Handré Pollard, monsieur finales

Handre Pollard

C’était écrit: quatre ans après, Handré Pollard a de nouveau conduit l’Afrique du Sud au titre mondial grâce à ses 12 points au pied samedi en finale face à la Nouvelle-Zélande, sévèrement punie de son indiscipline (12-11) en première mi-temps.

La pluie fine qui s’abattait sur le Stade de France ne se prêtait pas à de grandes envolées et on pouvait s’attendre avant même le coup d’envoi que le demi d’ouverture sud-africain soit l’un des acteurs majeurs des 80 dernières minutes du tournoi.

Il l’avait déjà été en 2019 au Japon, dans des conditions aussi incertaines, en inscrivant 22 points lors de la victoire surprise des Springboks contre l’Angleterre (32-12).

Le buteur aux nerfs d’acier a fait un peu moins bien cette fois, avec « seulement » 12 points, tous en première mi-temps avant un deuxième acte en apnée côté sud-africain.

Mais son sans-faute face aux perches (4 sur 4 de réussite) s’est une fois de plus avéré décisif dans la conquête d’un quatrième sacre mondial historique, en dix éditions.

Les All Blacks savaient que la moindre faute dans leur moitié de terrain pouvait être sanctionnée au tableau d’affichage et ça n’a pas manqué, à l’image de cette pénalité réussie de près de 50 mètres à la 19e minute. Une spécialité maison.

Pollard en avait déjà passé une d’une distance comparable la semaine dernière en demi-finale, sur la même pelouse dyonisienne, pour arracher la victoire aux Anglais (16-15) dans les derniers instants.

« C’est pour ça qu’on joue au rugby. Quand on est ouvreur, on vit pour ce genre de moments. C’était génial », avait-il savouré après avoir été désigné homme du match.

– Il n’aurait pas dû être là –

« J’étais comme un fou. Il (Pollard) a un tempérament de dingue et un courage incroyable. Il gère parfaitement la pression », avait salué le pilier Steven Kitshoff au milieu d’un concert de louanges parmi ses coéquipiers.

Avec un buteur aussi fiable, les avants savent que leurs efforts en mêlée sont rarement vains à portée des poteaux et son expérience des grands rendez-vous rassure les plus jeunes.

L’ancien joueur de Montpellier, où il n’a curieusement pas laissé un souvenir impérissable entre 2019 et 2002, n’aurait même pas dû disputer cette finale.

Blessé à un mollet, il n’avait pas été retenu dans le groupe initial pour la Coupe du monde. Mais l’encadrement sud-africain avait profité du forfait du talonneur Malcolm Marx pour le rappeler au cours du tournoi alors qu’il avait à peine retrouvé les terrains avec son club anglais de Leicester.

Un pari tactique risqué mais nécessaire (et gagnant) en l’absence de buteur de haut niveau dans les rangs Springboks, le jeune ouvreur Mannie Libbok ayant montré ses limites dans l’exercice malgré un profil plus joueur.

Le sélectionneur Jacques Nienaber avait pourtant appelé à « rester mesuré » au retour de Pollard, attendu comme le messie par les supporters sud-africains.

« C’est un joueur de rugby de grande qualité, tout le monde le sait », avait-il dit. « Mais il n’a pas joué avec les Boks depuis fin août 2022 ».

Ca ne s’est pas du tout vu ces dernières semaines et les rivaux de l’Afrique du Sud ont de quoi être inquiets. A 29 ans seulement, le boss (des) finales peut encore espérer en jouer au moins une autre.

© 2023 AFP

Sexy Rugby : Boutique Rugby