XV de France féminin: Agathe Sochat, une maman au talon des Bleues

Paris, 23 mars 2023 (AFP) – La petite Nina a de la chance: alors qu’elle n’a pas encore fêté son premier anniversaire, elle a déjà suivi sa maman, la talonneuse du XV de France féminin Agathe Sochat, jusqu’en Nouvelle-Zélande, et s’apprête à vivre son premier Tournoi des six nations.

Souvenez-vous de cette photo qui avait fait craquer les réseaux sociaux: la joueuse du Stade bordelais, sa fillette dans les bras, tétine en bouche et vêtue d’un maillot bleu floqué « maman », la présentant à ses adversaires néo-zélandaises, juste après la demi-finale de la Coupe du monde perdue (24-25) par les Bleues contre les « Black Ferns », sur la pelouse de l’Eden Park d’Auckland.

Le 30 mars 2022, la talonneuse (27 ans, 42 sél.) avait quitté ses coéquipières à Marcoussis pour aller rejoindre dans le sud-ouest sa femme Adèle, sur le point d’accoucher.

Après la naissance de Nina, elle n’avait eu que « sept jours de congé » avant de retrouver les Bleues lors des deux derniers matches de la compétition « car on était en plein Tournoi », s’est-elle souvenue dans un entretien à l’AFP.

Cette année, elle espère que sa fille pourra l’accompagner « le plus possible » lors des déplacements du XV de France féminin, et ce dès dimanche à Parme, pour le premier match de la compétition face à l’Italie.

– Accompagner la maternité –

« On essaie de faire avec les contraintes des voyages, mon épouse fait le maximum pour qu’elles puissent venir à quelques matches », explique celle qui est la seule maman du groupe des Bleues, ce qui créé une situation totalement inédite pour le rugby hexagonal.

En Angleterre, un accord a été passé mi-février entre la Fédération (RFU) et l’association des joueurs de rugby (RPA) visant à mieux accompagner la maternité des joueuses sous contrat.

Outre un congé maternité de 26 semaines payées à taux plein, les rugbywomen anglaises pourront voyager en période de compétitions avec leur enfant, ainsi qu’avec leur conjoint ou la personne s’occupant du bébé, aux frais de la RFU.

A l’annonce de cet accord, la deuxième ligne des « Red Roses » Abbie Ward, enceinte, s’est réjouie qu’il donne « aux joueuses les meilleures chances possibles de reprendre le rugby si elles le souhaitent, en toute sécurité ».

Si ce type de convention collective n’existe pas encore dans le rugby français, « on a avancé contractuellement sur la maternité, sur le fait d’être protégée le temps de la grossesse et le temps de revenir », explique Agathe Sochat, mais « les questions annexes, qui ont été très bien gérées par les Anglaises », n’ont pas encore été abordées par les instances fédérales en France.

– Projet de vie –

« Je trouve super que les Anglaises aient réussi à négocier ça parce que je pense que c’est l’avenir du sport féminin, ça servira de base pour les autres nations et pour la pratique mondiale (du rugby féminin) », ajoute-t-elle.

« Avant, dans les sports collectifs, on ne se posait pas la question de devenir maman. De facto, on attendait la fin de carrière pour faire un enfant, souligne la talonneuse. Alors qu’aujourd’hui, on commence plus jeune, on a des contrats aussi donc j’espère que dans les années à venir, cette question va se poser aussi en France ».

Le fait que la prochaine Coupe du monde arrive rapidement, en 2025 en Angleterre, « est très restreint comme fenêtre, note-t-elle. Abbie Ward, qui est une cadre du XV d’Angleterre, peut se dire qu’elle va revenir et c’est un vrai projet de vie, mais une jeune joueuse aujourd’hui essaiera plutôt de faire sa place dans l’équipe » que de se lancer dans une grossesse.

« Moi, j’ai eu un enfant mais je ne l’ai pas porté, peut-être que la fois où une joueuse portera son enfant, ce seront des questions qui seront plus présentes. Mais ça va arriver, il faut laisser le temps au changement, ça évolue tout doucement », conclut Agathe Sochat, confiante.

D’ici là, Nina aura eu le temps de visiter d’autres stades et d’arpenter d’autres pelouses.

© 2022 AFP

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