Londres, 1 fév 2023 (AFP) – Entraîneur principal de Leicester depuis deux ans seulement, Steve Borthwick semblait bien inexpérimenté pour prendre la tête de l’Angleterre juste avant le Tournoi des six nations. Mais son passé de joueur, aux côtés d’Eddie Jones, plaide néanmoins en sa faveur.
Lorsque l’Australien Eddie Jones a été limogé, début décembre, après une nouvelle série de prestations brouillonnes du XV de la Rose lors des tests d’automne, les spéculations sur sa succession, prévue après le Mondial-2023 en France, allaient déjà bon train.
Sous le regard intéressé des bookmakers, qui prenaient les paris, les noms ont commencé à fuser.
Celui de Warren Gatland, sorcier néo-zélandais qui a ramené le pays de Galles au premier rang du rugby mondial de 2007 à 2019 — revenu au chevet du XV du Poireau cette année –, apparaissait souvent, comme celui de son compatriote Scott Robertson, de Rob Baxter, emblématique coach des Exeter Chiefs ou même de l’Irlandais Ronan O’Gara, celui de La Rochelle.
Mais lorsque le poste a effectivement été vaquant, il n’a pas fallu deux semaines pour que la fédération se tourne vers Borthwick.
– Eddie Jones, son mentor –
L’ancien deuxième-ligne de 43 ans, a séduit par son passé de joueur, ses 57 sélections avec l’Angleterre, dont 21 comme capitaine, entre 2001 et 2010, même si — ou peut-être justement parce que — son histoire avec le XV de la Rose est marquée par les frustrations et la déception.
Sa non-sélection pour le Mondial 2003, remporté par les Anglais sous les ordres de Clive Woodward, reste très présent dans son esprit et un aiguillon dans sa nouvelle fonction de sélectionneur, comme il l’avait admis lors du lancement officiel du Tournoi.
« Je me repenche souvent sur cette période et je regrette pas mal de choses que je n’ai pas faites », avait-il admis au sujet de son histoire contrariée en sélection.
« Il y a beaucoup de choses que je voudrais avoir fait différemment et beaucoup de choses que je veux faire de sorte que ces gars (les joueurs qu’il a sélectionnés, ndlr) fassent mieux », avait expliqué Borthwick.
Cette chance de rectifier ses manquements passés, il la doit, ironiquement, beaucoup à Eddie Jones qui a cru très tôt en lui dans un rôle de coach.
Jones l’avait déjà fait venir de Bath aux Saracens pour en faire son capitaine quand il en était l’entraîneur, avant de lui offrir une place à ses côtés sur le banc au Japon (2012-2015) comme adjoint puis comme entraîneur des avants anglais (2015-2020).
– Détachement et autodérision –
Il n’y a « personne de meilleur que lui quand il s’agit de (traquer) les détails », avait assuré l’Australien de 63 ans, qui a rapidement rebondi de son éviction, en prenant la tête des Wallabies pour la seconde fois de sa carrière.
En 2020, Borthwick avait choisi de voler de ses propres ailes en prenant en main les Tigers de Leicester, une équipe dont il a ravivé le lustre passé en l’amenant au titre en championnat en 2022.
Réputé pour son laconisme en tant que joueur, Borthwick a appris à fendre l’armure dans un style mesuré, volontiers détaché et plein d’autodérision qui n’est pas sans rappeler celui du sélectionneur de l’équipe nationale de football Gareth Southgate.
Lors du lancement du Tournoi, il avait provoqué l’hilarité de son auditoire en évoquant comment, tout gamin, lors d’une journée d’orientation à l’école durant laquelle on avait demandé aux élèves d’écrire sur un papier le métier qu’ils voudraient faire plus tard, il avait écrit bravache: « je veux être joueur professionnel de rugby et je veux jouer pour l’Angleterre ».
« Je m’attendais à une réaction pleine de désapprobation comme: + mais tu ne seras jamais joueur de rugby professionnel !+ », avait-il raconté.
« Mais, et il faut rendre pour cela hommage à la conseillère d’orientation, elle m’a regardé et elle a dit: +Tu veux être joueur de rugby professionnel ? Eh bien tu ferais mieux d’apprendre à écrire +professionnel+ correctement, alors ».
© 2022 AFP
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