Mondial-2023: Pour Pablo Lemoine, entraîneur du Chili, être qualifié « est déjà une victoire »

Pablo Lemoine

Participer à la Coupe du monde 2023 « est déjà une victoire » pour l’équipe chilienne, qualifiée pour son premier Mondial, a expliqué son sélectionneur Pablo Lemoine dans un entretien accordé à l’AFP avant le début de la compétition.

L’ex-international uruguayen, qui préside aux destinées de « Los Condores » depuis 2019, est l’architecte de la professionnalisation du rugby au Chili avec comme point d’orgue cette qualification historique.

En moins de quatre ans, le Chili est passé de l’amateurisme à une équipe professionnelle compétitive, la Selknam, qui participe aujourd’hui au Super Rugby Americas (championnat de provinces d »Amérique du nord et du sud) et constitue la colonne vertébrale de la sélection nationale, alignée dans la poule D aux côtés de l’Angleterre, de l’Argentine, du Japon et des Samoa.

Le Chili, 22e au classement mondial, s’est incliné dimanche avec les honneurs lors de son entrée dans la compétition face au Japon, qui a pris le large en fin de rencontre (42-12).

« Contrat rempli » pour cette entrée en matière, s’est félicité après le match Pablo Lemoine, « fier » de ses joueurs, qui affronteront les Samoa samedi. « Notre objectif était de montrer une belle image et nous l’avons fait ».

L’ex-pilier du Stade français (2000-2006, deux Boucliers de Brennus), premier uruguayen passé professionnel en 1998 à Bristol (ENG), veut faire en sorte que cette entrée dans la cour des grands du rugby ne soit pas un épiphénomène mais ancre le ballon ovale dans la culture chilienne. Et qu’il devienne « le deuxième sport du pays » après l’indéboulonnable football.

« Il y a un an, on n’existait pas, littéralement on n’était pas sur la photo. On arrive en étant +le petit nouveau+. Ce surnom tu ne l’auras plus si tu arrives à te qualifier dans quatre ans, puis dans huit ans, mais jusque-là tu restes ce +petit nouveau+ », a déclaré Pablo Lemoine, 48 ans, dans un entretien avec l’AFP à Santiago avant le départ pour la France.

– « Bousculer la hiérarchie » –

« Le monde du rugby est très fermé. On retrouve toujours les mêmes et au bout du compte, c’est un exploit d’arriver à bousculer la hiérarchie », dit-il, rappelant que « la dernière nouvelle équipe à s’être qualifiée a été la Russie en 2011 », après les disqualifications de la Roumanie, de l’Espagne et de la Belgique en raison de la présence de joueurs non éligibles dans leurs rangs lors des qualifications dans la zone Europe.

Le Chili doit-il sa qualification à une « génération dorée » de joueurs ayant réussi l’exploit d’éliminer les Etats-unis et le Canada, traditionnels invités parmi le gratin mondial ?

« Pas du tout, on fait de notre mieux pour ne pas en avoir une », tranche Lemoine. « On pense à l’avenir, à la formation, au développement, car l’un de nos objectifs est que le rugby devienne le deuxième sport au Chili ».

Selon lui, « au Chili, le rugby est un outil social et d’intégration » et « la grande mission de Los Condores dans cette Coupe du monde est de donner une visibilité à tous ces projets rugby dans les villes » éloignées de la capitale Santiago, citant « Calama, Antofagasta, Temuco, Valparaiso, Talcahuano, Curico et dans 20 autres endroits ».

Et « s’il y a du rugby dans tout le Chili, c’est parce que Los Condores ont des résultats. C’est notre moteur », assure-t-il.

– Comparaison avec Bielsa –

Dans le pays andin, la tentation a été grande de comparer Lemoine avec l’Argentin Marcelo Bielsa, qui en 2007 a repris en mains l’équipe nationale de football chilienne, réorganisant l’ensemble des sélections nationales et la formation des jeunes avant de la qualifier pour le Mondial-2010 où elle a seulement été éliminée en 8e de finale par le Brésil.

« Je n’aime pas trop les comparaisons », rétorque-t-il. « Ce que je trouve bien, c’est de me comparer à une personne qui est venue et qui a réussi à générer un projet, à faire grandir une équipe, à lui donner des principes, des valeurs et à tout laisser en place pour que d’autres entraîneurs puissent venir prendre la suite », indique-l’ex-pilier.

« Ce que nous pouvons avoir en commun avec Bielsa, c’est que nous avons tous les deux vu un potentiel dans le sport chilien que les Chiliens eux-mêmes ne voient peut-être pas ».

© 2023 AFP

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