Ian Foster, la revanche d’un mal-aimé

Ian Foster All Blacks

Très proche de se faire licencier l’an dernier, Ian Foster a redressé la barre pour guider la Nouvelle-Zélande en finale de la Coupe du monde face à l’Afrique du Sud samedi, une belle revanche personnelle après avoir été violemment critiqué.

Son poste ne tenait plus qu’à un fil, le 13 août 2022, lorsque son équipe, menée par les Springboks à Johannesbourg dans le Rugby Championship, était sur le point de concéder une sixième défaite en sept matches.

Deux essais inespérés dans les dernières minutes, en infériorité numérique, ont sauvé la tête de celui que la presse néo-zélandaise présentait alors comme « l’un des pires sélectionneurs de l’histoire des All Blacks ».

Devenu le bouc émissaire du déclin de la Nouvelle-Zélande, éjectée pour la première fois de son histoire du top 3 mondial, Foster s’attendait tout de même au coup de sifflet de final à être remercié.

« Je me suis dit que ce n’était pas une si mauvaise façon de partir », raconte-t-il dans la série documentaire « All Blacks: In Their Own Words ». « Je suis rentré au vestiaire. Je me suis assis, tout seul, et j’ai laissé échapper quelques larmes ».

Plusieurs de ses joueurs, dont les cadres Ardie Savea, Beauden Barrett et Aaron Smith, sont allés après la rencontre plaider sa cause auprès du patron de la Fédération néo-zélandaise Mark Robinson.

« Le grand chef (Robinson) nous a entendus », témoigne le troisième ligne Savea dans le même documentaire. « On lui a dit qu’il pouvait écouter les différents avis, mais que nous étions les premiers concernés et que nous pensions qu’il (Foster) était un super coach ».

– « L’équipe avant tout » –

Le désamour entre Foster (58 ans) et les médias néo-zélandais a débuté dès sa nomination à la tête de la sélection, au lendemain du Mondial-2019, à la suite de Steve Hansen, dont il avait été adjoint pendant huit ans.

Le choix de la continuité alors que beaucoup espéraient l’entraîneur des Crusaders Scott Roberston (49 ans), plus jeune et plus charismatique.

Ce dernier prendra finalement les rênes des All Blacks à l’issue de la Coupe du monde, quel que soit le résultat de la finale contre l’Afrique du Sud au Stade de France.

Après avoir décidé l’an passé de conserver Foster, la Fédération néo-zélandaise a tout de même anticipé la désignation de son successeur, officiellement pour empêcher des sélections rivales de débaucher Robertson.

Un empressement qui avait irrité le sélectionneur en place, jugeant ouvertement que le timing de l’annonce était susceptible de perturber la préparation de son équipe pour le Mondial.

Elle est aujourd’hui aux portes d’un quatrième titre historique dans la compétition, mais Foster a refusé d’en faire « une affaire personnelle » après la victoire autoritaire contre l’Argentine la semaine dernière en demi-finale (44-6).

« Tout ce qui compte, c’est les All Blacks », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé s’il était animé par un sentiment de revanche après avoir traversé des moments difficiles. « Des choses ont été dites sur les joueurs et sur moi, mais l’équipe passe avant tout ».

Quelle sera sa place au panthéon du rugby néo-zélandais en cas de sacre samedi? Son bilan à la tête de la sélection (71% de victoires), très en-deçà de ceux de ses prédécesseurs Graham Henry (85%) et Steve Hansen (87%), ne prête pas forcément à l’immortalité.

© 2023 AFP

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