Ignorés en noir, incontestables en vert: avec Bundee Aki, Jamison Gibson-Park et James Lowe, l’Irlande alignera son indiscutable trio néo-zélandais lors de son quart de finale du Mondial-2023 contre les All Blacks, samedi au Stade de France.
Tous ont espéré un jour jouer pour les All Blacks, tous ont été recalés, voire complètement ignorés par la Fédération néo-zélandaise. Mais ils ont changé d’île et se sont épanouis: le trois trentenaires s’éclatent désormais sous leurs nouvelles couleurs.
. Bundee Aki: le coin dans la défense
Avant de faire les beaux jours du Connacht et de l’Irlande, le centre d’origine samoane a éprouvé sa carcasse trapue du côté des Chiefs en Super Rugby. Il a même remporté le titre en 2013 avec la province de Waikato. Parmi ses coéquipiers de l’époque, les actuels All Blacks Sam Cane et Brodie Retallick.
Le natif d’Auckland est arrivé au Connacht en 2014. Eligible pour le XV du Trèfle depuis 2017, il en est devenu une des pièces maîtresses, à force de travail acharné.
Pas le plus rapide, ni le plus spectaculaire, Aki a imposé sa défense de fer, son intelligence ballon en main et son impact physique. De quoi en faire aujourd’hui un joueur incontournable. Il honorera sa 54e sélection samedi.
A 33 ans, il évolue dans la forme de sa vie. Déjà élus deux fois homme du match en poule, il mène la Coupe du monde en terme de courses (61) et se classe deuxième en nombre de percées (9). Avec déjà quatre essais à la clef!
. James Lowe: la bonne gauche
Il est aussi bavard et démonstratif que Bundee Aki est taiseux et discret. Comme Aki, le costaud ailier d’ascendance maorie a fait ses armes chez les Chiefs, avant de signer au Leinster en 2017.
Si Aki avait quitté son pays sans s’imposer, Lowe avait, lui, montré de belles choses, enregistrant 52 matches de Super Rugby et récoltant six sélections chez les Maoris All Blacks.
La légende néo-zélandaise Justin Marshall en avait d’ailleurs fait un espoir à l’aile gauche des All Blacks. L’ancien demi de mêlée saluait sa vitesse, son jeu au pied et sa capacité « à se mettre dans de bonnes positions ». Mais l’appel n’est jamais venu et Lowe a quitté le Chiefs direction Dublin en 2017.
Sous le maillot vert irlandais, le souriant colosse a imposé son jeu au pied puissant: pour se dégager, sa botte gauche constitue un pendant parfait au pied droit de Johnny Sexton.
A 31 ans, le chevelu est aussi au sommet de son art et indétrônable sur l’aile gauche. Il peut savourer: atteint d’arthrite chronique à l’adolescence, il a parfois eu besoin d’un déambulateur avant que les médecins ne trouvent le bon traitement.
. Jamison Gibson-Park: le siège éjecteur
Le demi de mêlée barbu a beau avoir remporté le Super Rugby avec les Hurricanes en 2016 avec les actuels All Blacks Dane Coles, Ardie Savea et Beauden Barrett, il n’a jamais réussi à se faire réellement sa place.
L’éternel remplaçant, qui compte tout de même sept sélections avec les Maori All Blacks, n’a pas connu meilleure fortune au Leinster, lors de son arrivée en 2017.
Mais le Covid-19 et la nomination d’Andy Farrell à la tête de l’Irlande en 2020 ont tout changé.
Pendant la pandémie, le natif de la petite Ile de la Grande Barrière, à 90 km au large d’Auckland, a profité de l’arrêt des compétitions pour repenser la suite de sa carrière, pour réfléchir à son jeu. Il est revenu plus fort pour s’imposer derrière la mêlée du Leinster.
Au bon moment, puisque Farrell cherchait un N.9 rapide et offensif pour faire tourner son système bien huilé. Jamais considéré par l’ancien sélectionneur Joe Schmidt, Gibson-Park est devenu une évidence sous Farrell.
Elu homme du match lors de la victoire contre l’Ecosse (36-14), Gibson-Park atteint à 31 ans son meilleur niveau, après une lente maturation. Ca tombe bien, ses coéquipiers du Leinster l’ont surnommé « Whiskey ».
© 2023 AFP
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