscar à Vincent Clément, autre figure du club qu’ici, à Albi, c’était un autre rugby. J’avais trouvé la formule jolie à l’époque. Mais à la réflexion je crois qu’il s’est trompé.

Ici à Albi c’est le rugby, et vous, Yogane Correa, vous en êtes sa représentation la plus fidèle.

Amitiés sincères.

RS.

Retrouvez l’interview de Yogane CORREA suite à son dernier match :

(interview de Patrick Fassina et Renaud Sorel )