Les secrets de la discipline toulonnaise

A Toulon, rien n’est laissé au hasard pour retrouver la phase finale du Top 14 après cinq saisons d’absence, à commencer par la discipline, domaine pris en charge par l’ancien arbitre international Romain Poite.

Aux côtés de spécialistes reconnus tels que les anciens internationaux italiens Sergio Parisse (touche) et Andrea Masi (trois-quarts), Poite, 48 ans, est venu corriger le tir dans un domaine qui a longtemps posé problème au club de la Rade.

A l’image de Jérôme Garcès (consultant pour le XV de France, Pau et le Stade français) ou encore Alexandre Ruiz (entraîneur principal de Soyaux-Angoulême), de plus en plus d’arbitres intègrent les encadrements des clubs au moment de ranger les sifflets.

Dans le cas de Romain Poite, la transition a pris un peu de temps. Mais pour sa deuxième saison en Rouge et Noir, celui qui a été désigné meilleur sifflet du Top 14 à six reprises a trouvé la solution pour transformer le RCT en machine bien huilée.

« J’ai été souvent absent la saison passée avec ma formation mais, maintenant, je suis présent au quotidien donc il y a une certaine continuité dans toutes les approches et notamment disciplinaires. C’est plus confortable pour maintenir une certaine exigence », a expliqué Poite à l’AFP.

Plus souvent au contact des joueurs cette saison, l’ancien homme en noir, qui a dirigé onze matches sur trois éditions de la Coupe du monde (2011, 2015 et 2019), a ainsi pu imprimer sa patte.

Toulon est désormais l’équipe qui a commis le moins de fautes en championnat avec seulement 68 pénalités concédées. Soit une moyenne de 8,5 fautes sifflées par match, loin devant Pau, deuxième de ce classement avec près de dix pénalités concédées par rencontre.

De nets progrès qui permettent au RCT de pointer à la troisième place ex-aequo du classement du Top 14 avant la réception, samedi, de la Section (15h00), justement.

– 8,5 fautes par match –

Il y a quelques mois, Toulon tournait pourtant à près de onze pénalités en 80 minutes. Le déclic remonte à une défaite à Clermont (36-21), où quinze pénalités varoises avaient empêché le RCT de s’imposer en Auvergne.

« Après ce match, j’avais été plus incisif, moins dans l’accompagnement », a confié Poite.

La méthode de Romain Poite est simple, elle s’articule en trois étapes: une première approche globale ciblée sur son équipe, une deuxième plus intimiste avec l’arbitre de la rencontre à venir et enfin une dernière, sous forme de bilan technique à l’issue de la partie. Le tout dans le but d’optimiser les comportements des joueurs en associant la règle à la technique.

« On a tout intérêt à avoir cet échange permanent et ce lien avec les arbitres. Tout le monde se trouve dans un meilleur confort de travail et cela nous évite d’être toujours dans la suspicion ou dans l’adversité avec eux », estime-t-il.

« Je leur soumets des clips vidéo avant les matches pour avoir leur validation et travailler ensuite toute la semaine. Ça permet aux arbitres de nous dire comment ils perçoivent notre équipe, s’il y a des choses à ajuster ou des pistes de travail », a encore détaillé le responsable de la discipline et de l’adaptation à la règle au RC Toulon.

Au-delà des fautes commises par les joueurs, Poite insiste beaucoup sur le comportement de l’équipe et l’image qu’elle renvoie: « On veut donner une bonne image aux arbitres d’un samedi à l’autre pour qu’ils aient un bon à priori sur nous lors de leur préparation de match. Pour l’instant, on est sur une bonne dynamique mais il ne faut pas se relâcher car tout peut aller très vite. »

Si les joueurs assimilent bien les attentes du staff, pas question de se laisser aller, pour l’exigeant arbitre.

« On est en-dessous de ce que j’estime être la limite, à savoir dix pénalités concédées par match. Mais j’aimerais qu’on se rapproche encore plus de huit pénalités. Il n’y a pas de secret, être sanctionné c’est perdre la possession, perdre du terrain et se fatiguer pour tenter de récupérer le ballon. Si on regarde l’an dernier, les deux équipes les moins pénalisées de la saison étaient les deux finalistes: Toulouse et La Rochelle. »

© 2023 AFP

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