Mondial-2023: « Il y a un peu de peur mais de la bonne peur », juge Adrien Motoc (Roumanie)

Bordeaux, 8 sept 2023 (AFP) – Petit Poucet du groupe B, la Roumanie attaque sa neuvième campagne mondiale en manque de certitudes et de repères, quelques naturalisés pour leur puissance et leur état d’esprit, mais avec une farouche envie d’exister, reconnaît dans un entretien à l’AFP le deuxième ligne Adrian Motoc.

Q: Comment expliquez-vous vos difficultés actuelles, cette campagne de préparation qui s’est achevée par trois défaites et 48 points de moyenne encaissés ?

R: « C’était une période dure, on n’a pas pu faire ce que l’on a voulu, c’était compliqué. On peut trouver plein d’excuses, plein d’explications comme le nouveau système (avec Vern Cotter comme consultant), la chaleur, la longueur du terrain. La vérité c’est qu’on n’a pas été au niveau sur ces trois matches-là (contre les États-Unis, la Géorgie et l’Italie). On a beaucoup appris et on espère faire beaucoup mieux lors des prochains matches ».

Q: Dans la poule B, vous considérez-vous comme le Petit Poucet, appelé à faire de la figuration ?

R: « On est le pays le moins bien coté, 19e au classement mondial. Les derniers résultats, ce n’est pas ce que l’on espérait. Donc c’est normal d’être qualifié ainsi. L’Irlande est la première nation au monde, l’Afrique du Sud est championne du monde, l’Écosse est dans un état de fou, 5e mondiale, et les Tonga ont récupéré des joueurs qui ont choisi de jouer pour leur pays d’origine et seront une très grosse équipe. On n’est pas dans la meilleure poule mais on fait avec ce que l’on a ».

Q: Est-ce que ça ne fait pas un peu peur ?

R: « Un peu peur mais c’est une bonne peur car ce sont de grosses nations que nous, joueurs, rêvons de rencontrer. Car jouer tout le temps contre des +petites+ nations, ce n’est pas là que tu apprends le plus ».

Q: On imagine que c’est long huit ans sans disputer la Coupe du monde, vous qui étiez toujours présent avant 2019 ?

R: « Pour 2019, il y a eu cette histoire avec ce joueur non-éligible (Sione Faka’osilea, tongien d’origine) et on s’est fait disqualifier. Après, tout a coulé car en Roumanie où on essaye de survivre, on n’a pas vraiment de vision. Ne pas aller au Japon en 2019 nous a fait très mal. Une Coupe du monde, c’est une vitrine pour les jeunes joueurs qui n’ont pas pu se montrer à notre peuple. Le championnat de Roumanie est très pauvre, on ne joue que le VI Nations B, soit cinq matches par an contre des nations comme l’Espagne ou le Portugal qui ne sont pas des grands noms du rugby ni les plus attractifs. A partir de là, on n’a plus eu de bons résultats ».

Q: La naturalisation de six joueurs du Pacifique qui participeront au Mondial avec vous est-elle une réponse à ce déclin ?

R: « Ces naturalisés jouent depuis longtemps en Roumanie, ça profite à notre championnat d’avoir des joueurs étrangers pour augmenter le niveau. Après quelques années de présence, ils ont choisi de jouer pour nous, c’est un plus. Ils apportent leur puissance, beaucoup de puissance au niveau des trois-quarts, leur gabarit. Nous aussi, on a de la puissance mais il nous manque de la vitesse et de la vision alors qu’eux amènent un autre esprit rugby. C’est leur nature, ils vivent depuis toujours avec un ballon de rugby entre les mains, c’est une autre mentalité qui peut nous aider aussi car on a besoin de changement, de voir ce qui se passe à côté ».

© 2023 AFP

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