Après la France, l’Afrique du Sud lancée vers un quatrième sacre

L’Afrique du Sud, victorieuse de la France en quart de finale du Mondial-2023, s’appuie sur l’ossature du groupe champion du monde il y a quatre ans et sur ses entraîneurs, maîtres tacticiens, pour tenter de décrocher une quatrième couronne mondiale.

Les Springboks ont écarté les Bleus de Fabien Galthié (29-28) et retrouveront l’Angleterre en demi-finale samedi au Stade de France (21h00). Si la logique est respectée, ils défieront ensuite la Nouvelle-Zélande en finale le 28 octobre, toujours à Saint-Denis. Le choc entre les deux seules nations à avoir compilé trois titres mondiaux chacune serait titanesque.

Depuis quatre ans, l’Afrique du Sud s’est patiemment préparée à conserver sa couronne.

Ses armes ne manquent pas, à commencer par Cheslin Kolbe. L’ailier a signé une des actions les plus marquantes du quart de finale de dimanche face à la France.

A la 23e minute, alors que Thomas Ramos excentré tentait de transformer l’essai de Peato Mauvaka qui avait ramené les Bleus à hauteur des Boks (12-12), Kolbe a surgi et contré l’arrière française. Une rareté, peut-être pas tout à fait licite, mais qui illustre la fulgurance de l’ailier de poche sud-africain, star de la Coupe du monde au Japon, et qui retrouve en France la pleine possession de ses moyens après une saison galère à Toulon.

Kolbe, 1,71m, 76kg, a enrichi sa prestation d’un essai, le troisième des Sud-Africains (26e) et, tout au long du match, a marqué les esprits par sa vitesse et ses appuis de feu retrouvés. Il a été le joueur sur le terrain qui a gagné le plus de mètres ballon en main (132), a sonné la révolte d’une relance électrique à l’heure de jeu, alors que les Springboks étaient acculés dans leurs cordes par le rouleau compresseur français (les Bleus menaient 25-19 à la 54e).

– Avec leurs meilleurs vieux –

Au-delà du cas Kolbe, c’est toute l’ossature du groupe champion du monde en 2019 qui retrouve au meilleur moment sa meilleure forme, à l’image de Handré Pollard, Faf De Klerk ou bien encore Eben Etzebeth, omniprésent dimanche soir à Saint-Denis.

Avec une moyenne d’âge de 30,4 ans, l’Afrique du Sud est, de loin, l’équipe la plus âgée du Mondial français, mais le poids des années ne semblent pas peser sur Duane Vermeulen ou Deon Fourie, 37 ans chacun.

Ils le doivent beaucoup à la gestion des corps, jusqu’ici parfaite, du duo Rassie Erasmus-Jacques Nienaber, respectivement directeur du rugby et sélectionneur des Boks.

« En moyenne, les joueurs ont disputé 162 minutes dans cette Coupe du monde », a comptabilisé le premier. Un joueur qui aurait disputé l’intégralité des cinq rencontres des Boks aurait passé environ 400 minutes sur le terrain.

A l’approche du quart de finale, les deux têtes chercheuses n’ont pas hésité à sortir leur N.8 titulaire Jasper Wiese du groupe des 23, lui préférant l’expérience de Vermeulen qui était pourtant mis en retrait depuis le début du Mondial. « Mais il n’est pas dit que Jasper ne soit pas titulaire pour la demie », a déjà prévenu Nienaber.

Maîtres-stratèges, le directeur du rugby sud-africain et son sélectionneur brouillent les cartes, recherchant pour chaque match les profils les mieux adaptés aux adversaires du jour.

Ils n’ont pas eu d’état d’âme à placer Pollard sur le banc des remplaçants dimanche, quand tout le pays comptait sur la précision de son jeu au pied. En 50 minutes, Manie Libbok, l’autre ouvreur, a fait marquer deux essais aux siens par ses chandelles et laissé le soin à Pollard de terminer la rencontre et d’inscrire notamment une pénalité de plus de 50 mètres pour donner un avantage définitif aux siens (29-25, 69e).

En reprenant les rênes d’une équipe moribonde, en 2018, un an avant le Mondial japonais, les inséparables Erasmus et Nienaber avaient paré au plus pressé, élaborant un plan de jeu minimaliste, mais ultra efficace.

Quatre ans plus tard, leur groupe dispose de beaucoup plus de cordes à son arc.

« Nous avons dû nous adapter pour essayer de marquer des essais en pratiquant un rugby plus ouvert, plus fluide et plus courant », a convenu Erasmus en faisant remarquer que ses arrières marquaient plus d’essais que ses avants dans ce tournoi.

Mais l’idée n’est pas de séduire. « Nous ne voulons pas être une merveilleuse équipe de rugby que le monde entier adore, prévient-il, nous voulons seulement marquer des essais. » Et marquer l’histoire en devenant la première équipe quatre fois championne du monde.

© 2023 AFP

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