Londres, 12 mars 2023 (AFP) – Le XV de la Rose, humilié dans son temple de Twickenham, a touché le fond contre la France (53-10), qui à six mois de la Coupe du monde a jeté une lumière crue sur les lacunes actuelles du rugby anglais, à la peine aussi bien sportivement qu’économiquement.
Les tribunes sont restées curieusement calmes au coup de sifflet de final, comme si les supporters anglais, sous le choc, étaient encore sonnés par l’uppercut décoché par les Bleus.
Beaucoup avaient déjà quitté les lieux pour ne pas s’infliger les embouteillages de la banlieue londonienne en plus du supplice qu’ils venaient de vivre: la plus large défaite de l’histoire de l’Angleterre à domicile.
Après une telle humiliation, les joueurs n’avaient de toute façon pas besoin d’une bronca pour comprendre qu’ils avaient failli sur toutes les lignes.
Même les journalistes locaux, parfois si pugnaces, n’ont pas eu le coeur de tirer sur l’ambulance, tombée tout droit dans le fossé, sirènes hurlantes, lorsque le sélectionneur Steve Borthwick et son nouveau capitaine Ellis Genge se sont présentés devant eux pour tenter d’expliquer le désastre.
– Faillites –
« On voulait savoir où on se situait exactement par rapport aux meilleures équipes du monde et on en est très loin. C’est la réalité. Ca nous montre tout le travail qu’il nous reste à accomplir », a assumé Borthwick.
L’ancien deuxième ligne de 43 ans a sans doute dû se demander pendant le match pourquoi il avait accepté de se fourrer dans une telle galère en prenant la succession de l’Australien Eddie Jones, limogé en décembre.
Après une première défaite à Twickenham contre l’Ecosse, l’Angleterre avait fait illusion avec ses deux victoires contre l’Italie et le pays de Galles, un autre géant en souffrance.
L’ampleur historique de la déroute face aux Français ne laisse plus de place au doute, mais au-delà des déboires de sa vitrine, c’est tout le rugby anglais qui tremble sur ses fondations.
Les faillites de Worcester et des Wasps, placés en liquidation judiciaire à l’automne, ont brutalement levé le voile sur un contexte financier particulièrement alarmant.
Les clubs anglais, pour beaucoup criblés de dettes, ont longtemps vécu au-dessus de leurs moyens dans un championnat qui peine à s’affirmer face à l’ultra-puissante Premier League de football.
De nombreux joueurs, mis au chômage du jour au lendemain, ont trouvé une planche de salut dans le Top 14 français et l’exode serait certainement plus grand face à l’incertitude si les internationaux ne devaient pas tirer un trait sur la sélection en traversant la Manche.
– « Il reste du temps » –
L’un des avantages à toucher le fond, comme ce fut le cas samedi contre la France, est qu’on ne peut que remonter ensuite.
« Il fallait que ça arrive », a analysé sur ITV après la rencontre l’ancien demi d’ouverture Jonny Wilkinson. « S’il y a une vraie envie d’aller de l’avant, ils en sortiront grandis. Je ne sais pas en revanche combien de temps ça prendra ».
A moins de six mois de l’ouverture du Mondial-2023 (8 septembre-28 octobre), lors duquel les Anglais seront notamment opposés à l’Argentine et au Japon, la marge de manoeuvre semble mince pour combler le fossé qui existe aujourd’hui avec les prétendants au titre.
« Nous devons progresser plus rapidement », a reconnu le jeune ouvreur Marcus Smith, titularisé samedi à la place de l’emblématique Owen Farrell, l’un des symboles d’une équipe en fin de cycle.
« Le temps ne plaide évidemment pas en notre faveur, mais il en reste », veut croire Smith. « Avec la qualité des joueurs que nous avons dans le groupe, ça peut aller vite ». On se rassure comme on peut.
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