Top 14: à Brive, « être des gagnants heureux », plus des « perdants vaillants »
Brive-la-Gaillarde, 22 sept 2022 (AFP) – L’arrivée d’un nouveau principal actionnaire britannique doit permettre à Brive de passer du statut de « perdants vaillants » à celui de « gagnants heureux », a assuré le président de ce bastion du rugby français Simon Gillham dans un entretien à l’AFP.
Q: Comment analysez-vous votre début de championnat ?
R: « Du bon et du moins bon. On est très satisfait de la victoire avec bonus offensif à Perpignan mais aussi déçu de ces deux défaites à la maison (contre Lyon et Montpellier, NDLR), avec un point de bonus défensif à chaque fois. On a vu de très belles choses contre les champions de France et, avec un peu plus de réalisme, on l’aurait emporté. Ma source de fierté, et c’est important pour le public briviste, c’est la confiance aux jeunes. Samedi, il y avait dix joueurs du centre de formation sur la feuille de match. Il y a beaucoup de raisons d’être optimiste pour notre club. »
Q: Brive avait la réputation de terre hostile. Est-ce toujours le cas ?
R: « Je suis au club depuis dix-sept ans, je pense que la légende n’est pas tout à fait vraie. On doit surtout arrêter de perdre chez nous. On ne veut pas être des perdants vaillants, on veut être des gagnants heureux. Brive est habitée par le rugby. Un jour de match, c’est comme si vous êtes à Dublin pour le Tournoi des six nations. Vous vous promenez sur le marché, tout le monde vous arrête pour parler du match. Les joueurs, quand on gagne, sont des héros. Quand on perd, il vaut mieux rentrer chez soi et se faire tout petit. »
Q: N’est-il pas lassant d’entendre que Brive semble abonné à la lutte pour le maintien ?
R: « Ce n’est pas lassant de l’entendre car les faits prouvent que c’est vrai. Mais je le vis différemment. On est la 110e ville de France en termes de population avec 47.000 habitants et on est un des quatorze meilleurs clubs de rugby depuis quatre ans. Je suis très fier de ça. La zone de chalandise de Brive est magnifique mais limitée. Les partenaires locaux sont formidables, ils nous apportent trois millions d’euros de revenus mais ce n’est pas suffisant pour batailler en Top 14 avec les métropoles. Les deux fois où nous sommes descendus, en 2012 et 2017, on remonte tout de suite et les phases finales de Pro D2 sont tellement excitantes que, par moments, on se demande s’il ne vaut pas mieux jouer les phases finales de Pro D2 pour donner de l’envie et de l’engouement que batailler pour le maintien. Mais la réponse est très rapide: évidemment que non. La fierté de voir le Stade toulousain, l’UBB, le Racing sur nos terres gomme très vite la lassitude. Aujourd’hui, notre ambition est de pouvoir rester en Top 14 l’année prochaine pour pouvoir continuer notre développement avec l’accélérateur qui s’appelle Ian Osborne. »
Q: Justement, que va-vous apporter ce premier actionnaire ?
R: « Une nouvelle ambition, tout simplement. On ne va pas changer notre ADN, notre façon de faire qui est corrézienne, c’est-à-dire +un sou, c’est un sou+. On n’ira jamais dépenser plus d’argent qu’on en a, j’insiste là-dessus. On n’est pas le meilleur club de rugby de France mais l’un des mieux gérés. On construit petit à petit. Notre recette, c’est des joueurs cadres comme Olding, Larenjeira, Hirèche… des recrutements ciblés et malins comme Papali’i, Marcel van der Merwe… et faire confiance aux jeunes. Avec Ian Osborne, on va pouvoir accélérer un peu ce développement. »
Q: Cela va se matérialiser comment ?
R: « On va pouvoir cibler un ou deux joueurs qu’on n’aurait pas pu aller cibler, l’équivalent d’un Victor Vito à La Rochelle ou un Jonny Wilkinson à Toulon. Mais on ne va pas faire ça tout d’un coup, vous ne verrez pas Beauden Barrett vendredi à Brive. Ensuite, fidéliser les jeunes. Vous pouvez être sûr que, sur les dix jeunes de samedi, Montpellier a surement vu un ou deux talents chez nous qui pourraient les intéresser. Quand les grands clubs voient un joueur de chez nous crever l’écran, tout de suite, ils sautent dessus. La proposition que nous avons pour eux, c’est qu’ils ont du temps de jeu avec nous. Ils jouent et s’aguerrissent et ça, c’est inestimable pour tout le monde. »
Propos recueillis par Raphaël PERRY
© 2022 AFP
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