Sam Whitelock, un taiseux aux portes de l’histoire

Whitelock allblacks

« Est-il le plus grand? C’est un grand débat »: le deuxième ligne néo-zélandais Sam Whitelock, aussi taiseux que besogneux, peut marquer encore un peu plus l’histoire du rugby en devenant samedi, à 35 ans, le premier joueur à remporter trois Coupes du monde.

Il avait à peine 23 ans et pas encore de reflets blancs dans sa barbe fournie et ses cheveux en bataille lorsqu’il a disputé et gagné sa première finale à l’Eden Park d’Auckland contre la France (8-7) en 2011.

L’inoxydable géant (2,02 m, 117 kg) était encore titulaire quatre ans plus tard à Twickenham pour aider les All Blacks à conserver leur titre face à l’Australie (34-17).

Il sera cette fois sur le banc au coup d’envoi contre l’Afrique du Sud, mais il foulera sans aucun doute la pelouse du Stade de France à un moment donné, au relais de son vieux compagnon d’armes Brodie Retallick.

Whitelock deviendra alors le premier homme à disputer trois finales mondiales, après avoir déjà battu ces dernières semaines les records du nombre de sélections avec la Nouvelle-Zélande (152), que détenait l’illustre Richie McCaw, et de matches en Coupe du monde (25).

Sera-t-il aussi le premier à soulever trois fois le trophée Webb-Ellis?

« Ce serait incroyable », en salive auprès de l’AFP son petit frère Luke Whitelock, qu’il rejoindra à Pau après le tournoi pour deux saisons en Top 14. « Je ne pense pas que quelqu’un surpassera une statistique comme celle-là ».

« Je suis très fier de ce qu’il réalise », ajoute le troisième ligne de 32 ans. « On a beaucoup parlé de lui: le jour de son 148e match (en sélection), quand il a égalé Richie McCaw, le 149e, quand il l’a dépassé… Au fil des semaines, il a battu des records extraordinaires. Il lui en reste un à établir ».

– Le « GOAT » ? –

Même en y parvenant, Samuel Lawrence Whitelock, comme il est enregistré à l’état civil, n’aura sans doute jamais la renommée internationale d’un McCaw justement ou d’un Dan Carter, doubles champions du monde comme lui.

La faute peut-être à l’humilité naturelle de ce fils d’agriculteurs élevé dans une fratrie de quatre rugbymen, tous devenus professionnels.

« Sam est très discret à propos de son travail. Sa fierté, c’est de s’investir sans faire de bruit », confirme Luke. « Nous ne sommes pas les gens les plus expressifs ».

Messi ou Ronaldo? Djokovic, Federer ou Nadal? En football et en tennis, les discussions sont vives pour déterminer le plus grand joueur de tous les temps, le « GOAT » (acronyme de greatest of all time).

Sam Whitelock pourrait-il être celui du rugby en cas de troisième couronne mondiale?

« Il sera définitivement parmi eux », répond son frère. « Il a eu la chance d’évoluer avec des joueurs fantastiques. Est-il le plus grand? C’est un grand débat. C’est quand même difficile pour moi de l’appeler le +GOAT+, je ne voudrais pas le rendre trop confiant! »

Surnommé « Gandalf » par certains de ses coéquipiers, du nom du sorcier du Seigneur des anneaux, le vétéran néo-zélandais impose en tout cas le respect par sa longévité et sa régularité au plus haut niveau.

« Tout le monde sait que c’est un gros travailleur, mais ce que j’admire le plus chez lui, c’est la façon dont il a su faire évoluer son jeu et grandir », salue le troisième ligne All Black Ardie Savea.

Auteur du grattage de la gagne en quart de finale contre l’Irlande après 37 phases de jeu, décisif sur le premier essai de son équipe la semaine dernière devant l’Argentine, Whitelock a déjà prouvé, s’il le fallait, que son dernier Mondial n’était pas un jubilé.

© 2023 AFP

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