Comment la France va-t-elle répondre au défi physique imposé par les Sud-Africains, quel rôle stratégique tiendra le banc, comment Antoine Dupont gèrera-t-il la rencontre et Manie Libbok s’améliorera-t-il devant les perches? L’AFP a identifié quatre éléments-clés du quart de finale du Mondial-2023 dimanche (21h00).

. Défi physique

La dimension physique est l’une des marques de fabrique de l’Afrique du Sud, comme l’a résumé cette semaine William Servat, l’entraîneur des avants du XV de France: « C’est une équipe qui marque ses adversaires, une équipe très dense et très costaud ».

« Je sais que les Français se préparent pour un combat physique. On ne va pas cacher qui on est: notre moteur, c’est le travail acharné et la dimension physique », confirme le capitaine des Springboks, Siya Kolisi.

Et le fait que Jacques Nienaber, son sélectionneur, ait choisi une équipe plus mobile, en titularisant une charnière surprise, Cobus Reinach-Manie Libbok, sa composition comporte encore quelques gros bras, que les Français devront affronter.

Une seule solution pour cela: « Mettre plus d’intensité que d’habitude pendant 80 minutes », estime le N.8 des Bleus Grégory Alldritt.

. De l’importance stratégique du banc

Désormais directeur du rugby, l’ex-sélectionneur des Springboks Rassie Erasmus est un vieux briscard, adepte des « coups », notamment dans sa composition d’équipe, qu’il élabore aux côtés de Nienaber, son adjoint lors du Mondial-2019 au Japon.

Ainsi, face à l’Irlande, l’encadrement sud-africain a tenté un banc à sept avants et un seul arrière (« 7-1 »), afin de conserver son explosivité devant durant toute la rencontre.

Face à la France, ils ont choisi un « 5-3 », plaçant sur le banc six champions du monde 2019: les trois arrières Faf De Klerk, Handré Pollard et Willie Le Roux, et trois avants, Vincent Koch, RG Snyman et Kwagga Smith.

« Ce qui compte, c’est le groupe. On choisit les meilleurs 23 en fonction de l’adversaire », se justifie Nienaber. « Ce n’est pas pour autant qu’on renie notre identité » basée sur l’impact physique.

Dans cette partie d’échecs que se livrent à distance, les sélectionneurs français et sud-africains, Fabien Galthié a opté de son côté pour un banc moins équilibré en « 6-2 », où le polyvalent troisième ligne Sékou Macalou peut également couvrir les postes de trois-quarts.

. Antoine Dupont: stop ou encore?

Opéré le 22 septembre au lendemain d’une fracture maxillo-zygomatique subie contre la Namibie (96-0), le demi de mêlée du XV de France Antoine Dupont, qui jouera casqué à la demande de son chirurgien, fait son retour.

Une bonne nouvelle pour ses coéquipiers, moins bonne pour ses adversaires: « Chaque fois qu’il joue, c’est comme si on se repassait les meilleurs moments d’un match magique », s’émerveille Reinach, qui le croise en Top 14 avec Montpellier. « Il y a toujours une transversale au pied, une passe spéciale, un moment où il envoie quelqu’un à l’essai. C’est un joueur phénoménal ».

S’ils s’en défendent, les Sud-Africains, à l’agressivité chevillée au corps, vont cibler le demi de mêlée français et sa pommette encore fragile.

L’intéressé ne s’en émeut pas, s’apprêtant à souffrir, mâchoire endolorie ou non: « Il faut que l’on soit prêts à souffrir pour arriver à ce que l’on veut. On a des objectifs très élevés. (…) Si on n’est pas prêts à ça, on n’est pas prêts à aller là où on veut aller. »

. Libbok tiendra-t-il la distance de Ramos?

Le choix le plus fort de la composition sud-africaine réside au poste d’ouvreur que Manie Libbok, préféré à Handré Pollard, va occuper.

Libbok est le symbole autant que le garant de l’évolution du style de jeu springbok, plus porté vers la possession du ballon et donc le jeu à la main.

Si sa titularisation est un choix fort, c’est que Libbok ne tourne qu’à 55% de réussite au pied, contre 100% pour Pollard (qui n’a toutefois tenté et réussi que 4 tirs au but) quand la France dispose avec Thomas Ramos du meilleur réalisateur du Mondial jusqu’à présent (61 points).

Un « détail » pour Nienaber: « Manie (Libbok) gère super bien le jeu et il est en forme. La différence, c’est qu’à l’ouverture avec nous, il a marqué quatre essais, contre un pour Handré ».

© 2023 AFP

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