SCA. VIVE L’HIVER!

A l’heure où la France transpire ses congés aoutiens, il est des gens qui pensent déjà à l’hiver.
En effet, certains maris, fans de rugby, ont accepté sous les injonctions répétées de leurs épouses, de se cogner les traditionnels bouchons du fameux « chassé-croisé » pour aller cuire, qui au fin fond de l’Espagne, qui sur la côte languedocienne ou océane. Tout en s’enduisant de crème pour ne pas ressembler à ces vulgaires teutons qui cuisent à l’étouffée, ils pensent déjà à la reprise du championnat de rugby.
Pas celle dans trois semaines où ils pourront arborer leurs dernières tongs achetées sur le port tout en observant leurs guerriers préférés s’astreindre à la pose fraîcheur.
Non, leur vrai championnat. Celui qui va de Novembre à Février. Celui des matches dans la boue, l’humidité et le froid. Celui où les mêlées voient ces seize corps fumants s’entrechoquer dans des matches interminables. Celui où ils éructeront contre cet ailier fidjien qui a savonné le seul ballon reçu de la soirée. Ce pauvre joueur qui se demande encore pourquoi il a atterri dans cette ville où un truc que les autochtones appellent brouillard vous colle à la peau pendant des jours et vous empêche de savoir si le soleil s’est levé. Ville où des morceaux de coton blanc tombent du ciel et vous rendent les doigts si gours quand vous les touchez qu’il espère que l’entraîneur ne le titularisera pas en fin de semaine et le laissera sur le banc.
Ce même banc où ces aficionados se congèleront les fesses en maugréant contre Jocelyne, leur épouse, qui leur avait dit de mettre un caleçon long sous le pantalon. Tout en sirotant cette satané bière qui va leur glacer l’estomac toute la deuxième mi-temps de cette purge de match, ils se diront qu’elle avait raison Jocelyne en leur tendant les chaussettes de laine, les après-ski et le bonnet.
Parlons de ce match ! 9 à 9 à la mi-temps… Que des mêlées et des en-avant… Ils savent que ça se terminera par un piètre 15 à 12. De quel côté ? Nul ne le sait. Si c’est du mauvais, ils auront une semaine pour incriminer ce pauvre arbitre avant de repartir se geler dans les travées de ce maudit stade battu par les vents…
Il sera loin alors cet été où Jocelyne leur reprochait de toujours avoir du sable mélangé à la crème solaire quand il la lui passait dans le dos. Ou quand avec un petit sourire malicieux, elle leur disait qu’il avait dormi sur le transat. Malgré la une du « Midi-Olympique » calligraphiée sur leur joue gauche et encore le gout dans la bouche de ce petit rosé, finalement pas si dégueux que ça, il jurait aux grands dieux que non, ils n’avaient pas dormi !
Allez chère Jocelyne, je vous le dis : Vive l’hiver !
RS.