Will Jordan dans la cour des grands

Will Jordan

Auteur d’un triplé contre l’Argentine vendredi en demi-finale (44-6), le Néo-Zélandais Will Jordan, auteur de huit essais sur une même édition, s’est taillé une place de choix dans l’histoire de la Coupe du monde de rugby aux côtés de Jonah Lomu et Bryan Habana.

L’ailier de 25 ans serait aujourd’hui le seul détenteur de ce record si son ouvreur Richie Mo’unga, trop gourmand, l’avait servi sur le côté droit à la 80e minute plutôt que de vouloir aller marquer seul.

Qu’importe, Jordan aura encore une chance d’ajouter un neuvième essai à sa collection personnelle la semaine prochaine en finale et il n’a pas vraiment à rougir de la compagnie actuelle.

Il a tout de même rejoint dans les annales du Mondial un monument du rugby, le regretté Jonah Lomu, qui faisait tomber les défenseurs adverses comme des quilles et avait inscrit 8 essais en 1999.

Un autre de ses compatriotes, Julian Savea, avait également fait parler sa puissance pour compiler lui aussi huit essais en 2015, alors que le Sud-Africain Bryan Habana, autre légende de ce sport, s’était surtout reposé en 2007 sur sa pointe de vitesse.

C’est aussi l’une des qualités de Jordan, dont l’allure de premier de la classe et un physique dans les standards du poste (1,88 m, 91 kg) cachent un finisseur hors pair.

Il n’a pas eu grand-chose à faire sur son premier essai vendredi face aux Pumas argentins, à la réception d’une longue passe de Mo’unga (cette fois), ni sur le deuxième, également tout fait.

Mais le dernier, alors que le match était déjà plié, à la 73e minute, a laissé voir l’étendue de son talent sur une action individuelle de classe, entre accélération foudroyante et coup de pied à suivre parfaitement dosé.

– Migraines récurrentes –

« C’est un joueur à part. Vous savez que quelque chose peut se passer à chaque fois qu’il touche le ballon », a salué après la rencontre son coéquipier Rieko Ioane. « Il a montré toute sa classe et on fera en sorte qu’il marque encore une fois la semaine prochaine (en finale) ».

Auteur de deux doublés contre l’Italie et l’Uruguay lors de la phase de groupes, d’un essai en quart de finale face à l’Irlande et maintenant d’un triplé, Jordan conforte depuis le début du tournoi des statistiques déjà hallucinantes en sélection.

Il a désormais aplati à 31 reprises en 30 apparitions sous le maillot noir à la fougère argentée et peut, à ce rythme, rêver du record de 49 essais de l’ancien ailier Doug Howlett si ses problèmes de santé ne le rattrapent pas.

Sujet à des migraines récurrentes après avoir subi plusieurs commotions, le « serial marqueur » néo-zélandais a récemment été éloigné des terrains pendant huit mois avant de signer un retour fracassant sur la scène internationale en juillet lors du Rugby Championship.

Qualifiés pour la cinquième finale de leur histoire, en dix éditions, les All Blacks sont d’autant plus dangereux offensivement qu’ils disposent avec Mark Tele’a, lui aussi impressionnant face à l’Argentine, d’un autre ailier redoutable.

« Ils (Jordan et Tele’a) ont bien joué et il le fallait car Leicester (Fainga’anuku) avait été bon la semaine dernière » contre l’Irlande en l’absence de Tele’a, puni pour ne pas avoir respecté un couvre-feu, a commenté le sélectionneur Ian Foster.

« Mark a très bien défendu et Will a encore prouvé à quel point il était un excellent finisseur », a-t-il ajouté. « Je suis très satisfait de leur association, avec Beauden Barrett qui fait le lien entre eux au milieu », au sein du triangle arrière (11-15-14).

De quoi donner un autre type de migraine aux futurs adversaires des All Blacks.

© 2023 AFP

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