Londres, 24 fév 2023 (AFP) – Résultats en berne, menace de grève des joueurs et fédérations secouée par des accusations de comportements sexistes, le rugby gallois est dans un triste état avant de défier l’Angleterre, samedi lors de la 3e journée du Tournoi des six nations.

Dernier du classement avec zéro point, derrière l’Italie qui a grappillé le bonus défensif contre la France (24-29), le XV du Poireau ne sera pas favori face aux Anglais, eux aussi en quête de certitudes après une défaite en Ecosse et une victoire peu convaincante contre les Transalpins.

Mais le maintien du match, incertain jusqu’à mercredi, est déjà une petite victoire alors qu’une annulation aurait coûté plus de dix millions d’euros à une fédération qui n’a pas besoin de ça.

Mécontent d’un projet de modification de leurs contrats, les internationaux gallois ont attendu la réunion de la dernière chance, mercredi, pour renoncer à leur menace de grève.

« Nous avions le sentiment que nous devions envoyer un message fort, mais les discussions des dix derniers jours ont montré qu’une issue positive est possible », avait expliqué le capitaine et talonneur Ken Owens, en annonçant la levée du préavis.

« Les joueurs sont satisfaits, donc le match est maintenu samedi. Cela a été très dur, immensément frustrant. Mais on a répondu présent à l’entraînement et on s’est préparés comme pour n’importe quel match international », a-t-il assuré.

– « Une solution à long-terme » –

Alors que les contrats de nombreux joueurs expirent cet été, l’organisme responsable du rugby professionnel gallois, le PRB, voulait introduire une part de rémunération variable, dépendant de bonus divers.

L’idée n’a pas été abandonnée mais elle serait introduite aux côtés de contrats 100% fixes, le choix étant laissé au joueur et à son équipe.

L’accord financier entre les quatre régions galloises et la fédération (WRU) reste encore à coucher sur le papier et même à peaufiner.

D’autres points importants restent à régler, comme la barre des 60 sélections en-dessous de laquelle tout joueur gallois partant à l’étranger renonce de facto à la sélection, qui pourrait être abaissée à 25 capes.

« Il faut une solution à long terme. Le rugby gallois ne peut pas continuer à aller comme ça de crise en crise parce que tout le monde est touché, les joueurs, les supporters, les dirigeants, les clubs amateurs », a détaillé Owens.

« Il faudra un effort collectif pour remettre le rugby gallois au top du rugby mondial et arrêter d’être la risée de tout le monde, comme on l’est actuellement, je pense », a-t-il ajouté.

Sportivement, il y a effectivement aussi beaucoup à faire.

Après les années Wayne Pivac où les Gallois ont fini cinquièmes du Tournoi en 2020, premiers en 2021, puis à nouveau cinquièmes en 2022, le retour du magicien Warren Gatland n’a, après deux matches, pas produit les effets escomptés.

– Accusations de comportements sexistes –

Corrigés par l’Irlande chez eux lors du premier match (34-10), les Gallois ont encaissé la plus lourde défaite de leur histoire en Ecosse (35-7) il y a deux semaines, débutant le Tournoi par deux revers pour la première fois depuis seize ans.

Une troisième défaite, contre l’Angleterre, serait même une première depuis vingt ans.

Pour ne rien arranger, la WRU n’a actuellement qu’un directeur général par intérim, Steve Phillips ayant démissionné quelques jours avant le début du Tournoi en raison d’accusations de comportements sexistes généralisés au sein de la fédération.

« Nous avons une immense sympathie pour les joueurs gallois dans ce qu’ils ont traversé », a reconnu le sélectionneur anglais Steve Borthwick, jeudi.

« Aucun joueur, aucun athlète professionnel ne devrait avoir à subir un tel niveau d’incertitude et d’angoisse ».

Mais au coup d’envoi, toute compassion disparaîtra pour des Anglais qui n’ont pas perdu tout espoir de victoire finale, malgré leur défaite à domicile lors de la première journée, contre l’Ecosse.

« Pays de Galles – Angleterre compte parmi les rencontres emblématiques du rugby, un match empreint d’histoire et toujours passionné », avait souligné Borthwick.

« Nous savons que le public du Principality Stadium s’exprimera à pleine voix et qu’il nous faudra être à notre tout meilleur niveau pour rééditer notre victoire de la journée précédente contre l’Italie », a-t-il ajouté.

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Six nations: défaites, grève et misogynie, le rugby gallois sens dessus dessous