Rory Kockott, nouvelle casquette, même caractère

Rory Kockott castres

Castres, 6 oct 2022 (AFP) – Ses crampons à peine raccrochés, Rory Kockott, ancien demi de mêlée emblématique du Castres olympique, qui n’a pas eu la fin de carrière espérée, a basculé à 36 ans dans une nouvelle vie d’entraîneur sans se départir de son fort caractère et de son esprit de compétition.

Un hommage lui sera rendu samedi au stade Pierre-Fabre, dont il était devenu l’un des chouchous au fil de ses onze années dans le Tarn, à l’occasion de la réception de Montpellier pour le compte de la 6e journée du Top 14.

La revanche de la finale perdue par le CO en juin dernier (29-10), que le joueur d’origine sud-africaine aurait forcément rêvé de disputer pour clore en beauté sa riche histoire avec le club, ponctuée de deux titres de champion de France en 2013 et 2018.

Mais la logique sportive se moque parfois des sentiments. Passé derrière l’Uruguayen Santiago Arata et le jeune Jérémy Fernandez dans la hiérarchie de son poste, Kockott est resté ce soir-là, impassible, dans les tribunes du Stade de France.

Seul un tweet, vite effacé, de sa femme Stéphanie avait alors trahi son inévitable frustration: « La manière dont sa carrière a pris fin est plus qu’irrespectueuse et injustifiable de la part des personnes en place ».

Les dirigeants castrais n’en ont pas tenu rigueur: quelques jours plus tard, le néo-retraité était nommé entraîneur de la défense en remplacement de l’Anglais Joe Worsley.

– « Envie de gagner » –

Ses anciens coéquipiers l’ont découvert à la reprise sous une nouvelle casquette mais quelques semaines de vacances n’ont pas foncièrement adouci le caractère bien trempé qui a longtemps fait sa réputation, notamment auprès des arbitres.

« Quand il était (numéro) neuf, il parlait beaucoup et il a vraiment gardé cet aspect très expressif en tant que coach sur des points techniques », témoigne le talonneur international Gaëtan Barlot.

« On ne change pas qui on est au fond de soi et il (Rory) a toujours cette niaque, cette envie de gagner qu’il essaie de nous transmettre », appuie le troisième ligne et capitaine Mathieu Babillot.

S’il a conservé la même gouaille et le même degré d’exigence que lorsqu’il était joueur, le coach Kockott dit porter une attention toute particulière à l’aspect relationnel de son nouveau travail.

« Il y a une grande partie technique mais aussi une partie humaine et mentale. L’équilibre entre tout ça est, pour moi, primordial », explique l’ancien demi de mêlée, qui a pris ses marques d’autant « plus facilement » qu’il faisait déjà partie des meubles au CO.

« Si j’étais arrivé ici cette année ou si j’étais parti dans un autre club, ça n’aurait pas été pareil », reconnaît-il. « Le fait de déjà connaître les joueurs est positif, mais ça peut aussi être une contrainte. On ne peut pas garder la même relation. »

– Toujours bruyant –

« C’est le coach, il est au-dessus. Quand il parle, on écoute, c’est une question de respect », note Babillot. « Après, une fois qu’on n’est plus sur le terrain, on peut se chambrer, rigoler de tout et de rien et c’est important de garder ça ».

Pour Pierre-Henry Broncan, entraîneur en chef du CO, la reconversion de Kockott a aussi été facilitée par la nature particulière de son poste: « C’est un avantage d’avoir été demi de mêlée pour passer de joueur à entraîneur, car normalement, tu as réfléchi un peu au jeu dans sa globalité. »

« Ça lui fait du bien, notamment par rapport à l’arbitrage. Il comprend que la discipline est importante », ajoute le technicien gersois. « C’est marrant de voir que le joueur le plus indiscipliné du CO devient l’entraîneur le plus exigeant du CO sur la discipline ».

Ce qui n’empêche pas le natif d’East London en Afrique du Sud, aux 11 sélections avec les Bleus, de se faire encore bien entendre pendant les matches. Assis en tribunes, il est juste désormais un peu plus loin des arbitres qu’avant.

© 2022 AFP

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