Tombeur des All Blacks, des Springboks en Afrique du Sud et des Anglais à Twickenham: Lucien Mias, capitaine dans les années 1950, a accompagné quelques-uns des premiers grands exploits du XV de France.

Né le 28 septembre 1930 à Saint-Germain-de-Calberte, petit village des Cévennes lozériennes, Lucien Mias s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 93 ans, a annoncé à l’AFP le maire de Mazamet, son club de toujours.

Le plus grand fait d’armes de « Docteur Pack », surnom en référence à son métier de médecin généraliste, s’est écrit le 16 août 1958 à la fin d’une tournée en Afrique du Sud.

A Johannesburg, sous son capitanat et portés par la puissance de leur pack, les Français s’imposent (9-5) lors du second test-match face aux Sud-Africains, après un nul (3-3) trois semaines plus tôt.

L’exploit est majuscule: les Bleus sont les premiers depuis 1896 à dominer les Springboks chez eux dans une série de test-matches.

Et les exploits, Mias les a collectionnés tout au long de ses 29 sélections entre 1951 et 1959, avec le XV de France des frères Prat.

Victorieux de toutes les grandes nations, il est notamment du premier succès français face à la Nouvelle-Zélande (3-0), en février 1954.

Et dans le Tournoi des cinq nations, il connaît la première victoire contre les Anglais à Twickenham, en février 1951 (11-3), puis contre les Gallois à Cardiff (16-6), en mars 1958.

– « Nous étions des ruraux, des pauvres » –

Une trajectoire qui lui valut d’être le seul quinziste jamais sacré « Champion des champions » par l’Equipe. C’était en 1959, l’année où la France remporta sa première victoire seule dans le Tournoi des cinq nations, après celles, partagées, de 1954 (dont il fut aussi) et 1955.

« Sur le terrain, rien ne pouvait nous arriver car nous étions persuadés d’être les meilleurs », déclarait-il en 1999 à la Dépêche du Midi.

Sur le terrain, Lucien Mias arbore un casque rudimentaire. Il est un leader, six fois capitaine du XV de France, mais aussi l’inventeur du « demi tour contact » qui favorise la continuité du jeu d’avants.

Ses exploits sont passés relativement inaperçus dans la France des années 1950. Le rugby à XV, où l’amateurisme est sacré, est alors largement éclipsé par le football, la boxe, le cyclisme et même le rugby à XIII.

Pour fêter leur victoire dans le Tournoi 1959, les Français se voient offrir… une montre.

« Pour nous, l’important n’était pas de remporter le Tournoi mais de se retrouver chaque fois pour disputer un match, tu saisis la nuance? C’était la belle vie, c’était fabuleux. Nous étions des ruraux, des pauvres, et nous descendions dans des palaces », se souvenait Mias, qui fut brièvement consultant à la télévision en 1984.

Père de trois enfants, il a d’abord exercé comme instituteur, avant de devenir médecin à Mazamet jusqu’à sa retraite.

Précurseur sur les terrains, il le fut également dans sa vie professionnelle, en défendant une approche « humaniste » dans sa spécialité, la gériatrie. Et plus tard en fondant un site internet dédié au grand âge: « Papidoc », comme son surnom une fois sorti du pack.

© 2024 AFP

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