Ntamack, Jalibert, le « devoir de mémoire » et la complémentarité

Matthieu Jalibert

Toulouse, 21 nov 2022 (AFP) – Le fougueux Matthieu Jalibert s’est illustré lors des tests d’automne du XV de France dans un rôle de doublure, à l’ouverture, du plus gestionnaire Romain Ntamack, conforté par le staff au nom de ses états de service. La bonne formule en vue du Mondial-2023?

Le nez en sang, Ntamack a quitté dimanche la pelouse glissante du Stadium de Toulouse, qu’il connaît si bien, au bout d’une terne prestation face au Japon (35-17), émaillée d’un déchet technique inhabituel chez lui.

Sous un soleil perçant, son remplaçant, Jalibert, à l’origine de deux essais sur deux coups de pied par-dessus – sa marque de fabrique – bien sentis, a immédiatement pris la lumière.

Le joueur de Bordeaux-Bègles s’était déjà distingué à sa sortie du banc contre l’Australie en envoyant l’ailier Damian Penaud inscrire l’essai de la gagne (30-29) d’une longue passe sautée.

Tout juste revenu d’une blessure à une cheville, son homologue toulousain, après huit semaines sans jouer, a lui traversé le mois de novembre sans éclat.

Le contraste a inévitablement exhumé des questions qui ne se posaient plus vraiment depuis un an et leur association – « Jalimack » – infructueuse.

Depuis cette relance folle de Ntamack lors de la victoire de prestige contre les All Blacks (40-25) et ses partitions sans fausses notes dans le dernier Tournoi des six nations, couronné d’un Grand Chelem.

Le sélectionneur Fabien Galthié a d’ailleurs invoqué à deux reprises le « devoir de mémoire » cet automne pour justifier ses titularisations.

« Romain n’a que 23 ans et il a déjà un vécu. Il a porté l’équipe de France très, très haut », a-t-il rappelé avant le Japon, en écho à ses mots de la semaine précédente. « Pour nous, les portes sont ouvertes, les joueurs peuvent venir chercher un maillot. Mais l’expérience collective et ce qui a été écrit avant par ces joueurs, ça compte aussi ».

– « Peu importe mon rôle » –

Dans son esprit, le débat est clos. Fini le temps des expérimentations: à dix mois de la Coupe du monde 2023 (8 septembre-28 octobre), la hiérarchie du poste est claire et assumée, et les victoires en série et la complémentarité des deux joueurs lui donnent pour l’instant raison.

Galthié et ses lieutenants préfèrent pour débuter les rencontres la fiabilité et la rigueur de Ntamack avant de laisser Jalibert apporter son grain de folie face à des défenses fatiguées, comme dimanche à Toulouse.

« J’essaie quand je rentre de jouer avec mes qualités, d’apporter de l’énergie, mon enthousiasme », témoigne ce dernier. « Titulaire ou finisseur, peu importe mon rôle, je donne le meilleur pour l’équipe. Après, il y a des choix qui sont faits, il faut les accepter ».

Même s’il arrive à y trouver quelques avantages – « quand on est sur le banc, on a le temps d’analyser, de voir les opportunités » -, Jalibert, jeune joueur (24 ans) talentueux au fort caractère, pourra-t-il se contenter longtemps de jouer les doublures?

« Ce n’est jamais évident d’être remplaçant et je parle en connaissance de cause », répond son coéquipier à l’UBB Maxime Lucu, qui évolue lui dans l’ombre d’Antoine Dupont chez les Bleus. « Mais quand on joue en équipe de France, on n’a pas le droit d’avoir d’états d’âme ».

« Matthieu n’est pas quelqu’un qui fera des vagues comme on l’entend souvent », poursuit le demi de mêlée. « Sa réponse sur le terrain lors de cette tournée d’automne est excellente. Je suis content pour lui parce que c’est quelqu’un de bien (…) On a la chance d’avoir deux grands 10 en équipe de France ».

Ca n’a pas toujours été le cas.

© 2022 AFP

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