Classique contre innovante, les charnières françaises et sud-africaines à la loupe par Yachvili

Le choc, dimanche en quart de finale du Mondial-2023, entre la France et l’Afrique du Sud, opposera deux charnières de très haut niveau, une classique articulée autour d’Antoine Dupont et Matthieu Jalibert, côté Bleus, et une plus innovante composée de Manie Libbok et Cobus Reinach, côté Boks.

En France ou en Afrique du Sud, on n’a parlé que de cela. Qui sera le demi de mêlée des Bleus? Qui sera l’ouvreur des Boks?

Les sélectionneurs ont tranché vendredi et vont offrir « un sacré duel à la charnière », salive déjà auprès de l’AFP l’ancien N.9 international Dimitri Yachvili (61 sélections entre 2002 et 2012).

D’autant plus que le duo à la tête des Springboks, Jacques Nienaber et Rassie Erasmus, a pris tout le monde de court en titularisant Cobus Reinach et Manie Libbok, au lieu des expérimentés champions du monde 2019 Faf de Klerk et Handré Pollard.

« Prenez un gars comme Cobus, il joue un rugby exceptionnel, tout comme Faf d’ailleurs. Même chose pour Manie (qui) est sans doute notre demi d’ouverture le plus en forme, a justifié Nienaber. Je crois qu’on n’a perdu qu’un seul match cette année lorsqu’il a démarré en 10 (contre l’Irlande, 13-8, NDLR). L’équipe est performante quand il est titulaire en 10, c’est aussi simple que cela ».

– Dupont casqué –

Cobus Reinach et Manie Libbok n’ont été associés dans le XV de départ sud-africain que deux fois, en Rugby Championship contre l’Australie à Pretoria (43-12) puis en match de préparation à la Coupe du monde face à l’Argentine (24-13) à Buenos Aires.

Côté XV de France, on a opté pour une charnière sans surprise, qui était attendue depuis le retour « à 100% de ses capacités » selon William Servat, du demi de mêlée et maître à jouer des Bleus Antoine Dupont.

Opéré le 22 septembre au lendemain d’une fracture maxillo-zygomatique subie contre la Namibie (96-0), le capitaine tricolore, meilleur joueur du monde en 2021, avait engagé depuis une course contre-la-montre pour être opérationnel pour les quarts.

Après avoir obtenu lundi un avis favorable de son chirurgien, il a pu s’entraîner à nouveau normalement cette semaine et donc reprendre la place qu’il avait laissée contre l’Italie à son remplaçant Maxime Lucu.

Casqué – « c’est un souhait du chirurgien » a-t-il confié vendredi -, il sera donc associé dimanche à Matthieu Jalibert, qui a pris son envol au cours de la compétition, tentant de faire oublier qu’il n’était jusqu’alors « que » le remplaçant de Romain Ntamack, forfait sur blessure avant le début de la Coupe du monde.

Une prise de fonction dont la période d’essai pourrait prendre fin face aux Boks selon Yachvili, devenu consultant pour France Télévisions, qui affirme que Jalibert va passer dimanche « un beau test, lors d’un match à très haute intensité ».

– Prise de risque –

A ce duo sans surprise sera opposée au Stade de France une charnière beaucoup moins attendue.

En plaçant Pollard et de Klerk à la surprise générale sur le banc des remplaçants, l’encadrement des Boks a en effet laissé entendre que les vieilles recettes sud-africaines à succès, basées sur le défi physique, l’occupation et une défense agressive, étaient ringardes.

Avec Libbok et le polyvalent Reinach, place à l’imprévisibilité, à la créativité et surtout une prise de risque plus importante.

Mais attention, prévient Dimitri Yachvili, Libbok, titularisé en N.10 lors des trois premières rencontres de l’Afrique du Sud dans ce Mondial, « est certes capable de prendre des initiatives mais on n’est pas certain de sa réussite au pied » (72% de réussite depuis juillet 2022, contre près de 89% pour Pollard, NDLR).

Contre l’Irlande, il avait ainsi raté deux coups de pied dans les cordes de n’importe quel buteur de stature internationale. Et les Boks s’étaient inclinés de peu (8-13).

Avec ces deux charnières que tout semble opposer, la France et l’Afrique du Sud ont tenté un coup d’échec. Reste à savoir qui mettra l’autre mat.

© 2023 AFP

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