« mon record d’essais, j’espère qu’il sera battu très rapidement », avoue Blanco

Recordman d’essais en équipe de France (38 entre 1980 et 1991), la légende Serge Blanco a avoué à l’AFP son impatience d’être dépassé par Damian Penaud (35 essais depuis 2017), « qui a quelque chose de plus » que tous ceux qui ont tenté de le détrôner.

Q: On dit que les records sont faits pour être battus. Vous sentez arriver ce moment ?

R: « J’espère bien. Et j’espère que mon record sera battu très rapidement. J’ai joué au rugby en ayant très envie de m’amuser et de prendre du plaisir et la résultante de ces deux expressions a fait que, à un moment donné, j’ai marqué un certain nombre d’essais… Mais ça fait maintenant plus de trente ans, ça fait un peu long et ça serait bien que ce soit battu! D’autant plus que ce n’est pas un record qui rentre dans les annales pour la bonne et simple raison que quand je vois certains joueurs dans certains pays comme mon ami (David) Campese, il en a marqué plus de 60 (64 avec l’Australie de 1982 à 1996, NDLR). »

Q: Damian Penaud a quoi en plus par rapport à ceux qui se sont approchés de votre record ?

R: « Ce qui est intéressant de constater, c’est le style du joueur qui permet d’aller chercher les essais, de se trouver toujours en bonne position pour aller concrétiser. Tout le monde peut devenir finisseur mais je pense que Damian Penaud a quelque chose en plus, il ne reste pas sur son aile, il s’en va n’importe où sur le terrain et c’est cela qui lui permet, aujourd’hui, d’envisager de battre le record d’essais. C’est le fait qu’il s’intéresse au jeu et qu’il ne reste pas uniquement sur sa position. »

Q: Un peu comme vous à votre époque…

R: « J’ai joué arrière et ailier et, quand je jouais ailier, je ne suis jamais resté à mon aile. Mon premier essai, j’étais ailier droit et j’ai marqué à l’aile gauche. C’est une question d’envie, tout dépend aussi des équipes dans lesquelles vous évoluez, des générations qui sont plus propices à attaquer, peut-être plus douées et qui vous permettent de concrétiser. Il y a aussi le nombre de matches de sélections qui a augmenté. A notre époque, toutes les sélections n’étaient pas comptabilisées, c’était suivant les nations que vous affrontiez. Ce sont beaucoup d’ingrédients qui font qu’à un moment donné, on peut se retrouver dans une position pour être le recordman des marqueurs d’essais. C’est cette évolution du rugby qui est intéressante à regarder, mais je ne pense pas qu’il faille comparer quoi que ce soit. Il faut se satisfaire que Damian marque de superbes essais, en redoublant, en relançant, en finition. C’est un joueur qui s’intéresse à toutes les formes de jeu et qui ne reste pas uniquement ancré à son aile. »

Q: Au niveau mondial, le Sud-Africain Bryan Habana a inscrit 67 essais, le Gallois Shane Williams 58 essais pour les pays européens. Penaud peut-il les rejoindre, les dépasser ?

R: « Il ne faut pas partir avec cet état d’esprit. En tout cas, moi, je n’ai jamais joué pour battre quoi que ce soit, j’ai joué pour m’amuser et je pense qu’il doit faire exactement la même chose. Je pense que c’est bien plus important de réaliser plusieurs Grands Chelem, de gagner plusieurs Tournois et être champion du monde, de gagner des tournées et un maximum de matches… Le reste viendra tout seul. »

Q: A votre époque, on vous parlait des 23 essais de Christian Darrouy, un record qui a tenu 21 ans et que vous avez battu en 1988 ?

R: « Non, il a fallu que moi j’y arrive pour apprendre que Christian avait marqué 23 essais. Au même titre que le nombre de sélections, j’ai été recordman des sélections mais, pour ma part, je n’ai jamais été à la recherche de cela. Il s’est trouvé que; les années passant, un jour; on vous dit: +tu sais le recordman des essais en France, il en a 23. Tu peux le battre !+ +Oui, OK d’accord, très bien, merci+. On ne joue pas pour battre quelque chose, on joue juste pour battre l’adversaire. »

Q: 35 essais en 48 sélections, c’est un ratio exceptionnel. Et Damian Penaud n’a que 27 ans…

R: « Bien sûr, il faut lui souhaiter qu’il puisse continuer longtemps, qu’il n’ait pas de problème, que tout se passe bien et qu’il ait une longue carrière. Ce qui est important aussi, c’est qu’il ait de bons joueurs à côté. »

Propos recueillis par Raphaël PERRY

© 2024 AFP

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