SC Albi :chronique, « LE RETOUR DES GOLGOTHS ? »

Petite chronique d’avant saison signée « TARN XV », supporter et amoureux du SC Albi.

Au SCA, le maître mot de la saison dernière, comme des précédentes depuis 2011, aura été « déficit », qu’il soit financier, d’engagement, de puissance, de victoire…

Aujourd’hui avec l’arrivée d’Ugo Mola comme nouveau manger général du club, une nouvelle ère s’ouvre et les premiers changements n’ont pas tardé. D’abord il y a eu une remise à zéro des comptes. Le déficit abyssal des années « TOP 14 » a été au bout de trois ans comblé grâce à l’aide et l’appui des partenaires historiques du club ressoudés autour du président Castanet. Dès lors, et contrairement à la situation que connut Henry Broncan à son arrivée, le nouveau staff put disposer d’un peu de temps et de nouveaux moyens pour s’attaquer à la reconstruction du Sporting.

Une reconstruction, facilitée en cela, par l’émergence d’une jeune classe talentueuse, qu’on doit au travail de formation en profondeur qu’accomplit sans relâche durant ses quatre années dans le Tarn le « sorcier gersois » et son staff.

Restait alors à combler le déficit de puissance constaté sur les deux dernières saisons, qui faisait que même au plus fort de leur domination, les coéquipiers de Julien Raynaud ne parvenaient qu’en de trop rares occasions à franchir les défenses adverses, obligés souvent de s’en remettre à la réussite de leur buteur ou à un exploit individuel, pour s’extirper des bas-fonds du classement de la Pro D2. Usant, au point que le public albigeois, l’un des meilleurs de la deuxième division, s’épuisa et le stadium devint une morne plaine où plus grand monde ne craignait de s’y rendre.

Mais depuis cet été sont arrivés ou revenus les Davétawalu, Faléafa, Farré, Herry, Hough, Lafoy, Le Gal, Mau, Rick, Sheklashvili, Sinclair, Tauméopeau, Tavaléa, Tonga, Valençon… autant dire que dès les premiers jours de juillet, à l’occasion de la présentation de la nouvelle équipe pour la saison 2014-2015, les albigeois furent agréablement surpris pas seulement par les noms des nouveaux arrivants. Le physique de ces véritables colosses venus pour une grande partie de l’hémisphère sud accuse en moyenne près de 190 centimètres sous la toise et plus de 110 kilos sur la balance, tranchant avec celui d’une jeune équipe albigeoise presque jusque-là cent pour cent « Made in France ». On attend aussi beaucoup du retour des quatre grands absents sur blessure de la saison passée : Callau, Fourcade, Maisuradzé et Payen qui ne font pas baisser ces moyennes. Plus que le fait d’avoir comblé le manque de densité déploré jusqu’alors à Albi, reste maintenant à savoir si le staff aura bien trouvé les joueurs capables d’allier vélocité et puissance physique.

Eh bien, il faut le croire ! Invaincus lors des trois matchs amicaux joués tous à l’extérieur, 11 essais marqués pour seulement 5 encaissés… le groupe a assurément emmagasiné à l’occasion de ces rencontres de la confiance avant un premier périlleux déplacement à Bourgoin pour lancer la saison. D’ailleurs les propos de Jean-Christophe Bacca se voulurent rassurant sur ce point à l’issue du premier match amical qui opposa le SCA à Massy à Sainte Foy La Grande. « Nous avons été solides dans les défis. On a montré une certaine densité physique, c’est un bon point. L’équipe a avancé quasi systématiquement lorsque l’unité collective était présente, ce qui, malheureusement, n’a pas toujours été le cas. Notre mêlée a été plutôt conquérante, elle a su mettre de l’avancée (…) L’équipe a montré un réel potentiel que nous devons développer ».

Du côté d’Hossegor la semaine suivante, même impression, pour l’international Robert Bassauri, demi-d’ouverture albigeois des années 50, qui déclara avoir « été impressionné par la puissance du pack albigeois ». « Rien que cela valait la peine d’être noté », renchérit Robert Vedel sur le site de l’association. Et chez les supporters dacquois, même perception, « lors de l’échauffement j’avais un pressentiment au vu des gabarits des deux équipes (…) ces albigeois : quels gabarits, hyper impressionnants ! (…) La 1ère demi-heure, Dax a été archi bouffé. ».  Imposants, balèzes, « Albi (…), c’est très costaud devant on dirait des golgothes certains. »

Un sentiment sur ce nouveau SCA que partageaient enfin les supporters cantalous qui s’étaient déplacés au nouveau stade Jean Alric jeudi soir. « Albi semblait être une équipe de panzers face à des majorettes qui percutaient dans un mur et lâchaient les ballons. Nous manquons cruellement de puissance (…) une touche très contestée, une mêlée en deuxième mi-temps chahutée (…) des albigeois comme on les connait très rugueux mais appliqués, motivés, sûrs de leurs forces face à une équipe sans solutions qui n’a plus d’autres possibilités que de rendre les ballons ou d’improviser des séquences de balayage qui nous ont fait très mal en contre (…) j’ai seulement vu un collectif dans l’incapacité d’avancer (…) ce que j’ai vu ce soir c’est un équipe aurillacoise complètement perdue dès que l’adversaire a mis de la puissance, de la  rigueur et du combat. » Comparer les joueurs à des blindés, et notamment aux très célèbres chars d’assaut allemands de la « Panzer Division » de la Seconde Guerre mondiale, est un bien bel hommage rendu à ce quinze albigeois. Le Stade Aurillacois « même balle en main reculait en permanence sur les impacts… Le déficit de puissance était flagrant… » Que ce soit en attaque ou en défense, apparemment donc, le SCA millésime 2014-2015 avance. Défense en pression ou avance en défense, les techniciens voient souvent là la marque des futures grandes équipes quand celles-ci peuvent régulièrement inverser la pression en faisant reculer les attaquants.

On ne sait si Thierry Peusclestrade, l’entraîneur du Stade Aurillacois, a vu dans le jeu des albigeois « le retour des Golgoths » comme dans celui d’autres « jaune et noir » aujourd’hui en TOP 14 et à propos desquels il déclarait il y a quelques mois, « La Rochelle est une équipe très dure, avec des joueurs très épais. Une bonne conquête, une grosse mêlée. Ce sont des Golgoths. » Il est bien sûr encore beaucoup trop tôt pour dire si Albi a retrouvé une « grande » équipe mais tout le monde sait bien ce à quoi aspire Ugo Mola quand il déclare vouloir « s’inscrire dans l’ADN du club » et « être ambitieux sportivement ». Ces matchs amicaux n’étaient certes que des « balles à blanc » mais à défaut d’autre chose, les prestations albigeoises ont semble-t-il déjà marqué les esprits de certains supporters de « France et de Navarre » et de quelques observateurs… alors vivement demain !    

                                                                           TarnXV, 16 août 2014