Mondial-2023: « cuillère », « caramel » et « pizza », le jargon du menu rugby

plaquage

Eviter les « pizzas  » mais enchaîner les « caramels », réussir une « cuillère » mais ne pas faire de « cathédrale « : tantôt bâtisseurs, parfois cuisiniers, les joueurs devront maîtriser les gammes du jargon truculent du rugby s’ils veulent soulever le titre lors du Mondial-2023 en France (8 septembre-28 octobre).

Pour les « déménageurs de pianos » ou les « gros », à savoir les huit joueurs de devant, qui portent de moins en moins bien ce dernier surnom à mesure que le professionnalisme gagne ce sport, tout commence aux fourneaux.

Pas question pour le talonneur de « lancer une pizza » en touche, au risque de perdre la balle qui atterrirait dans les mains d’un adversaire après un lancer hasardeux. Mieux vaut la conserver au chaud dans une « cocotte », où François Cros, Paul Willemse et les autres avants bleus pousseront en entourant le porteur du ballon.

Si le temps des « fourchettes », geste vicieux consistant à mettre ses doigts dans les yeux de l’adversaire, ou celui des « salades de phalanges » à savoir des coups de poing, est bien révolu, on attend des avants qu’ils mettent un « arrêt-buffet » en distribuant des « caramels », des plaquages dévastateurs aussi appelés « tampons » ou « cartouches ».

Parfois maladroit, l’avant peut se retrouver à envoyer un « parpaing », une passe « dans les chaussettes » mal ajustée que son coéquipier plus agile tentera de rattraper.

Mais jamais un joueur ne peut réaliser un plaquage « cathédrale », en retournant son adversaire de manière à ce qu’il retombe la tête vers le sol, au risque de l’expulsion définitive. Lorsqu’il est privé du ballon, charge à lui d’être présent au « grattage » au sol pour le récupérer à la force des biceps, domaine où la France brille avec son talonneur Julien Marchand ou le N.8 Gregory Alldritt.

– Chistera et pas de l’oie –

Une fois les jambes alourdies par ce combat, les espaces s’ouvrent et avec eux débarquent la panoplie des beaux gestes techniques.

D’une seule main, l’ouvreur Matthieu Jalibert et les autres arrières envoient acrobatiquement une « chistera » dans leur dos, tentent de passer leurs adversaires sur un « cad deb », ou « cadrage débordement », changement brusque d’appui que réussit régulièrement avec brio l’ailier Damian Penaud.

Plus rare, il peut tenter un « pas de l’oie », une feinte dont le faux pas d’arrêt trompe l’adversaire, geste immortalisé par l’ancien ailier australien David Campese.

Sport né en Angleterre, le rugby regorge de termes directement tirés de la langue anglaise, comme « l’offload » ou passe après contact, où le joueur parvient à donner la balle alors même qu’il est plaqué.

Aidé d’une « croisée », où la course sans ballon d’un coéquipier trompe le défenseur, ou d’un bon « raffut » pour écarter de la main son vis-à-vis, un joueur perce enfin : mais gare à la « cuillère » d’un adversaire qui, d’un plongeon, rattrape le pied de son adversaire pour le déséquilibrer et le faire chuter.

A moins qu’un dernier défenseur, dans un geste désespéré et illégal, ne gratifie le porteur de balle d’une « cravate » en envoyant son avant-bras en pleine figure plutôt que de le voir arriver en « terre promise », à savoir l’en-but.

Si le jeu reste fermé et que les occasions se font rares, les demis de mêlée usent et abusent des « coups de pied dans la boîte », qu’ils tapent eux-mêmes depuis l’arrière d’un regroupement. Ils peuvent aussi laisser le soin à leur ouvreur de monter des « chandelles » les plus hautes possibles pour éclairer la voie… et espérer que l’adversaire rate la réception de ce ballon haut.

Quand le tableau d’affichage affiche 80 minutes, si tout s’est bien passé, et que l’arrière Thomas Ramos et les autres buteurs ont « enquillé » les pénalités en les passant entre les perches, place à la « troisième mi-temps ». Où ce sont des verres que les joueurs enquilleront cette fois, lors des mémorables libations qui accompagnent les titres comme les défaites au rugby.

© 2023 AFP

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