Mondial-2023: la blessure, un passage obligé dans le rugby

blessure

Le nombre de blessés dans les rangs du XV de France avant le Mondial-2023 (8 septembre – 28 octobre) peut être considéré comme de la malchance, mais se blesser pour un joueur de rugby est un passage obligé plus qu’une fatalité, selon un médecin du sport.

Anthony Jelonch en février (rupture du ligament croisé du genou), Romain Ntamack (rupture du ligament croisé du genou) et Cyril Baille (lésion au mollet) tous deux mi-août, Jonathan Danty (ischio-jambiers) mercredi et depuis vendredi, Paul Willemse (cuisse)… L’infirmerie n’a cessé de se remplir du côté des Bleus, hôtes de la Coupe du monde.

A qui la faute ? Aux cadences infernales qui touchent les internationaux, entre championnat, tournées, Coupes d’Europe et Tournoi des six nations ? A la préparation, longue et intense ? Aux quatre test-matches en août ?

« Ce débat, on l’entend mais le rugby est un sport de combat et on sait qu’on peut se blesser à l’entraînement, comme à l’échauffement ou en match », avait balayé le 24 août le sélectionneur Fabien Galthié, avant la dernière rencontre des Bleus contre l’Australie.

– Collision –

Pour la médecine, le problème est tout simplement inhérent à la discipline.

« Déjà, il faut savoir que le rugby, auparavant classé dans les sports de contact, est désormais considéré comme un sport de collision depuis +l’athlétisation+ des joueurs, car leurs poids et leur vitesse ont augmenté », explique à l’AFP le docteur Jean-Christophe Miniot, médecin du sport à la clinique Drouot à Paris.

Et « on voit bien qu’au niveau des plaquages et des regroupements, pendant les rucks, les impacts sont assez importants », ajoute-t-il. C’est d’ailleurs dans ces secteurs que la majorité des blessures est à déplorer.

Au vu des statistiques, les écarts de risque de blessure sont très importants entre rugby professionnel et amateur: « un gamin en école de rugby a ainsi 40 fois moins de risque de se blesser qu’un joueur pro », détaille Jean-Christophe Miniot, ex-médecin du Racing Métro (aujourd’hui Racing 92).

Pour le dire simplement « et regarder les choses en face », souligne-t-il, « le problème au rugby, ce n’est pas de savoir si on va se blesser, mais quand et quelle sera la gravité de la blessure ».

« On se blesse de toutes les façons, quoi qu’il arrive, quand le niveau est élevé », souligne le médecin. Les blessures représentent de surcroît un coût financier pour les clubs, compte tenu de la durée de certains arrêts de travail.

– « Meute » –

Les blessures touchent à 42% la tête et le cou, à 18% les membres supérieurs (dont les deux tiers environ concernent l’épaule, entorse acromio-claviculaire et luxation majoritairement), à 7% le thorax et à 33% les membres inférieurs (dont un tiers de lésions musculaires et un autre tiers touchant le genou).

Si le rugby occasionne désormais moins de morts sur les terrains, ou de joueurs devenus tétraplégiques, notamment en raison d’un changement des règles, le fait est que « plus vous accumulez les heures de jeu, plus vous risquez de vous blesser », souligne Jean-Christophe Miniot.

Paradoxalement, être en indisponibilité peut s’avérer bénéfique pour les joueurs, surtout internationaux, qui peuvent alors en profiter enfin pour se reposer, voire pour prendre soin de leur santé mentale.

Le syndicat des joueurs Provale a mis en place une cellule psychologique mais du travail reste à faire au niveau des clubs.

« Le premier qui en a parlé (de santé mentale), c’est Christophe Dominici dans les années 2000, qui avait fait une vraie dépression dont il ne s’est jamais vraiment remis », rappelle Jean-Christophe Miniot.

En fait, conclut-il, « un club de rugby, c’est une meute ». Or, exprimer son mal-être, c’est montrer ses faiblesses et prendre le risque de ne plus faire partie des « dominants » dans un vestiaire.

© 2023 AFP

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