La finale de l’Elite 1, entre le Stade bordelais et l’ASM Romagnat samedi à Bourgoin-Jallieu, signe la fin d’une ère dans le rugby féminin dont le championnat sera refondu en une poule unique à partir de la rentrée, pour davantage de compétitivité et pour surfer sur l’engouement toujours plus grand pour les Bleues.

Le championnat, qui existe dans sa version actuelle à deux poules de six équipes depuis 2018, va donc se réformer pour élever le niveau général des clubs et coller au mieux au développement de la pratique chez les jeunes femmes, en constante progression (+20% sur un an, à 42.000 licenciées en mai 2024).

Le tout sur fond de succès public pour les récents matches de l’équipe de France féminine: le 27 avril à Bordeaux, pour la « finale » du Tournoi des six nations, la France et l’Angleterre se sont affrontées devant 28.023 spectateurs.

Or, selon la responsable du secteur féminin à la Fédération française de rugby (FFR) Brigitte Jugla, si les Bleues attirent de plus en plus grâce à leurs performances, le championnat, qui n’est encore qu’amateur et dont le niveau est très hétérogène, « stagne ».

« On a (donc) co-construit un projet avec les présidents d’Elite 1 et même si c’est dur pour eux sur le court terme, tout le monde sera gagnant au bout d’un moment », a-t-elle récemment expliqué en présentant un nouveau plan stratégique fédéral.

– Poule à dix clubs –

« La Fédération va les accompagner pour que les joueuses ne soient pas formées et évaluées uniquement au sein de l’équipe de France mais aussi à l’intérieur des clubs, a-t-elle souligné. D’un commun accord, on a décidé de mener ce projet d’évolution de l’élite avec la Ligue nationale de rugby » (LNR), qui gère les championnats professionnels masculins de Top 14 et de Pro D2.

A partir de la saison 2024-2025, « nous aurons donc une poule unique à dix clubs que nous allons évaluer sur une olympiade » (quatre ans) afin de parvenir à un niveau homogène, a-t-elle affirmé.

Cette réforme, espère la FFR, doit permettre de trouver rapidement un diffuseur pour l’Elite 1 et des partenaires financiers. A l’heure actuelle, seules les rencontres du XV de France féminin et la finale de l’Elite 1 sont retransmises, par France Télévisions.

Pour l’ancienne internationale Marjorie Mayans, cette réforme est une « bonne chose » dont les joueuses sont « contentes » pour que le « niveau progresse encore » car un championnat à deux poules « n’avait pas de sens ».

« Au-delà de copier le championnat masculin, c’est aussi que dans n’importe quel sport les premières divisions sont faites de poule unique », rappelle l’ancienne troisième ligne à l’AFP.

– « Pluri-activité » –

Quant au « professionnalisme au sens Top 14 du terme », que certains appellent de leurs voeux pour les joueuses françaises, Marjorie Mayans pense que le « modèle économique français » actuel ne le permet pas.

En revanche, « la pluri-activité est tout à fait atteignable: aujourd’hui, les clubs n’ont pas les moyens de faire vingt contrats à temps plein à leurs joueuses », estime l’ancienne sociétaire de Blagnac.

Mais, « avec un peu plus de visibilité, de communication de la part des instances, et l’arrivée de la LNR dans l’écosystème du rugby féminin, ajoute-t-elle, tout ça peut permettre d’avoir de nouveaux partenaires, pour que dans quelques années, les clubs arrivent à proposer des contrats à temps plein à leurs +stars+ et des mi-temps aux autres ».

Et c’est « plutôt logique » que ce développement prenne du temps: les « garçons ont commencé à jouer au rugby il a cent ans, les filles il y a trente ans », souligne la désormais consultante pour Canal+.

Quant à trouver un diffuseur pour l’Elite 1, « pourquoi pas, même si je trouve ça prématuré », conclut-elle: « au-delà de ça, l’idée est de communiquer davantage au sujet du championnat, sur les réseaux sociaux, avec des résumés des matches, des +highlights+ », pour mieux le faire connaître, tout simplement.

© 2024 AFP

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