Mondial-2023: les Boks croient en Libbok

Manie Libbok

Le manque de réussite face aux perches de leur ouvreur Manie Libbok, coupable de trois échecs dimanche contre l’Ecosse (18-3), pourrait être le talon d’Achille des Sud-Africains dans la défense de leur titre mondial, même s’ils affirment ne pas s’en inquiéter.

Sa magnifique passe aveugle au pied pour envoyer à l’essai son ailier Kurt-Lee Arendse a marqué les esprits et lui a en partie valu d’être désigné homme du match. Son tout premier dans un Mondial.

« C’est un honneur de porter ce maillot et d’avoir l’opportunité de représenter mon pays en Coupe du monde, un rêve qui se réalise », a savouré le joueur de 26 ans. « Je suis ravi que cette première se soit passée de la sorte. Je vais pouvoir en tirer de la confiance pour la suite ».

Convaincant dans le jeu courant, Libbok, peut-être rattrapé par la pression et ses émotions, a en revanche laissé huit points en route sur trois tentatives abordables (deux pénalités et une transformation) avant d’être secondé par le demi de mêlée Faf de Klerk, lui-même auteur d’un échec.

L’Angleterre de Jonny Wilkinson en 2003, l’Afrique du Sud de Percy Montgomery et Handré Pollard en 2007 et 2019, la Nouvelle-Zélande de Dan Carter en 2015… Les équipes sacrées championnes du monde ont presque toujours pu dans l’histoire s’appuyer sur un grand buteur.

En l’absence de Pollard, blessé à un mollet, les Springboks cherchent toujours le leur alors que Libbok (10 sélections) ne tourne depuis ses débuts internationaux l’an dernier qu’à un peu plus de 60% de réussite, très loin des meilleurs spécialistes.

Kolisi au créneau –

Lorsque l’AFP lui a demandé dimanche si cette carence pouvait être une source d’inquiétude pour la suite du tournoi, Jacques Nienaber, d’habitude si volubile et transparent face aux médias, a botté en touche. « Tant qu’il est élu homme du match… », a-t-il simplement répondu avec un sourire en coin.

Assis à ses côtés dans la grande salle de presse du Stade Vélodrome, le capitaine Siya Kolisi s’est lancé peu après, sans y avoir été invité, dans une tirade passionnée pour prendre la défense de son coéquipier, signe que le sujet est assez sensible chez les Sud-Africains.

« Il ne faudrait pas oublier à quel point il (Libbok) a été bon aujourd’hui en attaque et dans sa gestion du jeu », a rappelé le troisième ligne. « Ça arrive de ne pas tout maîtriser dans un match, mais on joue en équipe ».

« Si quelqu’un est un peu moins bien dans un domaine, quelqu’un d’autre prend le relais. « Faf (de Klerk) peut buter, Cheslin (Kolbe) peut buter… C’est la même chose pour moi: je ne sais pas quelles décisions prendre parfois et Duane (Vermeulen) ou Eben (Etzebeth) le font pour moi », a-t-il poursuivi avant d’être applaudi par une partie de l’auditoire.

Fin connaisseur du poste, le sélectionneur de l’Ecosse Gregor Townsend a aussi préféré souligner la « menace » que faisait peser sur les défenses adverses le nouveau demi d’ouverture sud-africain, « un joueur complet et précis dans son jeu au pied ».

« C’est un atout supplémentaire dans des lignes arrières et une équipe d’Afrique du Sud qui ne manquaient déjà pas de talent », a-t-il salué. « Il les aide à proposer un jeu plus offensif que lors de la dernière Coupe du monde ».

De quoi fermer les yeux encore un peu sur ses difficultés dans l’exercice des tirs au but. « Tant qu’il est élu homme du match… »

© 2023 AFP

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